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Quelques principes juridiques
Hedi majdoub
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Le but de cet article est de mettre en exergue certains principes islamiques qui relèvent de l’ordre du juridique afin de vous permettre de mieux comprendre certaines réalités islamiques. Les conditions requises pour l’acceptation des œuvres

Certes, alors que beaucoup font la course aux « hassanats » (les bonnes actions), il serait beaucoup plus judicieux de se concentrer à connaître les principes qui ont pour effet de valider ou non les adorations. Pour être bref, nous pouvons les résumer en deux choses :

  1. La conformité de l’acte

    En effet, pour qu’une œuvre puisse être acceptée auprès d’Allah, il faut d’abord qu’elle soit en totale conformité avec les enseignements coraniques et la tradition du prophète, paix et salut sur lui. On ne peut se permettre de se rapprocher d’Allah par un moyen dont Il n’a pas rendu licite ou par le biais d’une pratique qu’il n’a point autorisée. A ce sujet le coran dit : « Ont-ils des associés qui leur ont imposé une pratique de la religion n’ayant pas reçu l’aval d’Allah ? » (42:21).

  2. La sincérité

    La sincérité dans l’adoration signifie tout simplement la pureté de la motivation et de la démarche. Le sincère est celui qui n’œuvre que pour la face d’Allah et afin de gagner Son agrément. Et là, il faut savoir que la sincérité intervient à trois moments phares de nos pratiques : Avant, pendant et après l’acte. Avant l’acte, il ne faut être motivé que par Allah. Pendant l’acte, il ne faut montrer aucun signe d’ostentation. Et après l’acte, il faut savoir se garder de les réduire à zéro en les divulguant. C’est dans ce sens qu’Allah dit : « O vous qui avez crus suivez Allah, suivez le messager et n’anéantissez pas vos œuvres » (47:33). Et en ce sens, Abdullah Ibn Moubarak disait que ces deux piliers de l’acceptation sont relatés dans le verset 110 de la sourate 18 : « Que celui qui espère rencontrer son seigneur fasse une bonne œuvre et qu’en adorant son seigneur qu’il ne lui associe personne ».

La notion d’obligation

Cette notion est assez particulière dans la mesure où elle relève des fondements du droit islamique (Usul al Fiqh). On dit souvent d’une chose, qu’elle est obligatoire sans savoir qu’il y a une hiérarchie dans les prescriptions divines. Et les reconnaître permet de mieux approcher l’islam dans sa forme juridique. On distingue donc ainsi neuf types d’obligations :

  1. Il y a l’obligation dite : précise « al mo’ayyan » (c’est toute obligation dont la forme et les moyens d’accomplissement ont été bien précisés par l’islam, exemple : la prière.),

  2. celle dite : non précise « al mokhayyar » (elle concerne les obligations qui disposent de plusieurs moyens d’accomplissement. Exemple : pour rattraper un jour de jeune que l’on n’a pas fait sans excuses, on a le choix entre trois choses : affranchir un esclave, nourrir soixante pauvres ou encore jeuner deux mois consécutifs.),

  3. celle dite « al motlaq » (qui désigne toute obligation dont on dispose de toute la vie pour l’accomplir comme le pèlerinage à la Mecque.),

  4. la dite « al Modhaiyaq » (c’est tout acte obligatoire dont l’heure nécessaire à son accomplissement équivaut au temps que l’on dispose. Exemple : le jeune du ramadan nécessite une journée entière et l’on ne peut pas disposer de plus.),

  5. celle dite « al mowassa’ » (c’est toute obligation dont l’heure définie pour la faire est plus vaste que le temps que peut prendre l’accomplissement de l’acte même. Par exemple : la prière de fajr, même si elle ne prend que quelques minutes, pourtant on a jusqu’au lever du soleil pour l’accomplir.),

  6. celle que l’on appelle : « mohadad » (c’est toute obligation dont la quantité est défini, comme les prières, le nombre de raka’at est bien déterminé.),

  7. la dite : « Ghayr mohadad » (c’est toute obligation qui ne peut être concernée par le nombre. Par exemple, se concentrer dans la prière.),

  8. la dite : personnelle « al ‘ayni » (lorsque nul ne peut s’en acquitter à la place d’autrui comme la prière par exemple.),

  9. et enfin il y a l’obligation dite collective ou « al kifa i » (c'est-à-dire que si les uns au sein de la communauté s’en acquittent, alors, les autres en sont exempté. Dans le cas où personne ne s’en acquitte, toute la communauté se retrouve fautive. Exemple : la prière mortuaire.)

Nous mettons aussi en garde tous ceux qui pourront se permettre de parler au nom de la religion et sa juridiction sans connaissance.

La retraite spirituelle

La retraite spirituelle dans l'islam ne signifie ni vœux de célibat, ni de réclusion dans un monastère mais c'est plutôt une pratique temporaire qui a pour but de permettre aux fidèles, en se retirant quelques jours, d'avoir plus de clairvoyance sur le déroulement de leurs vies. C'est donc un moment de méditation, de spiritualité, de dhikr et de repentir. Notre bien aimé, le prophète, la pratiquait à maintes reprises pour une durée qui varie de quelques semaines à plusieurs mois et ceci avant de recevoir la révélation. Après la prophétie, il l'a fixée à 10 jours et ceci durant le mois de ramadan et plus précisément durant le dernier tiers.

Comment se déroule la I’tikaf?

L'accomplissement de la retraite spirituelle pendant les 10 derniers jours du mois de ramadan nécessite le respect de certaines règles et conditions afin de ne pas en annuler la validité ou son acceptation. On peut citer :

  • La mosquée. En effet, il ne doit se faire que dans une mosquée sauf pour les femmes, les personnes âgés et ceux qui ont des contraintes. Ils pourront le faire dans leur demeure.

  • La durée minimale. Les 4 écoles ne s'accordent pas une durée minimale qui varie selon les écoles entre quelques heures à un minimum de trois nuits avec ses journées.

  • Les interdits. Il est fortement proscrit durant la retraite spirituelle de ne pas jeuner les journées ou de s'adonner à des pratiques sexuelles la nuit, tout comme on n’a pas le droit de quitter l'enceinte de la mosquée avant d'avoir fini.

  • Les recommandations. Il est cependant très fortement conseillé de passer son temps libre dans l'accomplissement des exercices spirituels, tels la lecture coranique, le dhikr, la prière, la méditation et surtout ne pas discuter avec autrui qu'en cas de force majeure.

Chers lecteurs et lectrices, malheureusement la I’tikaf fait partie des exercices islamiques les moins connus et les plus abandonnés, et pour la réinstaurer, il va falloir d'abord que les responsables de mosquées l’autorisent et respectent enfin la parole d'Allah "purifiez ma demeure (la mosquée) pour ceux qui font la tawaf, ceux qui s'adonne à la I’tikaf (retraite spirituelle) ainsi que les inclinées et prosternés (pour la prière)" (2:125).

L’évocation

«Et invoque ton Seigneur en toi-même, avec humilité et crainte, à mi-voix, le matin et le soir, et ne sois pas du nombre des insouciants » (7:205) Ce verset montre avec beauté la relation d’intimité avec le seigneur que tout croyant se doit de créer et d’entretenir par le biais de la pratique appelée le dhikr ou l’évocation d’Allah. Cette pratique est malheureusement très méconnue de la majorité des musulmans bien que le coran et la sunna renferment d’innombrables sources qui invitent à l’évocation d’Allah (le dhikr) en montrant ses mérites tel le verset où Allah dit: « Evoquez moi et je vous évoquerais ».

Par ailleurs, notre maître le Prophète, paix et salut sur lui, dit : « Allah dit : « Je serais avec mon serviteur où il pense me trouver, je serais avec lui lorsqu’il m’évoquera, s’il le fait en lui, Je le ferai en Moi, s’il le fait devant une assemblée, Je le ferais devant une assemblée bien meilleure encore » (Boukhari).« Celui qui évoque son Seigneur et celui qui ne l’évoque pas sont comparable respectivement au vivant et au mort. » (Tirmidhi)

A ce propos, un homme demanda à notre Bien-aimé: « Ô messager d’Allah ! Les prescriptions de l’Islam sont trop nombreuses pour moi, donne-moi une chose à laquelle je puisse m’attacher ». Il lui dit : « Que ta langue ne cesse d’être imbibée par l’évocation d’Allah ». (Tirmidhi). On peut citer également Sa parole lorsqu’il dit : « Vous informerai-je de la meilleure de vos œuvres, la plus pure auprès de votre Maître, celle qui vous élève le plus de degré, meilleure encore que de dépenser de l’or et l’argent ou de combattre vos ennemis ? »« Bien sûr ! » nous répondîmes. Il nous dit alors : « L’évocation d’Allah ». (Tirmidhi).

L’étendue de la véracité de ces propos prophétiques se vérifient en méditant sur le hadith dans lequel il est dit : « Quiconque dit 100 fois par jour : « il n'y a pas d'autre divinité qu'Allah, l'unique sans associé, à lui la Royauté et la Louange, et il est capable de toute chose », aura la récompense de l'affranchissement de 10 esclaves, on lui écrira 100 bonnes actions, et on lui effacera 100 péchés ; et personne n'aura une meilleure récompense sauf une personne qui aura accompli plus de bonnes actions que lui » (Boukhari) ou encore le verset 35 de la sourate 33 lorsqu’Allah dit : « Ceux et celles qui évoquent Allah beaucoup de fois, Allah a préparé pour eux un pardon et une énorme récompense ».

Chers lecteurs et lectrices, apprenons éduquer nos cœurs, langues et esprits à prendre de bonnes habitudes afin de répondre à la divine invitation « Evoquez moi et je vous évoquerai ». (2:152)

L’invocation

« Et votre Seigneur dit invoquez-moi et je vous répondrai » (40:60). Ce verset, chères lectrices, chers lecteur, est une des merveilles du coran car notre Seigneur par sa grâce nous a non seulement guidé vers la voie de l’invocation mais aussi, dans le même temps, garantit son agrément.

L’invocation occupe une grande place dans la vie du croyant car elle représente le lien entre le Seigneur et son serviteur, à ce sujet Allah dit : « Dis mon Seigneur ne se saurait point soucié de vous sans vos invocations » (25:77).

En outre, un jour comme le rapporte Ibn Jarir, certains compagnons sont venus voir le Prophète pour lui demander : « Ô messager de Dieu, notre Seigneur est-il proche afin qu’on l’appelle à voix basse ou est-il loin afin qu’on l’invoque à haute voix ? ». Le Prophète s’est tu un instant et l’ange est venu lui apporter le verset 186 de la sourate 2 : « Et si mes serviteurs t’interrogent à mon sujet, je suis certes proche, je réponds à l’invocation de celui qui invoque lorsqu’il m’invoque ».

Même si, dans ces versets, notre Seigneur nous garantit l’acceptation cela n’exclut pas que le croyant doit connaître les règles essentielles pour la bonne acceptation de nos demandes et souhaits. On peut citer par exemple le fait d’être convaincu lors des invocations, comme le dit le Prophète : « Invoquez Allah tout en étant convaincus qu’Il vous exaucera » Tirmidhi. Il faut aussi apprendre à ne pas désespérer et ce quelque soit le temps qui s’écoule entre la demande et l’acceptation car : « Allah exaucera les souhaits de l’un d’entre vous tant qu’il ne désespère pas en disant je L’ai invoqué mais Il ne m’a pas répondu » Bukhari.

Il faut aussi apprendre à ne solliciter le Seigneur que pour le bien en étant déterminé. On rapporte que jadis le célèbre gouverneur de Bagdad, Hajaj Ibn Youssouf (réputé pour sa tyrannie) a vu un homme allongé par terre formuler des invocations tel un insouciant, c’est alors que Hajaj sortit son épée et menaça l’homme en lui disant : « Implore ton Seigneur de te préserver de moi car je m’apprête à te tuer ». Alors l’homme se mit à pleurer d’une manière intense en disant : « Ô Seigneur, préserve ma vie et sauve-moi de Hajaj » ; et là Hajaj remit son épée dans le fourreau et lui dit : « Si tu veux que ton Seigneur t’exauce, c’est avec la même ferveur que tu dois l’invoquer ».

Les interdits le paradis et l'enfer

Malheureusement, ce que l'on retient souvent de l'islam sont ces notions de paradis et d’enfer très souvent mal interprétées. La preuve en est : quand le pécheur a besoin de pardon on lui parle d'enfer, a contrario quand la victime réclame son droit légitime on l'endort avec des promesses de paradis...

Et au final, les interdits qui ne représentent que moins d'un quart du dixième de l'Islam constituent l’essentiel. D’ailleurs, les conséquences ne tardent pas à apparaître au travers de l’éloignement et de l’accablement du croyant. Ceci en opposition totale à la parole de notre maître le Prophète qui disait : "facilitez et ne rendez pas difficile la religion, annoncer la bonne nouvelle et ne faites pas fuir" (Muslim).

Il faut restituer au paradis et à l’enfer la fonction que le Seigneur a voulu leur donner. Dans le cheminement spirituel, rien n'est plus grave pour un Homme que de s'adonner au culte uniquement par désir pour le paradis et crainte pour l'enfer. En réalité, le croyant doit aimer le paradis et le désirer parce que celui-ci symbolise la satisfaction et la gratitude de son Maître. A l’inverse, il doit craindre l'enfer parce que celui-ci représente la demeure de celui qui a suscité l'insatisfaction et le mécontentement du divin. Comme dit le Prophète, le vrai croyant n'est pas celui qui concourt vers le paradis car : "tous ceux qui ont dans leur poitrine ne serait-ce qu’un atome de foi en Allah se retrouveront au paradis" (Boukhari), ce qui nous renvoie à la parole d'un grand maître spirituel qui disait: "je n'ai nul besoin du paradis de la honte". On comprend par cette formule « Le paradis de la honte » celui que l'on intègre seulement après mille blâmes et reproches. Les vrai pieux sont ceux qui dans leur quête du Tout- Puissant ne se laissent pas distraire par les bienfaits de ce dernier.

A ce propos, mille miséricordes à la sainte Rabia al Adawiya, qui au sommet de son rayonnement intérieur déclara : "J'aurai souhaité que ne puisse exister ni l'enfer ni le paradis afin que les Hommes, au lieu de s'adonner au culte par désir pour l'un et crainte pour l'autre ne s'y adonne que par pur amour pour le Créateur l'Absolu", mais la sagesse d'Allah veut qu’on symbolise et matérialise sa joie ou son insatisfaction.

Les interdits, eux, n'ont été instauré que dans le but de préserver l'Homme. C’est dans cet optique que le bien-aimé, le Prophète, n'a cessé d’exhorter sa communauté aux biens utiles et mis en garde contre le néfaste. D’autre part, lorsqu'on étudie le droit islamique, on se rend compte que les interdits ne représentent qu'une infime partie et l'exception à la règle. En effet, la base de toute chose est le licite, l’interdit n’intervient qu’en cas d'exception. Afin d’illustrer nos propos, nous citons l’exemple des boissons rendues toutes licites à l’exception de l'alcool et ceci afin de préserver la raison. Il en est de même pour les viandes sauf celle du porc, etc. En dépit de ceci, certains ne mettent l’accent que sur ces exceptions au point d’en faire la règle générale. Le prophète dit: « Prenez garde, certains parmi vous ne font que faire fuir de la religion » (Muslim). Nous ajoutons un dernier élément important : rien de ce qui est utile aux Hommes n'a été proscrit et rien de nuisible n'a été prescrit. A présent, la beauté du verset 90 de la sourate 16 se dévoile lorsque notre Seigneur en résumant tous les actes de biens et tous les actes de mal en 6 points dit: " Certes, Allah ordonne l'équité la bienfaisance et l'assistance aux proches. Et il interdit la turpitude l'acte répréhensible et la rebellions. Il vous exhorte afin que vous vous souveniez" (16:90).

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Suggestions

Science et Islam

La transcription de la sunna, à l’aube de la prophétie

Les oulémas de hadith considèrent comme étant sunna, tout ce qui, indépendamment du coran, a rapport avec la vie, l’histoire et les caractéristiques physiques ou morales du prophète, que cela se situe avant ou après la révélation. Ils se basent sur de nombreux hadiths dans lesquels le prophète place la sunna au même niveau que le coran. Il dit par exemple: « J’ai laissé parmi vous ce dont vous ne connaitrez aucun égarement si vous vous y tenez : le livre d’Allah et la sunna de Son messager ». Par conséquent, même si le coran est la base première de la législation islamique, la sunna du prophète est complémentaire.

Le coran, d’ailleurs, cite la sunna comme le fruit de la divine révélation. Autrement dit, il existe deux formes de révélations. Une révélation dite récitée, c'est-à-dire le coran, et, une révélation non récitée : la sunna. En référence à ces deux révélations, Allah dit à propos du prophète: « Et il ne se prononce point par passion, ce n’est en fait qu’une révélation qui lui est faite ». On note également que dans le coran l’obéissance au prophète est indissociable de l’obéissance envers Allah : « Celui qui obéit au messager a certes obéi à Allah ». En somme, nul ne peut prétendre comprendre l’islam en faisant abstraction de la sunna. D’ailleurs, la sunna est sanctifiée puisqu’elle sert à illustrer le coran : « Nous avons fait descendre sur toi le Rappel (la sunna) afin que tu expliques aux Hommes ce qui leur a été descendu (le coran) et afin qu’ils réfléchissent ».

L’utilité de la sunna

La maîtrise de la sunna garantie la bonne transmission des paroles, des actes et des gestes du prophète. Par ailleurs, la sunna représente la seconde source législative. Elle est définie dans le coran comme une sagesse: « wa anzala allah alaikal kitab wal hikmata wa’allamaka ma lam takoun ta’lam wa kana fadloul allahy ‘alaika ‘azima ». Ici, le mot hikma signifie la sunna ainsi que dans tous les versets où il est suivi du mot livre. Autrement dit, ce verset signifie en partie : « Allah a fait descendre vers toi le livre et la sunna ».

La sunna est au service du coran. Dans certains cas, elle confirme une règle édictée tandis que dans d’autres elle détaille une règle générale. Elle sert aussi le coran dans la mesure où elle apporte parfois une exception à la règle. Par exemple, on peut citer, le cas où elle apporte une exception à l’une des règles sur l’héritage. Ici, le coran, dans la sourate nisa, annonce que chaque individu doit léguer un héritage à sa mort. Allah y détaille les parts de l'héritage. La sunna, quant à elle, indique une exception faite par le prophète qui précise : « Nous les prophètes, nous n'héritons pas de nous. Mais nous laissons à notre mort une aumône qui se devra être distribuée aux pauvres ». Pour illustrer les détails transmis par la sunna, on relève la manière dont le prophète a expliqué avec précisément comment faire les prières. Parfois la sunna mentionne des règles qui ne figurent pas dans le coran. On considère alors que c'est règle à part entière, car Allah dit : « Tout ce que le prophète vous apporte, prenez-le et ce qu'il vous interdit, abandonnez-le ». Nous pouvons citer l’exemple du mariage. Dans le verset 22 de la sourate nisa, il est énuméré les femmes avec lesquelles il est interdit de se marier. Le prophète ajoute l’interdiction d’avoir comme coépouses une femme et sa tante. Dans ce cas, il faut suivre également la parole du prophète car Allah dit : « Celui qui suit le prophète a suivi Allah ».

En bref, on ne peut nier la place essentielle de la sunna dans la législation islamique. D’ailleurs, à ce propos, Allah dit : « Allah a fait descendre vers toi le rappel (la sunna) pour que tu éclaircisses aux hommes ce qui leur a été révélé (le coran) afin qu’ils puissent raisonner ». D’où la motivation des savants, depuis l’aube de l’islam, à apprendre, préserver et transmettre cette science.

Ceci étant dit, la sunna, est généralement en phase avec le coran. Elle illustre les grandes lignes, détaille les généralités, explique ses jugements et leurs finalités. Même dans les cas où elle apporte un jugement inédit, elle reste dans la même logique.

La transcription de la sunna à l’époque de la prophétie

L’imam Muslim rapporte dans son livre selon sayedouna Abi Said Al Khuduri que le prophète a dit : « N’écrivez rien d’autres de moi mis à part le coran, et que celui qui a écrit autre chose que le coran, l’efface alors ! ». Ce hadith authentique démontre qu’au début de l’islam, le prophète avait interdit l’écriture de la sunna. Cependant il est important de préciser que cette interdiction était destinée à des personnes déterminés et à une époque déterminée. Les savants expliquent qu’il l’interdit de peur que les compagnons mélangent ces écrits au coran. D’autant plus qu’à l’époque les supports n’étaient pas nombreux. D’autre part, les croyants de l’époque ne pouvaient pas discerner, au début, le coran de la sunna. Il leur fallait du temps pour apprendre à différencier les styles littéraires. En revanche, il n’interdit pas à ceux qui étaient aptes de le faire. Au contraire, une dizaine de hadith démontre que le prophète poussait ses compagnons à écrire les hadiths rapporté directement de lui. Citons, en guise d’exemple, le hadith rapporté par l’imam Al Dayrami selon Abdullah Ibn Amr Ibn Al Ass dans lequel il dit : « A l’époque du prophète j’écrivais tous ce que j’entendais de lui, que ce soit coran ou hadith, et je voulais les mémoriser ». Quraich tentèrent de l’en dissuader, lui disant : « Pourquoi écris-tu tout ce que tu entends du prophète ? Il reste un homme qui peut parler en état de colère et de joie et peut ainsi se tromper parfois ». Suite à quoi, il cessa d’écrire à l’exception de coran. Jusqu’au jour où il raconta au prophète les propos de Quraichs. Le prophète prit alors le doigt d’Abdullah Ibn Amr Ibn Al Ass, tira sa langue et dit : « Ecris tout ce que tu veux, je jure par celui qui détient mon âme qu’il n’y a que la vérité qui sort de ceci (en montrant sa propre langue) ». En outre, l’imam Abu Huraira disait : « Il n’y a aucun compagnon du prophète qui a plus de hadith que moi si ce n’est Abdullah Ibn Amr, pour la simple raison qu’il écrivait ces hadiths alors que moi je n’avais pas pour habitude de les écrire ».

Hedi Majdoub

il y a 4 ans

Science et Islam

Le recueil de Bukhari

Communément appelé le recueil authentique de Bukhari, ce recueil a été ainsi surnommé par l’imam Bukhari lui-même.

Il dit à ce sujet: « J’ai écrit mon recueil authentique en seize ans et je l’ai synthétisé en six cent mille hadith que j’ai mémorisé. J’ai fait de ce recueil un moyen devant Dieu de gagner sa satisfaction ». Dans ce recueil, l’imam Bukhari a veillé scrupuleusement à l’épurer au point de révéler: « Je n’ai écrit aucun des hadiths qui se trouvent dans ce recueil sans avoir au préalable effectué mes grandes ablutions et deux unités de prières ». En outre, il a admis dans ce recueil que des hadiths authentiques avec les chaines de transmission solides, allant du rapporteur jusqu’au prophète. Chaque maillon des chaines de transmission est connu pour sa mémoire, son équité et sa piété. Au terme de son travail d’écriture, il a pris le soin de le présenter à plusieurs savants, parmi eux : l’imam Ahmad Ibn Hanbal, Yahya Ibn Muiin et d’autres savants contemporains. Ils l’ont tous approuvé, sans aucune exception, et reconnu l’exceptionnel grandeur d’un tel ouvrage ainsi que le mérite de son auteur. Ce recueil regroupe sept-mille-trois-cent-quatre-vingt-dix-sept hadiths. En soustrayant les répétitions, on compte un total de deux-mille-six-cent-deux hadiths.

L’imam Abu Abdillah Muhammad Ibn Ismail Al Bukhari est appelé Amir Al Muminin dans les sciences de hadiths. Il est né orphelin en l’an 194, durant le mois de Chawal. Il grandit au sein d’une famille pieuse et savante. Il mémorise le coran avant d’atteindre l’âge de dix ans. Allah lui fit don d’une incroyable faculté de mémorisation. D’ailleurs il confie que lorsqu’il apprenait, il lui suffisait de lire une fois la tablette pour mémoriser son contenu. Il voyage énormément pour recueillir les hadiths. Il reste près de six années dans la péninsule arabique puis à Bassora, Koufa, en Egypte, en Syrie et d’autres pays marqués par la science des hadiths. Il rapporte les dires de beaucoup de grands savants comme Ahmad Ibn Al Hussein, Al Razi, Abi Ahmad Abi Al Hafiz. Ce dernier raconte: « J’ai entendu beaucoup de Shuyukhs de Bagdad dire que lorsque Muhammad Ibn Ismail Al Bukhari est arrivé à Bagdad, les gens de hadiths se sont regroupés pour le tester dans sa mémorisation et sa science. Ils lui donnèrent cent hadith (dix chacun car ils étaient au nombre de dix) en mélangeant délibérément les phrases et les chaines de transmission. Après avoir écouté chacun des dix personnes qui le testaient, sans prendre de notes, l’imam Bukhari reprit un par un chacun des hadiths en rectifiant toutes les erreurs qui s’y trouvaient. Ce test dura toute une journée. A la suite de cela, chacun questionna l’imam Bukhari sur des hadiths inventés alors il répondit qu’il ne connaissait pas ces hadiths. A la fin de ce test, ils attestèrent unanimement de la grandeur et de ses connaissances. Depuis ce jour, il reçut le titre d’Amir Al Muminin dans la science de hadith, bien entendu, le titre le plus distingué dans cette science ».

Rappelons que l’imam Bukhari a écrit ce recueil suite à un rêve dans lequel il vit le prophète assis alors que lui retirait certaines tâches de ses habits. C’est alors que le prophète lui dit : « Il arrivera un jour lorsque tu seras adulte, tu enlèveras les mensonges que l’on profère sur le dos du prophète ». L’imam Bukhari est décédé à l’âge de soixante-deux ans, en l’an 256. Rappelons aussi que grâce à ce travail colossal son nom demeure à jamais gravé dans l’Histoire. Connu de tous les musulmans et savants, il est inscrit dans la mémoire collective. L’imam Bukhari ne sait jamais marié au long de cette vie extrêmement dense et riche.

Chères lectrices, chers lecteur, nous espérons qu’à travers cet article vous mesurerez non seulement l’ampleur des travaux effectués pour la réalisation de ce recueil, mais aussi la grandeur de son auteur, un auteur exemplaire pour tous ceux qui recherche l’agrément d’Allah.

Hédi Mahjdoub

il y a 4 ans

Science et Islam

Les sources du droit, au temps des compagnons

Lorsque le prophète mourut en 610, Allah avait accompli son bienfait sur lui et parachevé la religion. Cependant, le droit islamique « fiqh » ne s’arrête pas à cette époque. Indépendamment du temps et de l’espace, il s’adapte en permanence. Du temps du calife Abu Bakr, lorsqu’une question se posait, on cherchait la réponse dans le coran et la sunna. S’il l’on ne trouvait pas de réponse dans les textes alors on s’en remettait aux compagnons. Ces derniers se regroupaient alors pour convenir ensemble d’une solution, comme ce fut le cas pour la compilation du coran. A l’époque du calife Omar, une dimension nouvelle devait être prise en compte. En effet, la conquête musulmane grandissante, on rencontrait de plus en plus de situations inédites par rapport à l’époque prophétique. Il devenait primordial de remédier à ces problèmes. Cet article expose la manière dont il fut convenu d’une réorganisation par les compagnons afin d’enrichir la jurisprudence islamique.

A l’époque des compagnons, la jurisprudence reposait sur quatre sources : le coran, la sunna, le consensus, et l’ijtihad. Cependant, les compagnons privilégiaient strictement la référence au coran pour inciter les hommes à le mémoriser et à l’étudier. A ce propos, lorsqu’Omar se rendit en Iraq avec un groupe de compagnons, il leurs dit : « Nous aimons entendre bourdonner, chez un peuple, la récitation du coran. Ne les coupez pas par les hadiths. Consacrez-vous au coran et limitez les hadiths du prophète ». Cette rigueur des compagnons s’explique par la crainte de voir attribuer au prophète des propos étrangers à sa personne. Rappelons que celui qui rapporte un hadith du prophète s’engage à une lourde responsabilité. En effet, le prophète a dit : « Celui qui rapporte volontairement de moi ce que je n’ai pas dit alors qu’il prépare sa place en enfer » (Bukhari). Enfin cette restriction, dans l’usage des sources, rétablit également l’ordre des priorités. La sunna complète le coran et non l’inverse !

Le consensus des compagnons

Nous entendons par là un accord unanime, de la part des compagnons, statuant sur une question posée. Omar Ibn Al Khattab avait pour habitude de réunir l’ensemble des compagnons juristes en l’absence de réponse clair et explicite dans le coran et la sunna. D’ailleurs, c’est par le même processus qu’Abu Bakr fut nommé calife et qu’il fut convenu du nombre de takbiraates lors de la prière mortuaire. Effectivement, à la demande d’Omar Ibn Al Khattab, les compagnons se réunirent et se mirent d’accord pour fixer le nombre de takbiraates à quatre, bien que le prophète en variait de quatre à huit lors de différentes prières mortuaires.

L’Ijtihad des compagnons

Le prophète autorisa et sensibilisa même les compagnons à la pratique de l’ijtihad. D’ailleurs, on sait que dans une lettre envoyée au Cadi Abou Musa Al Achaari par Omar ibn al khattab, il fait mention des règles du jugement, de ses caractéristiques, du déroulement du ijtihad et de la déduction des jugements. Il écrivit: « Ensuite fit toi à la compréhension, à ton ressentiment, sur ce que tu ne trouveras pas dans le coran et la sunna ». Etant donné que l’ijtihad repose sur la recherche, la compréhension, il est évidemment normal d’obtenir des raisonnements différents d’un compagnon à un autre.

Les compagnons Mufti

Certains compagnons, après la mort du prophète, se sont démarqués par leurs connaissances et leurs compétences dans les sciences. Parmi eux, certains devinrent mufti grâce à leur capacité à promulguer des fatwas, à la connaissance du droit et des jugements. On peut citer :

  • Ali Ibn Talib

    L’imam Ali ibn Talib mémorisa tous les versets coraniques et tous les hadiths qu’il avait pu entendre du prophète. Il disait à ce propos: « Par Dieu, pas un verset ne fut révélé sans que je ne connaisse où et pourquoi il fut révélé ». Avant son départ pour le Yémen, il dit au prophète : « Ô messager de Dieu, tu m’envoies alors que je suis encore jeune et méconnaissant du jugement ». Le prophète frappa alors sa poitrine et dit : « Ô Dieu guide son cœur et raffermit sa langue ». L’imam Ali déclara plus tard : « Par celui qui a fait fendre la graine, jamais je n’ai douté sur un jugement opposant deux personnes ». C’est pourquoi, sans doute, Omar s’abstenait toujours de prononcer un jugement sans l’approbation de l’imam Ali.

  • Omar Ibn Khattab

    Le prophète disait de lui : « Parmi les peuples qui nous ont précédé, certains n’étaient pas des prophètes mais recevaient la parole d’Allah. S’il devait en avoir un dans ma communauté ce serait Omar Ibn Al Khattab ». Le prophète disait aussi « Dieu a placé la vérité dans la langue d’Omar, ainsi que dans son cœur ». Omar fut le premier à écrire un livre sur l’Histoire en l’an 16 de l’Hégire. L’hégire, événement, par lequel débute justement son récit. En outre, il fut celui qui prit la décision de regrouper les hommes pour la prière nocturne, durant le mois de ramadan.

  • Aicha, la mère des croyants

    Elle fut une grande juriste, savante, éloquente et spécialiste des hadiths. Elle mémorisa un grand nombre d’entre eux et connaissait parfaitement l’Histoire du peuple arabe. En outre, elle excellait dans l’art de la poésie. Elle rapporta un grand nombre de hadiths aux compagnons et tabiis. Salmah Ibn Abdul Rahoran affirma : « Je n’ai vu plus savant de la sunna du prophète, plus juriste et connaisseur des versets coraniques qu’Aicha ».

  • Abdallah Ibn Masuud

    Ibn Masuud non seulement participant de la bataille de Badr, parmi les premiers musulmans, il fut aussi l’un des plus grands juristes et un excellent lecteur. Voilà, sans doute, pourquoi le prophète déclara : « Que celui qui veut réciter le coran comme il fut révélé, apprenne de la récitation d’Oum Abd ».

Bien entendu cette liste de compagnons n’est pas exhaustive. L’intérêt, étant simplement d’illustrer les compétences juridiques des compagnons parallèlement au fonctionnement de la juridiction islamique de l’époque.

Hedi Majdoub

il y a 4 ans