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Les mérites du jour du vendredi
Hedi majdoub
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« Ô vous qui avez cru ! Lorsqu’on appel à l’office du vendredi, accourez à l’invocation d’Allah et laissez tout négoce. Cela est bien meilleur pour vous, si vous saviez ! Puis quand l’office s’achève, dispersez-vous sur terre, recherchez la grâce d’Allah et invoquez-Le beaucoup afin que vous réussissiez. » Coran : S62, V9 et 10

Il est important pour tout croyant de connaître les éléments sacralisés par notre Seigneur afin de saisir au mieux leur importance et d’y apporter une attention privilégiée. Il est à noter que la valorisation de certaines créations au-dessus d’autres pour ce qu’elles représentent, est une tradition divine. C’est le cas du discernement du Coran, par exemple, face aux autres livres divins. De la même manière, certaines mosquées, villes ou personnes, revêtent une singularité par rapport aux autres. Le fait d’avoir érigé certains Prophètes au-dessus d’autres illustre également cette tradition divine « Parmi ces messagers, Nous avons favorisé certains par rapport à d’autres. » (S2 :V253)

D’ ailleurs, notre maître Abou Qatada, qu’il soit agrée, nous le rappelle à juste titre lorsqu’il dit : « Notre Seigneur a choisi certaines de ses créatures pour y déverser plus de sacralité, parmi les anges et les hommes son choix fut en faveur des messagers, de la terre il a préféré les lieux de cultes, le mois de ramadan et les quatre mois sacrés sont au-dessus des autres mois. Il fit du jour de Vendredi le maître des jours, et de la nuit du destin la meilleure de toutes les nuits. Alors, sanctifiez ce que votre Seigneur a purement choisi et sachez que les hommes de compréhension ne donnent de valeur aux choses qu’à la même mesure que celle attribué par leur Seigneur. » Ainsi comme il a été souligné le jour du vendredi possède un caractère particulier. L’annonce de notre maître le Prophète, paix et salut sur lui, le confirme, lorsqu’ Il dit : « le meilleur jour qu’a vu passer le soleil est celui du vendredi » (Muslim), effectivement, dès les premiers instants de la création, il fut divinement décrété symbole de spiritualité et du retour vers Allah Le Très Haut.

A ce propos, beaucoup de communautés antérieures à l’islam, conscientes du caractère mystique dont ce jour (à l’époque inconnu) est porteur ont ardemment souhaité le connaître et en faire ce qu’ils appellent communément : « le jour du Seigneur ». Certains décrétèrent que ce serait le samedi et d’autres le dimanche. Mais comme l’indiquent des sources rapportées par Bokhari et Muslim seule la communauté mohammadienne en eut l’exclusivité. A ce titre, il est fondamental pour tout croyant d’apprendre à vivre ce jour comme il se doit, à la hauteur de son rang. Ceci est possible qu’à condition de s’imprégner de sa symbolique forte tant spirituellement que moralement.

En effet, notre maître le Prophète, paix et salut sur lui, dit : « C’est le jour qui a vu naître Adam, le jour où il lui fut assigné le Paradis comme demeure et le jour où il en est sorti » (Muslim). Ce hadith montre que jumu’a est un jour de miséricorde et de bienfaisance car le plus grand bienfait qui ait été donné à l’homme c’est d’accéder au monde et ceci afin de lui faire don de miséricorde. Ainsi, lorsque pour la première fois l’âme eut finie d’intégrer le corps d’Adam et que celui-ci sous son effet eut éternué, il reçut l’ordre divin: « Oh Adam, Dis louange à Allah », ce qu’il fit. Puis son Seigneur lui fit don d’une promesse, au-delà de l’entendement d’un grand nombre: « Ton Seigneur te fera miséricorde » ce qui nous conduit au hadith qodsi où Allah Le Très Haut dit : « Ma miséricorde vis-à-vis de l’Homme a précédé ma colère ».(Muslim) Ainsi nous retiendrons que l’homme n’a été crée que pour être le digne témoin de la miséricorde d’Allah. Ensuite Seyidna Adam résida dans la demeure de paix et de miséricorde jusqu'à ce que l’oubli instrumentalisé par les ruses d’Iblis l’en fasse sortir. A l’issue de cet événement dramatique pour le père de l’humanité, il ne fut pas pour autant abandonné. En effet, il lui fut accordé le repentir et le pardon. De plus un autre cadeau chargé en symbolique lui fut offert, désormais il revivra tous les vendredis des moments de grâce tels qu’il vécut jadis lors de son pardon à la condition qu’il sache se tourner vers son Seigneur comme il l’avait fait auparavant : « Tous deux dirent : Seigneur nous nous sommes fait du tord et si tu ne nous pardonnes pas et que tu ne nous accordes pas ta miséricorde alors nous serons certes parmi les perdants ».S7, V23 D’où la parole de notre maître le Prophète, paix et salut sur lui, : « Allah pardonne et efface ce que le serviteur a pu faire d’un vendredi à un autre, à condition qu’il ne s’adonne pas aux péchés dits capitaux ». (Muslim)

L’afflux des fidèles tous en route vers un seul lieu, un seul but, une seule pensée met en évidence l’unité, l’entraide et la solidarité. Des valeurs chères à l’islam, qui doivent se refléter dans la relation avec l’autre. Mais, au-delà de l’appel vers l’unité des corps, il faut comprendre qu’il s’agit d’un appel vers l’unité des cœurs, car tout acte entrepris par le corps sans l’implication du cœur est sans valeur. Le défi donc pour les croyants consiste à faire preuve de solidarité, de tolérance et de respect d’autrui, sans quoi la vie en communauté est inconcevable.

Voici quelques symboliques dans lesquelles s’inscrivent joumu’a dans toute sa grandeur. Par ailleurs, vous trouverez quelques recommandations prophétiques sensées aider le fidèle dans sa méditation et son recueillement en ce jour riche en lumière :

  1. La récitation de la sourate Al Kahf, il y a notamment plusieurs hadiths rapportés à ce sujet tel celui où notre maître le Prophète, paix et salut sur lui, dit : « Celui qui récite la sourate Kahf le vendredi aura une lumière qui l’accompagnera jusqu’au vendredi suivant ». On note d’autres sources dans lesquels notre maître le Prophète, paix et salut sur lui, justifie cette recommandation par ces termes : « C’est une protection contre l’antéchrist ». Il est important de préciser qu’il ne s’agit pas de réciter tout simplement la sourate Al kahf, mais d’ouvrir son esprit et son cœur à la méditation de cette sourate, qui, il faut le souligner, a traité d’une grande partie des maux qui rongent les sociétés modernes à savoir :

    1. Le manque de tolérance à tel point que l’acceptation de la différence devient quasi inexistante et que le droit a une identité individuelle devient synonyme de crime. Ceci faisant totalement abstraction de la volonté de notre Seigneur de créer les gens différents dans la langue, la race, et la manière de penser « Et si il était de la volonté de ton Seigneur il aurait créé les gens homogènes mais ils ne cesseront d’être différents car c’est pour cela qu’Il les a crées ». S11, V118

    2. Nous observons que la sourate Kahf du verset 9 au verset 26 désigne les dérives et les dégâts de l’intolérance au sein des sociétés comme il est relaté dans l’histoire dite « des gens de la caverne ».

    3. Les sociétés de plus en plus matérialistes qui ne laissent aucune place à l’humanisme qui pourtant est le seul caractère obligatoire dont l’homme doit faire preuve. Il est certain qu’une société dans laquelle on assiste à la dévalorisation des valeurs humaines au profit de l’adoration du matériel peut dire adieu à ce qui fait la noblesse de son existence. Nous citons les versets 28 à 49 de la sourate comme référence.

    4. Cette sourate met la lumière sur l’adage: « l’homme est le remède de l’homme ». Dans la mesure où tout acquis ne saurait placer l’homme dans une suprématie où il n’aurait plus rien à acquérir ou à n’apprendre de personne. Seul le Seigneur se suffit à lui-même, tel est le sens de l’histoire de sayyidina Moussa et sayyidina Khidr relatée dans les versets 60 à 82.

    5. Enfin, on peut citer l’appel à œuvrer contre toutes formes d’injustice et d’oppression car le croyant par les exigences de sa foi est celui qui se met du coté du bien jusqu’à ce que celui-ci triomphe et contre le mal jusqu’à ce que celui-ci disparaisse. Une notion incarnée pleinement par Zul Qarnayn comme le relate la sourate kahf du verset 83 au verset 98.

    6. Voilà quelques enseignements, parmi tant d’autres, dont est porteuse cette sourate. Ce qui sans doute est à l’origine de la recommandation adressée aux croyants incitant à sa lecture et à la méditation de ses versets.

  2. Parmi les recommandations prophétiques par rapport à ce jour on note la purification. Elle est évoquée dans plusieurs hadiths où notre maître le Prophète, paix et salut sur lui, recommande à ses compagnons trois choses : de se purifier (les grandes ablutions) le jour de vendredi (Boukhari), de porter les habits les plus propres et les plus beaux, de se parfumer et d’embellir leur paraître (Muslim), comme pour les inviter à se soucier leur état intérieur.

  3. Il faut souligner aussi l’obligation d’abandonner toutes activités profanes pour assister à la prière hebdomadaire en communauté, car c’est une fois par semaine comme l’indiquent les versets 9 à 11 de la sourate 62.

  4. Il est également recommandé à tout fidèle de s’empresser, d’aller à la mosquée dans les premiers moments, car il dit : « Vous rentrerez au Paradis aussitôt que vous avez l’habitude de vous rendre à la prière du vendredi ».(Ibn Madja) Il dit aussi: « Le premier arrivé à la mosquée le vendredi est semblable à celui qui a donné comme offrande à son Seigneur, un chameau, le deuxième un taureau, le troisième un bélier, le quatrième un coq jusqu’au dernier, qui lui est semblable à celui qui fait don d’un œuf.». (Muslim)

  5. Il ne faut pas oublier d’intensifier les salutations vis-à-vis de notre maître le Prophète, paix et salut sur lui, car Il dit: « lorsque l’un d’entre vous m’adresse ses salutations, l’ange me le fait parvenir et je lui réponds sauf le jour du vendredi, on me le fait parvenir sans intermédiaire ». Et dans une autre version, il dit : « parmi les meilleurs jours il y a le vendredi alors augmentez les prières sur moi dans ces moments là ». (Ibn Madja)

  6. Enfin il est souhaitable de multiplier les invocations en ce jour béni car notre maître le Prophète, paix et salut sur lui, a dit : « Il y a un moment dans un jour de vendredi où Allah exauce tous les souhaits » (Ibn Madja), bien sûr qu’il y a énormément de divergences au sein des savants quant au moment exact où se trouve cette heure là. Mais ils s’accordent tous pour dire que c’est un moment qui se trouve dans le jour du vendredi, donc il vaut mieux faire de ce jour là un moment de rapprochement et d’invocation.

Il est important de savoir qu’il y a aussi des choses à éviter pour ne pas passer à côté de la grande récompense promise aux croyants tel que le fait de bavarder dans la mosquée alors que l’imam s’adonne à la khoutba, notre maître le Prophète, paix et salut sur lui, dit : « Lorsque c’est le jour de vendredi, venez, asseyez- vous, écoutez l’imam et ne parlez pas. Celui qui parle qu’il sache qu’il n’aura pas de récompense. ». Il dit dans une autre version de ce hadith : « Celui qui dit à son ami tais-toi lorsqu’il bavarde alors que l’imam fait son allocution, qu’il sache que lui aussi a bavardé, il ne sera pas récompensé.» (Muslim)

Il est aussi souhaitable d’éviter une fois arrivé sur le lieu de la prière de pousser les fidèles afin d’être dans les premiers rangs (Ibn Madja), qui sont logiquement destinés aux premiers arrivés. Celui qui veut s’y placer se doit d’être là en premier.

Suite à cette énumération, vous vous rendrez compte de la place que doit occuper le vendredi dans la vie du croyant, un jour fait pour se tourner vers Allah, méditer, se retrouver entre frères et soeurs dans la solidarité et l’amour, et s’adonner au renouvèlement de la foi comme le rappelle si bien notre maître le Prophète , paix et salut sur lui, : « la foi s’use tel un habit, cherchez à la renouveler » (Ahmad), d’où la charge et la responsabilité de l’imam qui au-dessus de la minbar s’adresse à ses confères, leurs rappelant ainsi les valeurs fondamentales sur lesquelles reposent leurs foi, telles qu’elles ont été transmises par notre maître le Prophète, paix et salut sur lui. Hélas, aujourd’hui, plus particulièrement en France, trouver une khotba digne de ce nom, relève du parcours du combattant pour le musulman.

Il faut alerter les prêcheurs sur le fait qu’une khoutba n’est nullement un jeu de menace ayant pour but de distribuer gratuitement « des visas pour l’enfer ». Ou visant à effrayer les croyants en leurs disant que dans leurs tombes, ce sont des anacondas de 25 mètres qui les attendent. La khoutba consiste à l’exercice de la transmission d’un message solennel qui, quittant le cœur de l’orateur ne trouvera sa place que dans les cœurs des fidèles à l’écoute. Un discours émanant d’abord d’une compréhension pure des choses, puis motivé par l’amour et le désir de partager avec l’autre comme le régit le verset 125 de la sourate 16 « Appelle vers ton Seigneur avec sagesse, belle exhortation et argumente de la meilleure manière ».

Voilà le jour de jumu’a, ses enseignements et voilà comment il faut s’y préparer afin de mieux le vivre.

« Ainsi, sanctifier les rituels établis par Allah est signe de la piété des cœurs. » Coran

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Suggestions

Science et Islam

La transcription de la sunna, à l’aube de la prophétie

Les oulémas de hadith considèrent comme étant sunna, tout ce qui, indépendamment du coran, a rapport avec la vie, l’histoire et les caractéristiques physiques ou morales du prophète, que cela se situe avant ou après la révélation. Ils se basent sur de nombreux hadiths dans lesquels le prophète place la sunna au même niveau que le coran. Il dit par exemple: « J’ai laissé parmi vous ce dont vous ne connaitrez aucun égarement si vous vous y tenez : le livre d’Allah et la sunna de Son messager ». Par conséquent, même si le coran est la base première de la législation islamique, la sunna du prophète est complémentaire.

Le coran, d’ailleurs, cite la sunna comme le fruit de la divine révélation. Autrement dit, il existe deux formes de révélations. Une révélation dite récitée, c'est-à-dire le coran, et, une révélation non récitée : la sunna. En référence à ces deux révélations, Allah dit à propos du prophète: « Et il ne se prononce point par passion, ce n’est en fait qu’une révélation qui lui est faite ». On note également que dans le coran l’obéissance au prophète est indissociable de l’obéissance envers Allah : « Celui qui obéit au messager a certes obéi à Allah ». En somme, nul ne peut prétendre comprendre l’islam en faisant abstraction de la sunna. D’ailleurs, la sunna est sanctifiée puisqu’elle sert à illustrer le coran : « Nous avons fait descendre sur toi le Rappel (la sunna) afin que tu expliques aux Hommes ce qui leur a été descendu (le coran) et afin qu’ils réfléchissent ».

L’utilité de la sunna

La maîtrise de la sunna garantie la bonne transmission des paroles, des actes et des gestes du prophète. Par ailleurs, la sunna représente la seconde source législative. Elle est définie dans le coran comme une sagesse: « wa anzala allah alaikal kitab wal hikmata wa’allamaka ma lam takoun ta’lam wa kana fadloul allahy ‘alaika ‘azima ». Ici, le mot hikma signifie la sunna ainsi que dans tous les versets où il est suivi du mot livre. Autrement dit, ce verset signifie en partie : « Allah a fait descendre vers toi le livre et la sunna ».

La sunna est au service du coran. Dans certains cas, elle confirme une règle édictée tandis que dans d’autres elle détaille une règle générale. Elle sert aussi le coran dans la mesure où elle apporte parfois une exception à la règle. Par exemple, on peut citer, le cas où elle apporte une exception à l’une des règles sur l’héritage. Ici, le coran, dans la sourate nisa, annonce que chaque individu doit léguer un héritage à sa mort. Allah y détaille les parts de l'héritage. La sunna, quant à elle, indique une exception faite par le prophète qui précise : « Nous les prophètes, nous n'héritons pas de nous. Mais nous laissons à notre mort une aumône qui se devra être distribuée aux pauvres ». Pour illustrer les détails transmis par la sunna, on relève la manière dont le prophète a expliqué avec précisément comment faire les prières. Parfois la sunna mentionne des règles qui ne figurent pas dans le coran. On considère alors que c'est règle à part entière, car Allah dit : « Tout ce que le prophète vous apporte, prenez-le et ce qu'il vous interdit, abandonnez-le ». Nous pouvons citer l’exemple du mariage. Dans le verset 22 de la sourate nisa, il est énuméré les femmes avec lesquelles il est interdit de se marier. Le prophète ajoute l’interdiction d’avoir comme coépouses une femme et sa tante. Dans ce cas, il faut suivre également la parole du prophète car Allah dit : « Celui qui suit le prophète a suivi Allah ».

En bref, on ne peut nier la place essentielle de la sunna dans la législation islamique. D’ailleurs, à ce propos, Allah dit : « Allah a fait descendre vers toi le rappel (la sunna) pour que tu éclaircisses aux hommes ce qui leur a été révélé (le coran) afin qu’ils puissent raisonner ». D’où la motivation des savants, depuis l’aube de l’islam, à apprendre, préserver et transmettre cette science.

Ceci étant dit, la sunna, est généralement en phase avec le coran. Elle illustre les grandes lignes, détaille les généralités, explique ses jugements et leurs finalités. Même dans les cas où elle apporte un jugement inédit, elle reste dans la même logique.

La transcription de la sunna à l’époque de la prophétie

L’imam Muslim rapporte dans son livre selon sayedouna Abi Said Al Khuduri que le prophète a dit : « N’écrivez rien d’autres de moi mis à part le coran, et que celui qui a écrit autre chose que le coran, l’efface alors ! ». Ce hadith authentique démontre qu’au début de l’islam, le prophète avait interdit l’écriture de la sunna. Cependant il est important de préciser que cette interdiction était destinée à des personnes déterminés et à une époque déterminée. Les savants expliquent qu’il l’interdit de peur que les compagnons mélangent ces écrits au coran. D’autant plus qu’à l’époque les supports n’étaient pas nombreux. D’autre part, les croyants de l’époque ne pouvaient pas discerner, au début, le coran de la sunna. Il leur fallait du temps pour apprendre à différencier les styles littéraires. En revanche, il n’interdit pas à ceux qui étaient aptes de le faire. Au contraire, une dizaine de hadith démontre que le prophète poussait ses compagnons à écrire les hadiths rapporté directement de lui. Citons, en guise d’exemple, le hadith rapporté par l’imam Al Dayrami selon Abdullah Ibn Amr Ibn Al Ass dans lequel il dit : « A l’époque du prophète j’écrivais tous ce que j’entendais de lui, que ce soit coran ou hadith, et je voulais les mémoriser ». Quraich tentèrent de l’en dissuader, lui disant : « Pourquoi écris-tu tout ce que tu entends du prophète ? Il reste un homme qui peut parler en état de colère et de joie et peut ainsi se tromper parfois ». Suite à quoi, il cessa d’écrire à l’exception de coran. Jusqu’au jour où il raconta au prophète les propos de Quraichs. Le prophète prit alors le doigt d’Abdullah Ibn Amr Ibn Al Ass, tira sa langue et dit : « Ecris tout ce que tu veux, je jure par celui qui détient mon âme qu’il n’y a que la vérité qui sort de ceci (en montrant sa propre langue) ». En outre, l’imam Abu Huraira disait : « Il n’y a aucun compagnon du prophète qui a plus de hadith que moi si ce n’est Abdullah Ibn Amr, pour la simple raison qu’il écrivait ces hadiths alors que moi je n’avais pas pour habitude de les écrire ».

Hedi Majdoub

il y a 4 ans

Science et Islam

Le recueil de Bukhari

Communément appelé le recueil authentique de Bukhari, ce recueil a été ainsi surnommé par l’imam Bukhari lui-même.

Il dit à ce sujet: « J’ai écrit mon recueil authentique en seize ans et je l’ai synthétisé en six cent mille hadith que j’ai mémorisé. J’ai fait de ce recueil un moyen devant Dieu de gagner sa satisfaction ». Dans ce recueil, l’imam Bukhari a veillé scrupuleusement à l’épurer au point de révéler: « Je n’ai écrit aucun des hadiths qui se trouvent dans ce recueil sans avoir au préalable effectué mes grandes ablutions et deux unités de prières ». En outre, il a admis dans ce recueil que des hadiths authentiques avec les chaines de transmission solides, allant du rapporteur jusqu’au prophète. Chaque maillon des chaines de transmission est connu pour sa mémoire, son équité et sa piété. Au terme de son travail d’écriture, il a pris le soin de le présenter à plusieurs savants, parmi eux : l’imam Ahmad Ibn Hanbal, Yahya Ibn Muiin et d’autres savants contemporains. Ils l’ont tous approuvé, sans aucune exception, et reconnu l’exceptionnel grandeur d’un tel ouvrage ainsi que le mérite de son auteur. Ce recueil regroupe sept-mille-trois-cent-quatre-vingt-dix-sept hadiths. En soustrayant les répétitions, on compte un total de deux-mille-six-cent-deux hadiths.

L’imam Abu Abdillah Muhammad Ibn Ismail Al Bukhari est appelé Amir Al Muminin dans les sciences de hadiths. Il est né orphelin en l’an 194, durant le mois de Chawal. Il grandit au sein d’une famille pieuse et savante. Il mémorise le coran avant d’atteindre l’âge de dix ans. Allah lui fit don d’une incroyable faculté de mémorisation. D’ailleurs il confie que lorsqu’il apprenait, il lui suffisait de lire une fois la tablette pour mémoriser son contenu. Il voyage énormément pour recueillir les hadiths. Il reste près de six années dans la péninsule arabique puis à Bassora, Koufa, en Egypte, en Syrie et d’autres pays marqués par la science des hadiths. Il rapporte les dires de beaucoup de grands savants comme Ahmad Ibn Al Hussein, Al Razi, Abi Ahmad Abi Al Hafiz. Ce dernier raconte: « J’ai entendu beaucoup de Shuyukhs de Bagdad dire que lorsque Muhammad Ibn Ismail Al Bukhari est arrivé à Bagdad, les gens de hadiths se sont regroupés pour le tester dans sa mémorisation et sa science. Ils lui donnèrent cent hadith (dix chacun car ils étaient au nombre de dix) en mélangeant délibérément les phrases et les chaines de transmission. Après avoir écouté chacun des dix personnes qui le testaient, sans prendre de notes, l’imam Bukhari reprit un par un chacun des hadiths en rectifiant toutes les erreurs qui s’y trouvaient. Ce test dura toute une journée. A la suite de cela, chacun questionna l’imam Bukhari sur des hadiths inventés alors il répondit qu’il ne connaissait pas ces hadiths. A la fin de ce test, ils attestèrent unanimement de la grandeur et de ses connaissances. Depuis ce jour, il reçut le titre d’Amir Al Muminin dans la science de hadith, bien entendu, le titre le plus distingué dans cette science ».

Rappelons que l’imam Bukhari a écrit ce recueil suite à un rêve dans lequel il vit le prophète assis alors que lui retirait certaines tâches de ses habits. C’est alors que le prophète lui dit : « Il arrivera un jour lorsque tu seras adulte, tu enlèveras les mensonges que l’on profère sur le dos du prophète ». L’imam Bukhari est décédé à l’âge de soixante-deux ans, en l’an 256. Rappelons aussi que grâce à ce travail colossal son nom demeure à jamais gravé dans l’Histoire. Connu de tous les musulmans et savants, il est inscrit dans la mémoire collective. L’imam Bukhari ne sait jamais marié au long de cette vie extrêmement dense et riche.

Chères lectrices, chers lecteur, nous espérons qu’à travers cet article vous mesurerez non seulement l’ampleur des travaux effectués pour la réalisation de ce recueil, mais aussi la grandeur de son auteur, un auteur exemplaire pour tous ceux qui recherche l’agrément d’Allah.

Hédi Mahjdoub

il y a 4 ans

Science et Islam

Les sources du droit, au temps des compagnons

Lorsque le prophète mourut en 610, Allah avait accompli son bienfait sur lui et parachevé la religion. Cependant, le droit islamique « fiqh » ne s’arrête pas à cette époque. Indépendamment du temps et de l’espace, il s’adapte en permanence. Du temps du calife Abu Bakr, lorsqu’une question se posait, on cherchait la réponse dans le coran et la sunna. S’il l’on ne trouvait pas de réponse dans les textes alors on s’en remettait aux compagnons. Ces derniers se regroupaient alors pour convenir ensemble d’une solution, comme ce fut le cas pour la compilation du coran. A l’époque du calife Omar, une dimension nouvelle devait être prise en compte. En effet, la conquête musulmane grandissante, on rencontrait de plus en plus de situations inédites par rapport à l’époque prophétique. Il devenait primordial de remédier à ces problèmes. Cet article expose la manière dont il fut convenu d’une réorganisation par les compagnons afin d’enrichir la jurisprudence islamique.

A l’époque des compagnons, la jurisprudence reposait sur quatre sources : le coran, la sunna, le consensus, et l’ijtihad. Cependant, les compagnons privilégiaient strictement la référence au coran pour inciter les hommes à le mémoriser et à l’étudier. A ce propos, lorsqu’Omar se rendit en Iraq avec un groupe de compagnons, il leurs dit : « Nous aimons entendre bourdonner, chez un peuple, la récitation du coran. Ne les coupez pas par les hadiths. Consacrez-vous au coran et limitez les hadiths du prophète ». Cette rigueur des compagnons s’explique par la crainte de voir attribuer au prophète des propos étrangers à sa personne. Rappelons que celui qui rapporte un hadith du prophète s’engage à une lourde responsabilité. En effet, le prophète a dit : « Celui qui rapporte volontairement de moi ce que je n’ai pas dit alors qu’il prépare sa place en enfer » (Bukhari). Enfin cette restriction, dans l’usage des sources, rétablit également l’ordre des priorités. La sunna complète le coran et non l’inverse !

Le consensus des compagnons

Nous entendons par là un accord unanime, de la part des compagnons, statuant sur une question posée. Omar Ibn Al Khattab avait pour habitude de réunir l’ensemble des compagnons juristes en l’absence de réponse clair et explicite dans le coran et la sunna. D’ailleurs, c’est par le même processus qu’Abu Bakr fut nommé calife et qu’il fut convenu du nombre de takbiraates lors de la prière mortuaire. Effectivement, à la demande d’Omar Ibn Al Khattab, les compagnons se réunirent et se mirent d’accord pour fixer le nombre de takbiraates à quatre, bien que le prophète en variait de quatre à huit lors de différentes prières mortuaires.

L’Ijtihad des compagnons

Le prophète autorisa et sensibilisa même les compagnons à la pratique de l’ijtihad. D’ailleurs, on sait que dans une lettre envoyée au Cadi Abou Musa Al Achaari par Omar ibn al khattab, il fait mention des règles du jugement, de ses caractéristiques, du déroulement du ijtihad et de la déduction des jugements. Il écrivit: « Ensuite fit toi à la compréhension, à ton ressentiment, sur ce que tu ne trouveras pas dans le coran et la sunna ». Etant donné que l’ijtihad repose sur la recherche, la compréhension, il est évidemment normal d’obtenir des raisonnements différents d’un compagnon à un autre.

Les compagnons Mufti

Certains compagnons, après la mort du prophète, se sont démarqués par leurs connaissances et leurs compétences dans les sciences. Parmi eux, certains devinrent mufti grâce à leur capacité à promulguer des fatwas, à la connaissance du droit et des jugements. On peut citer :

  • Ali Ibn Talib

    L’imam Ali ibn Talib mémorisa tous les versets coraniques et tous les hadiths qu’il avait pu entendre du prophète. Il disait à ce propos: « Par Dieu, pas un verset ne fut révélé sans que je ne connaisse où et pourquoi il fut révélé ». Avant son départ pour le Yémen, il dit au prophète : « Ô messager de Dieu, tu m’envoies alors que je suis encore jeune et méconnaissant du jugement ». Le prophète frappa alors sa poitrine et dit : « Ô Dieu guide son cœur et raffermit sa langue ». L’imam Ali déclara plus tard : « Par celui qui a fait fendre la graine, jamais je n’ai douté sur un jugement opposant deux personnes ». C’est pourquoi, sans doute, Omar s’abstenait toujours de prononcer un jugement sans l’approbation de l’imam Ali.

  • Omar Ibn Khattab

    Le prophète disait de lui : « Parmi les peuples qui nous ont précédé, certains n’étaient pas des prophètes mais recevaient la parole d’Allah. S’il devait en avoir un dans ma communauté ce serait Omar Ibn Al Khattab ». Le prophète disait aussi « Dieu a placé la vérité dans la langue d’Omar, ainsi que dans son cœur ». Omar fut le premier à écrire un livre sur l’Histoire en l’an 16 de l’Hégire. L’hégire, événement, par lequel débute justement son récit. En outre, il fut celui qui prit la décision de regrouper les hommes pour la prière nocturne, durant le mois de ramadan.

  • Aicha, la mère des croyants

    Elle fut une grande juriste, savante, éloquente et spécialiste des hadiths. Elle mémorisa un grand nombre d’entre eux et connaissait parfaitement l’Histoire du peuple arabe. En outre, elle excellait dans l’art de la poésie. Elle rapporta un grand nombre de hadiths aux compagnons et tabiis. Salmah Ibn Abdul Rahoran affirma : « Je n’ai vu plus savant de la sunna du prophète, plus juriste et connaisseur des versets coraniques qu’Aicha ».

  • Abdallah Ibn Masuud

    Ibn Masuud non seulement participant de la bataille de Badr, parmi les premiers musulmans, il fut aussi l’un des plus grands juristes et un excellent lecteur. Voilà, sans doute, pourquoi le prophète déclara : « Que celui qui veut réciter le coran comme il fut révélé, apprenne de la récitation d’Oum Abd ».

Bien entendu cette liste de compagnons n’est pas exhaustive. L’intérêt, étant simplement d’illustrer les compétences juridiques des compagnons parallèlement au fonctionnement de la juridiction islamique de l’époque.

Hedi Majdoub

il y a 4 ans