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Sagesses pour le Ramadan
Hedi Majdoub
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  1. "L’orgueil dĂ©bute par le seul fait de penser Ă  toi ..."

    Dans un hadith quodsi, Allah nous fait savoir en utilisant une parabole que : «la grandeur est Mon pantalon et l’orgueil Mon manteau et celui, parmi les crĂ©atures, qui veut en rivaliser avec Moi alors Je le dĂ©truis». L’Homme peut ĂȘtre profondĂ©ment habitĂ© par cette pathologie (l’orgueil), sans nĂ©cessairement que cela transparaisse dans le monde du visible, alors l’humilitĂ© est la seule issue pour le serviteur. L’humilitĂ© revient Ă  ĂȘtre conscient que tu ne peux faire l’objet d’aucune gloire car tout n’est qu’émanation divine. «Tout bienfait qu’il y a en vous est l’Ɠuvre de votre Seigneur.» Ainsi, comme le dit Ibn Ata Allah : «Ne te rĂ©jouis pas d’une bonne action parce que tu l’as rĂ©alisĂ©e, mais rĂ©jouis-toi parce que ton Seigneur t’a choisi pour faire de toi le miroir qui reflĂšte Son Ɠuvre.»

    VoilĂ , chĂšres lectrices et lecteurs, le sens de la citation de Junayd, une maniĂšre d’exhorter Ă  ne pas tomber dans l’égoĂŻsme ni dans la soif «d’exister». Puisque le seul fait de considĂ©rer ce que tu penses ĂȘtre ton «moi» : tes acquis, tes capacitĂ©s ou encore tes moyens indique que dans ton profond intĂ©rieur le culte du moi est en train de faire son chemin.

    A propos de l’auteur De son vrai nom al Junayd ibn Muhammad surnommĂ© Abul Qasim. Il est originaire de la ville de Nahawand. Mais il a grandi Ă  Bagdad oĂč il a passĂ© l’essentiel de sa formation tant thĂ©ologique que spirituelle. Il apprit le droit musulman auprĂšs du cĂ©lĂšbre Sheikh Abu Thawr et fut Ă©duquĂ© dans la spiritualitĂ© par Hassan al Bassri. A vingt ans Ă  peine, il Ă©tait dĂ©jĂ  mufti de Bagdad en prĂ©sence de ses maĂźtres. Il mourut en 267 h.

  2. "Celui qui pense ĂȘtre meilleur que pharaon a fait preuve d’orgueil."

    Notre bien-aimĂ©, le ProphĂšte paix et salut sur lui, disait : «celui qui a un atome d’orgueil dans son cƓur ne pĂ©nĂ©trera pas au paradis.» Et l’orgueil n’est rien d’autre qu’un Ă©tat d’esprit qui consiste Ă  s’attribuer des vertus qui ne sont pas les nĂŽtres. Ainsi, comme le dit l’auteur, le Sheikh Abu Salih Hamdoune: «Celui qui pense ĂȘtre meilleur que pharaon a fait preuve d’orgueil» pour la raison suivante : il ne connaĂźt pas son devenir et ne possĂšde pas le pouvoir de juger. Au-delĂ  de ses actions, qu’il n’oublie pas la parole prophĂ©tique: «L’un d’entre vous se mettra Ă  agir avec des agissements des habitants du paradis jusqu’au dernier souffle de sa vie
 Et lĂ , sa destinĂ©e le rattrapera, il commettra alors les actes des habitants de l’enfer et finira en enfer. Et l’un d’entre vous ne cessera d’agir comme les habitants de l’enfer jusqu’au dernier souffle de sa vie
 Et lĂ , sa destinĂ©e le rattrapera, il commettra alors les actes des habitants du paradis et il finira au paradis.» L’imam Ali, pour remĂ©dier Ă  ce sentiment trompeur, avait pour habitude de dire : «A chaque fois que tu lis un verset qui parle du bien, ne te dis pas que ce bien fait ton Ă©loge. Et lorsque tu rĂ©cites un verset qui fait Ă©tat d’un blĂąme, dis-toi alors qu’il t’est destiné».

    A propos de l’auteur Abu Salih Hamdoune Ibn Ahmad Al Qassar est un thĂ©ologien, spĂ©cialiste des hadiths et grand maĂźtre de la spiritualitĂ© musulmane du troisiĂšme siĂšcle de l’hĂ©gire. Il Ă©tait Ă  la tĂȘte du cĂ©lĂšbre mouvement de rĂ©fĂ©rence spirituelle, Al Malamatiyya : doctrine fondĂ©e sur la purification de l’ñme dans le strict respect de la charia. Il mourut en 271 h (893).

  3. "Si tu entreprends de réformer ton ùme alors trouve la force en retenant ta langue."

    Cette sagesse rĂ©sume les enseignements prophĂ©tiques. En effet, comme il est relatĂ© dans un hadith, lorsque les membres du corps se rĂ©veillent le matin, ils s’adressent tous Ă  la langue et lui disent : «Ô toi la langue, de toi dĂ©pend tout. Si tu es droite nous serons droits, si tu dĂ©vies nous dĂ©vierons tous».

    Ainsi, en concordance avec ce hadith, cette citation nous enseigne le meilleur moyen d’arriver Ă  l’éducation de l’ñme, Ă  savoir : retenir sa langue. L’imam Chafi’i avait pour habitude de dire : «Ô fils d’Adam, prends garde Ă  ta langue car c’est un serpent, prends garde Ă  son venin. Celui qui sait maĂźtriser sa langue, qui arrive Ă  diriger sa langue, Ă  contrĂŽler sa langue, cette personne-lĂ  trouvera la force de rĂ©frĂ©ner les passions de son Ăąme».

    Le ProphĂšte, paix et salut sur lui, fut interrogĂ© un jour : «Le musulman peut-il ĂȘtre avare ?» Il rĂ©pondit : «Oui». Puis on ajouta : «Est-ce qu’il peut ĂȘtre lĂąche ?» Il rĂ©pondit : «Oui». Enfin on ajouta : «Est-ce qu’il peut ĂȘtre menteur ?» Ce Ă  quoi il rĂ©pondit : «Non, le musulman ne peut mentir». La perversion de l’ñme dĂ©bute par une langue non maĂźtrisĂ©e. Et le ramadan, trĂšs chĂšres lectrices et lecteurs, n’est-il pas en cela une opportunitĂ© Ă  saisir ?

    A propos de l’auteur Abu Ali Ahmad ibn Assim Al Antaki est un cĂ©lĂšbre savant musulman, spĂ©cialiste des hadiths du troisiĂšme siĂšcle de l’hĂ©gire. NĂ© en 140 h, il s’est distinguĂ© par son ascĂ©tisme et sa connaissance pointue en matiĂšre d’éducation des cƓurs. Au point d’ĂȘtre surnommĂ© par ses pairs « l’espion des cƓurs ». Sa capacitĂ© singuliĂšre Ă  Ă©duquer les Ăąmes fit de lui une rĂ©fĂ©rence Ă  Damas et ce jusqu’à ce qu’il rendit l’ñme en 239 h.

  4. "Le rĂ©el espoir est celui qui te pousse Ă  Ɠuvrer."

    Il existe une rĂ©alitĂ© dans l’islam qui a Ă©tĂ© mise en avant dans un verset, dans lequel Dieu dit : «Ô vous mes serviteurs qui avez commis des excĂšs au dĂ©triment de vous-mĂȘme, ne dĂ©sespĂ©rez pas de la misĂ©ricorde de Dieu. Car Dieu pardonne tous les pĂ©chĂ©s.» Le croyant doit donc toujours vivre dans l’espoir, car c’est lui qui donne vie. DĂ©sespĂ©rer revient d’une certaine maniĂšre Ă  minimiser le pardon divin, car la misĂ©ricorde de Dieu est toujours beaucoup plus grande que nos pĂ©chĂ©s. L’imam Bussayri dit: «Ô toi l’ñme ne dĂ©sespĂšre pas du pardon de ton Seigneur, car les pĂ©chĂ©s ne sont qu’une goutte dans l’ocĂ©an du pardon d’Allah.»

    Mais qu’est-ce que l’espoir ? Le ProphĂšte, paix et salut sur lui, demanda un jour : «Connaissez-vous en rĂ©alitĂ© l’intelligent ?» Les compagnons rĂ©pondirent par la nĂ©gative. Au ProphĂšte, paix et salut sur lui, le parfait Ă©ducateur, de leur dire alors : «L’intelligent est celui qui mesure les capacitĂ©s de son Ăąme et se prĂ©pare Ă  ce qui vient aprĂšs la mort». Le rĂ©el espoir est celui qui est ancrĂ© en toi et qui t’encourage Ă  Ɠuvrer afin d’atteindre tes objectifs et non celui qui te pousse au dĂ©sespoir et Ă  baisser les bras.

    A propos de l’auteur Abu Muhammad Abdallah ibn Al Khoubayq Ă©tait originaire de Kuffa. Il fut, comme la majeure partie des grands thĂ©ologiens de son Ă©poque, un homme connu et reconnu pour sa piĂ©tĂ© et sa moralitĂ©, outre de la fonction d’imam qu’il occupait.

  5. "Le pĂ©chĂ© annonce la mort de l’ñme, telle l’agonie annonce la mort du corps."

    Dans le Coran plusieurs versets font Ă©tat de la vie et de la mort. Parfois au sens strict du terme, comme dans le verset : «Gloire Ă  Celui qui a crĂ©Ă© la vie et la mort afin de vous Ă©prouver.». Parfois avec une dimension spirituelle : «Celui qui Ă©tait mort et que nous avons ressuscitĂ© et Ă  qui nous avons accordĂ© une lumiĂšre avec laquelle il vit, est-il semblable au mort qui vit dans les tĂ©nĂšbres ?». Il s’agit ici de la mort spirituelle. Toute chose possĂšde des prĂ©ludes annonciateurs. Dieu dit : «C’est Lui qui envoie le vent comme annonciateur de la pluie, de Sa misĂ©ricorde.»

    De la mĂȘme maniĂšre, l’agonie prĂ©sage de la mort biologique et le pĂ©chĂ© prĂ©figure l’extinction de l’ñme. Le ProphĂšte, paix et salut sur lui, dit : «A chaque fois que l’Homme fait un pĂ©chĂ©, un point noir se forme dans son cƓur. S’il persiste dans son pĂ©chĂ©, les points noirs se multiplient dans son cƓur jusqu’à ce que celui-ci devient tout noir et perd la sensibilitĂ©.» Par consĂ©quent, il perd la notion du bien et du mal. Le mal est considĂ©rĂ© comme un bien et vice versa.

    D’ailleurs, un hadith nous le prĂ©disait il y a dĂ©jĂ  quatorze siĂšcles: «Celui qui vivra parmi vous verra l’époque oĂč la vertu n’a plus de valeur et oĂč le mal devient la vertu.

    A propos de l’auteur Abu Hafs Umar ibn Maslama Al Hadad, plus connu sous le nom d’Abu Hafs Al Naysaburi, a marquĂ© son Ă©poque en Ă©duquant une grande partie des musulmans grĂące Ă  ses innombrables connaissances et sagesses spirituelles. SurnommĂ© « maĂźtre du Khorassan », il rendit l’ñme en l’an 264 h.

  6. "Il n’y a d’épreuves pires que l’insouciance et la duretĂ© du cƓur."

    Dieu dit dans le Coran : «l’Homme a Ă©tĂ© crĂ©Ă© faible.» Facilement gagnĂ© par ses Ă©motions et passions, l’Homme fait difficilement face aux Ă©preuves de la vie. Cette souffrance psychologique que l’on ressent, pas moins douloureuse que la souffrance physique, est principalement causĂ©e par l’insouciance et l’inattention.

    MalgrĂ© tous les signes qui gravitent autour de l’Homme, il demeure nĂ©gligeant : «Combien y a-t-il de signes dans les cieux et sur la terre qui passent Ă  cĂŽtĂ© des Hommes tous les jours mais ils y sont totalement inattentifs, insouciants.».

    La duretĂ© du cƓur constitue aussi, au mĂȘme titre que l’insouciance, un flĂ©au moralement dĂ©vastateur pour l’Homme puisqu’elle le sĂ©pare totalement du monde dans lequel il vit. Comme le dit notre ProphĂšte, paix et salut sur lui : «Celui qui entre en contact avec ses semblables, endure leur mĂ©chancetĂ© et eux endurent la sienne, est meilleur que celui qui s’isole et refuse de se mĂ©langer avec les Hommes.»

    La sociabilitĂ© est en effet une formidable vertu, illuminant le cƓur de l’Homme et de ceux qui le cĂŽtoient. Mais dans un cadre plus spirituel, l’insouciance nous enlĂšve notre sensibilitĂ© Ă  Ă©veiller notre Ăąme. Et la duretĂ© du cƓur nous empĂȘche de contempler notre Seigneur.

    A propos de l’auteur NĂ© en 164 h, Abul Husseyn Ahmad ibn Abil Hiwari est Ă  la fois un cĂ©lĂšbre thĂ©ologien et un ascĂšte musulman du troisiĂšme siĂšcle hĂ©girien. Originaire de Kuffa, il s’installa Ă  Damas et cĂŽtoya les plus grands savants de son Ă©poque tels que Al Darani ou en encore Ibn Uwayna, avant de rendre l’ñme en 230 h.

  7. "Mon jour de paix est celui oĂč je n’ai pas dĂ©sobĂ©i Ă  mon Seigneur."

    Cette parole de Fudayl ibn Ayad prouve la grandeur de la philosophie de cet homme. Tandis que certains considĂšrent comme jour de paix et de gloire le jour de leur naissance, de leur embauche, de leur mariage, de l’obtention de leur diplĂŽme ou mĂȘme du versement de leur premier salaire


    Ce grand maĂźtre de la spiritualitĂ© musulmane considĂšre, lui, que dans sa vie il n’y a de place pour la joie que lorsqu’il a rĂ©ussi Ă  mettre une barriĂšre entre lui et la dĂ©sobĂ©issance Ă  Dieu. Puisque le pĂ©chĂ© occasionne la duretĂ© du cƓur, assombrissant notre clairvoyance et notre discernement , pour nous rĂ©duire Ă  l’état animal. C’est pourquoi Dieu dit : «Nous avons prĂ©parĂ© l’enfer pour beaucoup d’Hommes et de djinns car ils ont des cƓurs avec lesquels ils ne raisonnent pas, des yeux avec lesquels ils ne voient pas, des oreilles avec lesquels ils n’entendent pas. VoilĂ  ceux qui sont semblables aux bĂȘtes, mĂȘme pire encore».

    Ainsi quand l’Homme rĂ©ussit Ă  s’écarter de la dĂ©sobĂ©issance, il gagne l’ultime combat : le combat contre son Ă©go, son Ăąme, ses passions et ses dĂ©sirs. Dieu dit : «A rĂ©ussi celui qui a purifiĂ© son Ăąme» et aussi: «Celui qui craint son Seigneur et qui interdit Ă  son Ăąme les passions aura comme rĂ©compense la demeure de la satisfaction de son Seigneur.»

    A propos de l’auteur Abu Ali Al Fudayl ibn Ayad est une figure marquante du second siĂšcle hĂ©girien. NĂ© Ă  Samarkand en 107 h, il s’installa Ă  Kuffa et devint un savant distinguĂ© et respectĂ© de tous tant sur le plan scientifique que spirituel. SurnommĂ© « l’adorateur des deux mosquĂ©es sacrĂ©es » il rendit l’ñme en 187 h.

  8. "Celui qui s’écarte avec sincĂ©ritĂ© d’une passion alors Allah en prĂ©servera son cƓur."

    Celui qui vit dans la souffrance de dĂ©sobĂ©ir Ă  Dieu s’interroge : «quel est le premier pas Ă  faire pour guĂ©rir ? Devons-nous attendre qu’Allah guide nos cƓurs et alors, nous arrĂȘterons les pĂ©chĂ©s ? Ou est-ce le fait d’arrĂȘter les pĂ©chĂ©s qui entrainera notre guidĂ©e ?» Il n’y a aucun doute que la deuxiĂšme solution est la plus juste. En effet, nos cƓurs, comme le dit Ibn Ata Allah, sont des rĂ©cipients vides qui attendent de recevoir les donations du Seigneur et les misĂ©ricordes Ă©manent de Lui.

    Cependant un rĂ©cipient sale ne peut prĂ©tendre Ă  ces donations qu’en empruntant le chemin qui mĂšne vers elles autrement dit le chemin de la puretĂ© et du repentir. Ainsi celui qui dĂ©bute des rĂ©formes afin de se purifier alors Dieu interviendra. Dieu ne fait jamais pour l’Homme ce que ce dernier peut faire seul. Cependant, lorsque dans son cheminement l’Homme est confrontĂ© Ă  des difficultĂ©s qui dĂ©passent ses compĂ©tences d’humain, il se tourne vers son Seigneur qui acceptera sa demande Ă  condition que cette demande soit lĂ©gitime et qu’il fasse preuve de droiture et de dĂ©termination. Lorsque Seyidna Moussa a implorĂ© Dieu pour qu’il lui donne la dĂ©livrance, Dieu lui a dit : «Ô Moussa ! Nous avons acceptĂ© ta demande. Cependant, restez dans la droiture et ne suivez point le chemin de ceux qui se sont dĂ©tournĂ©s de Dieu».

    A propos de l’auteur Abu Suleyman Abd Al Rahman ibn Atiyya Al Darani est nĂ© en 140 h au sein d’une famille originaire de Damas. Grand Ă©rudit du troisiĂšme siĂšcle hĂ©girien, il fut Ă©galement un grand soufi au point d’ĂȘtre surnommĂ© par l’imam Al Dhahabi « l’ascĂšte de son Ă©poque ». Il rendit l’ñme l’an 215 h.

  9. "La piĂ©tĂ© de l’Homme se manifeste Ă  travers trois choses : ses dons, ses refus et ses paroles."

    Le plus grand acte de dĂ©votion est, comme le dit le ProphĂšte, paix et salut sur lui, la priĂšre. Dans cette adoration, Dieu nous ordonne de tourner nos corps en direction de la Mecque, comme dans le verset : «Tourne donc ton visage vers la mosquĂ©e sacrĂ©e, oĂč que vous soyez tournez-y vos visages.» Cependant, dans un autre verset, Dieu nous fait savoir que la Kaaba est la qibla, c’est-Ă -dire la direction des corps.

    Mais les cƓurs n’ont de direction si ce n’est Dieu. Autrement dit, Dieu est la direction des cƓurs et la Kaaba est la direction des corps. Lorsque le serviteur se tient physiquement en direction de la Kaaba mais que son cƓur ne se tourne pas vers son Seigneur alors sa priĂšre ne peut avoir de sens. Ainsi Dieu dit : «Malheur Ă  ceux qui font leurs priĂšres qui se lĂšvent et sont dans l’étourdissement.»

    Par contre Dieu dit de ceux qui, dans leurs priĂšres, ont pu matĂ©rialiser la prĂ©sence de leur Seigneur: «Bienheureux sont les croyants qui, lorsqu’ils se lĂšvent pour la priĂšre, le font avec crainte.» Celui qui dirige donc son cƓur vers son Seigneur a pour rĂ©compense Sa misĂ©ricorde. «Tournez-vous vers moi en m’implorant et je me tournerai vers vous en vous accordant, tournez-vous vers moi en me sollicitant, je me tournerai vers vous en vous rĂ©pondant.»

    A propos de l’auteur Abu Ali Chaqiq Ibn Ibrahim Al Balkhi Il est nĂ© dans la ville de khorassan d’une famille trĂšs riche. Grand commerçant, il se rendait trĂšs souvent en Turquie ville dans laquelle il connut le dĂ©clic qui le mena dans la voie de la spiritualitĂ©. Il Ă©tait l’initiateur du cĂ©lĂšbre Sheikh Hatim el Assam.

  10. "Fais de ce bas monde ton jour de jeûne et de la mort ta rupture."

    Le mot as-sawm, le jeĂ»ne, signifie l’abstention. Toute personne qui s’abstient d’une chose a jeĂ»nĂ© de cette chose. Chez certaines communautĂ©s, qui nous ont prĂ©cĂ©dĂ©es, le jeĂ»ne s’opĂ©rait par le refus de manger, de boire, de marcher et mĂȘme de parler. Ainsi Allah dit Ă  saydatouna Maryam: «Lorsque des gens s’adressent Ă  toi, dis-leur: j’ai formulĂ© un vƓu d’abstention pour mon Seigneur ainsi donc je ne parlerai pas». A l’heure oĂč les musulmans vivent le mois de ramadan comme le mois de l’abstinence Ă  la nourriture, Ă  la boisson et aux dĂ©sirs charnels, les maĂźtres soufis par cette citation nous rappellent une rĂ©alitĂ© beaucoup plus absolue que l’abstention Ă  la consommation : le refus de consommer tout ce qui ne conduit pas vers le Seigneur. Sois celui qui considĂšre que la cause des causes est plus forte qu’une simple cause.

    Ne sois donc pas l’adorateur de la cause mais celui de la cause des causes. Il en est de mĂȘme pour l’enfer et le paradis. ConsidĂšre le paradis et l’enfer comme des crĂ©atures Ă  ton image. Ne dĂ©sire pas la crĂ©ation, ne crains pas la crĂ©ation, ne dĂ©sire que Le CrĂ©ateur et ne crains que Lui. «Dieu et Son messager mĂ©ritent beaucoup plus que vous cherchiez leur agrĂ©ment si vous ĂȘtes raisonnable.

    A propos de l’auteur Abu Suleyman Daoud ibn Noussayr Al Ta-Ăź, d’origine du Khorossan, fut un grand savant musulman soufi. Il naquit Ă  Kuffa. Il apprit le droit de l’imam Abu Hanifa et devint un grand juriste Ă  son Ă©poque. Il mourut en 162 h.

  11. "Ô Seigneur ne me chñtie pas par l’humiliation du voile."

    Un grand maĂźtre spirituel partage un jour son intimitĂ© avec un de ses disciples et lui raconte l’histoire de son repentir.

    Il dit : «Je me suis adonnĂ© Ă  l’adoration du Seigneur pendant vingt ans d’une façon mĂ©canique et irrĂ©flĂ©chie. Peu Ă  peu, je me suis laissĂ© aller et j’ai commencĂ© doucement Ă  me dĂ©tourner. Trente ans aprĂšs m’ĂȘtre enfermĂ© dans cette dĂ©sobĂ©issance, je me suis regardĂ© dans un miroir et ma raison m’a parlĂ©e. Celle-ci m’a dit : «J’ai adorĂ© mon Seigneur vingt ans, puis je lui ai dĂ©sobĂ©i trente ans ; ma subsistance n’a pas diminuĂ© et aucun mal ne m’a touchĂ©. Il n’y a donc aucun mal alors Ă  dĂ©sobĂ©ir. A ce moment prĂ©cis, quelque chose dans les profondeurs de mon existence m’a rĂ©torquĂ©: «Je ne t’ai pas refusĂ© Mes bienfaits durant ces trente ans de dĂ©sobĂ©issance mais Je t’ai refusĂ© meilleur ; jamais tu ne dĂ©couvriras Ma Grandeur et jamais tu ne contempleras le mystĂšre qui M’entoure ».

    Il prit alors conscience que le voile est le pire des chĂątiments. Ce voile, qui recouvre les sens, est cette barriĂšre qui nous empĂȘche de percevoir les rĂ©alitĂ©s comme elles sont. Ainsi dans cette invocation le Sheikh dit : «Ô Seigneur ne me chĂątie pas par l’humiliation du voile» car il a compris que le chĂątiment n’est rien d’autre qu’une mise en garde qui te permet de retourner vers ton Seigneur.

    A propos de l’auteur Abul Hassan Sirri ibn Al Mughlas Al Saqti est un thĂ©ologien musulman du troisiĂšme siĂšcle hĂ©girien. Imam Ă  Bagdad, Al Sirri, oncle maternel du cĂ©lĂšbre Al Junayd, Ă©tait Ă©galement un grand maĂźtre soufi. Il rendit l’ñme Ă  Bagdad en 251 h.

  12. "Celui qui dirige son cƓur vers son Seigneur, Celui-ci dirigera Sa misĂ©ricorde vers lui."

    Le plus grand acte de dĂ©votion est, comme le dit le ProphĂšte, paix et salut sur lui, la priĂšre. Dans cette adoration, Dieu nous ordonne de tourner nos corps en direction de la Mecque, comme dans le verset : «Tourne donc ton visage vers la mosquĂ©e sacrĂ©e, oĂč que vous soyez tournez-y vos visages.»

    Cependant, dans un autre verset, Dieu nous fait savoir que la Kaaba est la qibla, c’est-Ă -dire la direction des corps. Mais les cƓurs n’ont de direction si ce n’est Dieu. Autrement dit, Dieu est la direction des cƓurs et la Kaaba est la direction des corps. Lorsque le serviteur se tient physiquement en direction de la Kaaba mais que son cƓur ne se tourne pas vers son Seigneur alors sa priĂšre ne peut avoir de sens. Ainsi Dieu dit : «Malheur Ă  ceux qui font leurs priĂšres qui se lĂšvent et sont dans l’étourdissement.»

    Par contre Dieu dit de ceux qui, dans leurs priĂšres, ont pu matĂ©rialiser la prĂ©sence de leur Seigneur: «Bienheureux sont les croyants qui, lorsqu’ils se lĂšvent pour la priĂšre, le font avec crainte.» Celui qui dirige donc son cƓur vers son Seigneur a pour rĂ©compense Sa misĂ©ricorde. «Tournez-vous vers moi en m’implorant et je me tournerai vers vous en vous accordant, tournez-vous vers moi en me sollicitant, je me tournerai vers vous en vous rĂ©pondant.»

    A propos de l’auteur Abu Mahfouz Maarouf ibn Fayrouz Al Karkhi est une figure marquante parmi les savants musulmans du second siĂšcle hĂ©girien. ThĂ©ologien et maĂźtre spirituel Ă  Bagdad, il rendit l’ñme en l’an 200 h dans cette mĂȘme ville.

  13. "La connaissance est un guide, la piété un conducteur."

    L’Homme vit dans une marche Ă©ternelle en aspirant Ă  ĂȘtre meilleur. La vie est donc un voyage oĂč, dans le meilleur des cas, on quitte les tĂ©nĂšbres de l’ignorance et de la passion vers la lumiĂšre de la connaissance et l’équilibre : « Allah est le dĂ©fenseur de ceux qui ont la foi: Il les fait sortir des tĂ©nĂšbres Ă  la lumiĂšre. Quant Ă  ceux qui ne croient pas, ils ont pour dĂ©fenseurs les Tagut, qui les font sortir de la lumiĂšre aux tĂ©nĂšbres. »

    Ainsi, chaque Homme nĂ©cessite un guide. Celui-ci prend la main de l’aspirant et lui montre la voie. Et le meilleur des guides n’est rien d’autre que la connaissance. Le ProphĂšte, paix et salut sur lui, dit : « l’ignorance est la pire des maladie ». C’est pourquoi le premier verset rĂ©vĂ©lĂ© fut Iqra (lis, apprends). Et Allah dit : «est ce que les connaisseurs et les ignorants sont comparables ?» Et dans un autre verset : «le voyant et le malvoyant ne sont pas comparables, ni l’obscuritĂ© et la lumiĂšre, ni la chaleur de la fraicheur, ni les morts et les vivants». Quant au conducteur qui nous mĂšne vers cet objectif, ce n’est rien d’autre que la piĂ©tĂ©. Ainsi, le ProphĂšte, paix et salut sur lui, Ă  chaque fois qu’il regardait la lune, disait : «Î Seigneur montre nous la vĂ©ritĂ© en tant que telle et donne nous la capacitĂ© de nous y soumettre»

    A propos de l’auteur Abu Abd Illah Ibn Otthman Al Makki, cĂ©lĂšbre juriste de Bagdad et grand maitre spirituel de son temps. Il fut initiĂ© par Abu Sahid Al Kharaz et a connu le cĂ©lĂšbre Sheikh abu Abd Illah Al Nabaji. Il est mort dans sa ville natale, Bagdad, en 913 aprĂšs JC.

  14. "Ô Seigneur, Tu viens de nous montrer ta puissance, montre nous maintenant Ta misĂ©ricorde."

    Cette citation est en rĂ©alitĂ© une invocation inspirĂ©e sortie de la bouche de Abu Yazid al Bastami. Un jour, alors qu’il Ă©tait en voyage, voguant sur un bateau en plein milieu de l’ocĂ©an, il prit quelques moments de repos et en profita pour s’endormir. Soudain, il fut rĂ©veillĂ© par les cris des membres de l’équipage, l’alertant que le bateau risquait de sombrer. Alors que chacun cherchait Ă  sauver sa vie, certains se jetaient Ă  l’eau, d’autres se cramponnaient Ă  tout ce qu’ils pouvaient, Abu Yazid se leva, tourna les yeux vers le ciel et, avec conviction, dit : «Ô Seigneur Tu viens de nous montrer ta puissance, montre nous maintenant Ta misĂ©ricorde.» A cet instant, le bateau reprit son Ă©quilibre et la tempĂȘte cessa, mettant fin ainsi Ă  leur panique.

    Dans cette citation deux choses nous frappent ; la conviction d’Abu Yazid al Bastami et sa sagesse. Cette derniĂšre est le fruit d’une foi qui l’inspira Ă  invoquer son Seigneur de la meilleure des maniĂšres. Allah dans le Coran nous cite ses attributs : Il est Le Grand ChĂątieur et Le Grand Pardonneur, Celui qui Ă©lĂšve et qui rabaisse, Celui qui accorde les largesses et Celui qui les restreint
 Ces deux extrĂȘmes, loin d’ĂȘtre des contraires quand il s’agit de Dieu, sont en effet complĂ©mentaires; Dieu ne t’éprouve, ne te rend malade, qu’afin de te faire part de Sa MisĂ©ricorde en te purifiant.

    A propos de l’auteur Abu Yazid al Bastami, de son vrai nom Tayfour ibn Issa el BASTAMI. Il est l’un des plus cĂ©lĂšbres maitres de la spiritualitĂ© musulmane du second siĂšcle de l’islam. Lui et ses deux frĂšres, Adam et Ali, Ă©taient d’une profonde sensibilitĂ© spirituelle reconnue par tous leurs pairs. Il est mort l’an 856 aprĂšs JC.

  15. "Les dĂ©butants se repentent de leurs pĂ©chĂ©s et les arrivants de l’inattention"

    Le repentir est la manifestation du retour du serviteur vers son Seigneur. Un retour indispensable sachant que le fils d’Adam, comme le dit le Coran : «est crĂ©Ă© dans la faiblesse», «est crĂ©Ă© dans la souffrance», «est crĂ©Ă© avec la prĂ©cipitation», «il ne sait endurer». Toutes ces faiblesses ont inspirĂ© le ProphĂšte, paix et salut sur lui, afin de nous faire part d’une rĂ©alitĂ© majeure Ă  savoir : «Tous les fils d’Adam sont sujets Ă  l’erreur et les meilleurs d’entre eux sont les repentants».

    Cependant, les Hommes ne sont pas tous du mĂȘme niveau et donc de rĂ©compenses diverses : «chacun aura un rang qui Ă©quivaut Ă  la rĂ©alitĂ© de ses Ɠuvres». Alors que certains vivent dans les obscuritĂ©s les plus profondes, d’autres jouissent d’un esprit un peu plus Ă©veillĂ© tandis que d’autres enfin, sont envoutĂ©s par leurs passions.

    Ainsi le Sheikh dit : «Les dĂ©butants se repentent de leurs pĂ©chĂ©s et les arrivants de l’inattention». Les dĂ©butants ont du mal Ă  rĂ©pondre aux actes du corps et Ă  la soumission de celui-ci. Les itinĂ©rants sont, eux, toujours dans la quĂȘte de la synchronisation entre l’esprit et le corps. Quant aux arrivants, ils ont atteint la finalitĂ© suprĂȘme, Ă  savoir : l’illumination intĂ©rieure.

    A propos de l’auteur Abu Al Fayd Ibrahim Zu Al Noun, il est d’origine nubienne et a grandi dans le sud de l’Egypte. Le Sheikh incontestĂ© de son Ă©poque en matiĂšre de spiritualitĂ©. Le calife de l’époque, Al Mutawakkil, tenait Ă  le rencontrer le plus souvent possible pour son Ă©quilibre spirituel personnel. Il est mort en 867 aprĂšs JC.

  16. "La meilleure des actions est de vivre son heure"

    Lorsqu’Allah crĂ©a l’Homme, Il le fit habiter cette Terre que l’on appelle le bas monde. Le ProphĂšte, paix et salut sur lui, la considĂšre, lui, comme une prison : «ce bas monde est la prison du croyant». La notion de prison est Ă©voquĂ©e car l’Homme a Ă©tĂ© enfermĂ© dans deux rĂ©alitĂ©s : le temps et l’espace. Nous serons toujours contenus dans l’espace.

    Ainsi Allah dit «Ô vous les Hommes et les djinns, si vous ĂȘtes capables de sortir du cadre des cieux et de la terre (c’est-Ă -dire de l’univers) alors faites-le. Et sachez que vous ne pouvez le faire que par une puissance». Cette puissance, certains oulĂ©mas l’ont expliquĂ©e par la science. Seule la science et la connaissance permettent Ă  l’Homme d’évoluer.

    NĂ©anmoins, quelque soit l’évolution, l’Homme sera Ă  jamais dans ce bas monde encerclĂ© par l’espace. Quant au temps, l’Homme se chagrine pour les Ă©lĂ©ments passĂ©s et est pris de peur quand il s’agit de son futur. Le croyant est celui qui vit et ressent tout l’opposĂ© ; Allah dit : «En vĂ©ritĂ©, les bien-aimĂ©s d'Allah seront Ă  l'abri de toute crainte, et ils ne seront point affligĂ©s» Le seul champ d’action est le prĂ©sent.

    Ainsi, Dieu jure par le temps dans une sourate invitant tout aspirant Ă  faire de chaque instant un moment de foi, de bonnes Ɠuvres : ce qui s’offre Ă  toi, ce qui est face Ă  toi, ton heure, ton instant ton temps actuel «Par le Temps! L'homme est certes, en perdition, sauf ceux qui croient et accomplissent les bonnes Ɠuvres, s'enjoignent mutuellement la vĂ©ritĂ© et s'enjoignent mutuellement l'endurance.»

    A propos de l’auteur Abu Abd Illah Mohamed Ibn Ismail Al Maghribi, sans doute le plus cĂ©lĂšbre des maitres de son temps notamment grĂące Ă  son Ă©tonnante longĂ©vitĂ©, 120 ans, qui n’ont pas altĂ©rĂ© sa luciditĂ©, ses connaissances mais aussi sa force physique (il Ă©tait vĂ©gĂ©tarien). InitiĂ© par Ali ibn Zayn, Il fut Ă  son tour l’initiateur de Ibrahim Ibn Chibane. Il est mort en 921 aprĂšs JC.

  17. "Celui qui n’est pas accompagnĂ© par un pieu dans sa faim, se nourrira d’illicite sans retenue"

    Cheminer dans la foi nĂ©cessite beaucoup plus qu’une simple motivation ou mĂȘme une conviction. En effet, une rĂ©elle organisation et prĂ©paration doivent ĂȘtre de rigueur. Tout doit ĂȘtre parfaitement planifiĂ©. Cette planification dĂ©bute par la prise de conscience puis le repentir.

    ArrivĂ© Ă  ce stade, des mesures doivent ĂȘtre prises afin d’avancer et non de revenir en arriĂšre. L’entourage a une importance capitale et doit impĂ©rativement ĂȘtre changĂ© si ceux qui nous entourent ne nous encouragent pas dans nos nouvelles aspirations. Avoir des amis pieux qui nous soutiennent dans cette rĂ©forme et ce cheminement spirituel aidera l’aspirant Ă  la constance. Se nourrir relĂšve non seulement du corps mais aussi de l’esprit. Accompagner des malfaiteurs aura alors pour consĂ©quence de manger de ce qui provient de l’illicite. Aussi, notre Ăąme ne consommera que des Ă©lĂ©ments proscrits tels que les insultes, la calomnie, la haine, la triche


    Ainsi le ProphĂšte, paix et salut sur lui, nous dit : « L'exemple du bon compagnon et du mauvais compagnon est semblable au porteur de musc et au forgeron. Quant au porteur de musc, soit il t'en donne, soit te le vend, ou bien tu profites de la bonne odeur. Tandis que le forgeron, soit il brĂ»le tes vĂȘtements soit tu supportes l'odeur infecte. »

    A propos de l’auteur Abu Bakr Ahmed Ibn Nasr Al Zaqaq Al Kabir, parmi les plus Ă©minent maitre spirituel de l’Egypte de son temps. Il fut contemporain de l’imam Al Junayd. Il est rĂ©putĂ© pour sa grande sagesse et ses compĂ©tences d’éducateur des Ăąmes. La date prĂ©cise de son dĂ©cĂšs reste mĂ©connu mĂȘme si elle se situe au milieu du 9ieme siĂšcle aprĂšs JC.

  18. "Le plus grand malheur c’est qu’il te prenne l’action et te laisse la parole"

    «N'as-tu pas vu comment Allah propose en parabole une bonne parole pareille à un bel arbre dont la racine est ferme et la ramure s'élançant dans le ciel? Il donne à tout instant ses fruits, par la grùce de son Seigneur. Allah propose ses paraboles à l'intention des gens afin qu'ils s'exhortent. Et une mauvaise parole est pareille à un mauvais arbre, déraciné de la surface de la terre et qui n'a point de stabilité.»

    Ce verset nous montre que l’action n’est rien d’autre qu’un fruit provenant d’un arbre. Cet arbre reprĂ©sente la parole et prend ses racines dans la terre, qui n’est rien d’autre que la foi. Ainsi, toute parole ne peut avoir de poids que par la force de ses racines. Aussi, la parole n’a de sens que si elle est accompagnĂ©e d’une action rendant vĂ©ridique les dĂ©clarations. A chaque fois que la foi est Ă©voquĂ©e dans le Coran, elle a toujours Ă©tĂ© suivie par la bonne action. Et vice-versa sauf dans trois versets du Coran : «qui a meilleure parole que celui qui appelle vers Allah et qui fait de bonnes Ɠuvres», «sauf ceux qui sont endurants et qui font de bonnes Ɠuvres» et «celui qui se repend et qui fait de bonnes actions».

    L’endurance, dire de bonnes paroles et le repentir, ont donc pris la place de la foi dans ces trois versets. Une maniĂšre de dire que ces trois actions ne peuvent en rĂ©alitĂ© surgir que d’un cƓur rempli de foi. En effet, connaĂźtre la foi ne peut se rĂ©aliser que si nous nous repentons vers notre Seigneur, faisons preuve d’endurance et de patience, et enfin si nous profĂ©rons de bonnes paroles.

    A propos de l’auteur Abu Mohamed Rouayne ibn Ahmed, un des grand grands juristes de son temps. Il dĂ©livrait des avis juridiques selon l’école de Daoud el Zahiri. Il Ă©tait aussi la rĂ©fĂ©rence en matiĂšre de spiritualitĂ© et d’éducation de l’ñme. C’était aussi un grand dĂ©fenseur du soufisme authentique fondĂ© sur le coran et sounna. Il est mort en 925 aprĂšs JC.

  19. "La perte rĂ©side dans la connaissance sans action, l’action sans sincĂ©ritĂ© et le compagnonnage sans respect "

    Il existe des mots dont leur sens ou leur signification rĂ©elle dĂ©passe l’entendement des Hommes. C’est le cas pour le mot « perte ». En effet, pour lui donner une signification ou dĂ©finition, l’Homme aura tendance Ă  dire : c’est l’acte de perdre des clĂ©s par exemple ou mĂȘme une personne qui nous est chĂšre. Ce n’est pas faux.

    Cependant, l’Homme doit chercher Ă  donner un sens plus profond et spirituel aux choses. Ainsi le ProphĂšte, paix et salut sur lui, Ă©duquait-il ses compagnons. Concernant cette sagesse, un hadith vient confirmer son message : «Le vrai perdant est celui qui s’est prĂ©sentĂ© le jour de la RĂ©surrection avec des montagnes de bonnes actions, des priĂšres, des jeĂ»nes
 mais dans sa vie, il a commis des injustices Ă  untel, insultĂ©, frappĂ©, dĂ©nigrĂ© et mĂ©dit sur le dos d’un autre. On lui reprend alors toutes ses bonnes Ɠuvres pour dĂ©dommager ses victimes jusqu’à ce qu’il ne lui reste plus de bonnes actions, on prendra alors des pĂ©chĂ©s de ses victimes pour les lui imposer comme fardeau et ainsi il se retrouve Ă  la fournaise.»

    Quant au respect, s’en abstenir en prĂ©sence de ceux partagent notre but, nos aspirations, n’a de consĂ©quence que l’éloignement et la distance. Que dire alors de ceux qui manifestent leur impolitesse devant leur maĂźtre ? Le bannissement est sĂ»rement le mot le plus approprié  Telle est la grande perte !!!

    A propos de l’auteur Abu Abdillah Mohamed ibn Al Fadhl Al Balkhi, cĂ©lĂšbre maitre spirituel de la ville de Samarcande dans l’actuel Ouzbekistan. Il fut initiĂ© par Ahmad ibn Khadraouia et fut aussi lui-mĂȘme l’initiateur du sheikh abu otthman el Hiri. Il est mort l’an 941.

  20. "Prenez garde de mentir, de trahir et de médire. Ensuite, faites tout ce que vous voulez"

    Etre un bon musulman est ĂȘtre opposĂ© Ă  tout ce qui ne relĂšve pas de la bonne moralitĂ©. Prier, jeĂ»ner, dĂ©penser en aumĂŽnes : toutes ces adorations sont les ornements du croyant qui doivent ĂȘtre en phase avec sa moralitĂ©. Le croyant tend toujours Ă  la perfection morale essayant jour aprĂšs jour de se doter des plus grandes qualitĂ©s morales. Certaines de ces derniĂšres sont indispensables voire obligatoires ou basiques.

    Un jour, un compagnon vint voir le ProphĂšte et lui demanda : «Le croyant peut-il ĂȘtre lĂąche ? Il dit : oui ! Peut-il ĂȘtre avare ? Il dit : oui ! et lorsqu’on lui demanda : peut-il ĂȘtre menteur ? Il rĂ©pondit : Non». Mentir est le plus vil des dĂ©fauts car il entraĂźne d’autres dĂ©faillances morales telles que la trahison ou encore la calomnie. Trahir ou calomnier, ne sont-ils pas la manifestion la plus Ă©pouvantable du mensonge ? De plus, elles ont cette capacitĂ© d’anĂ©antir nos actes. Mentir sur le dos d’une personne revient Ă  lui faire don de nos bonnes Ɠuvres tout en acceptant leurs pĂ©chĂ©s les plus horribles.

    Ainsi purifier notre intĂ©rieur en le remplissant de sincĂ©ritĂ© garantie la pĂ©rennitĂ© de nos actes ainsi que leur acceptation. Dans ce sens, celui dont ses ennemis le surnommaient «le vĂ©ridique et digne de confiance», notre bien-aimĂ© le ProphĂšte, paix et salut sur lui, dit un jour Ă  un de ses compagnons. «Sois vĂ©ridique et le peu d’acte te suffira».

    A propos de l’auteur Abu Al Fawaris Chah Ibn Shouja’ Al Karmani, est une des rĂ©fĂ©rences spirituelles du 10 Ăšme siĂšcle aprĂšs JC. Il s’est fait connaĂźtre pour son renoncement, sa pitiĂ© mais aussi son grand dĂ©vouement en matiĂšre d’adoration. Parmi ses maitres on compte Abu Tourab Al Nakhchi et Abu ‘Oubayd Al Boussri.

  21. "Tout ce qui ne trouve pas sa place dans la science, la sagesse et la spiritualitĂ©, est l’Ɠuvre du diable"

    Le diable ne participe pas aux actes Ă©manant de ceux qui ne l’ont fait en toute connaissance, sagesse et parfaite dĂ©votion. Ces trois Ă©lĂ©ments sont en effet un bouclier contre toute manipulation satanique. Lorsque Dieu dit Ă  Iblis «Sur Mes serviteurs tu n'auras aucune autorité», cela signifie qu’il n’aura aucune capacitĂ© d’agir sur leurs actions.

    Ainsi, toute la question est de savoir quelles sont les caractĂ©ristiques de Ses serviteurs. PremiĂšrement, la science. Pour voir son Ɠuvre acceptĂ©e, elle doit ĂȘtre conforme Ă  la science, qu’elle soit islamique ou mondaine.

    La sagesse, elle, relĂšve d’une capacitĂ© supĂ©rieure, c’est voir au-delĂ  de la science, l’acte qui sera le plus adaptĂ© Ă  la situation. Ce n’est pas le contraire de la science mais sa version la plus dĂ©veloppĂ©e. Elle s’acquiert grĂące Ă  l’expĂ©rience et est due Ă  une clairvoyance que Dieu accorde Ă  ses serviteurs les plus rapprochĂ©s. Le Coran dit Ă  cet effet : «Dieu donne la sagesse Ă  qui Il veut. Et celui Ă  qui la sagesse est donnĂ©e, vraiment, c'est un bien immense qui lui est donnĂ©.».

    La spiritualitĂ© elle, est ce lien qui lie Dieu au serviteur. Un Homme peut faire du bien sans pour autant associer Dieu Ă  sa cause, ainsi elle ne dĂ©passera pas le premier ciel et le diable s’occupera de l’annuler. Quant au spirituel, Dieu dit : «vers Lui monte la bonne parole, et Il Ă©lĂšve haut la bonne action»

    A propos de l’auteur Abu Al Abbas Ahmed Ibn Mohamed Sahl Ibn Atta Al Admi, il est contemporain d’Al junayd et disciple du Sheikh Ibrahim Al Marsani. Il Ă©tait, en plus de sa sensibilitĂ© spirituelle un grand thĂ©ologien distinguĂ©. Il est mort en l’an 931 aprĂšs JC.

  22. "Agir pour les gens est de l’associationnisme, et ne pas agir pour eux est de l’ostentation"

    La grandeur de l’éducation spirituelle est parfaitement dĂ©voilĂ©e Ă  travers cette magnifique sagesse. La subtilitĂ© de cette parole laisse tout Homme sensible Ă  la purification de l’ñme sous l’émerveillement. Percer les vices de l’ñme est la spĂ©cialitĂ© de ces maĂźtres spirituels qui ont consacrĂ© leur vie Ă  mettre en application le verset coranique : «A certes rĂ©ussi celui qui purifie son Ăąme.» afin d’ĂȘtre digne de se voir adressĂ© le Jour de la rĂ©surrection : «Ô toi, Ăąme apaisĂ©e, retourne vers ton Seigneur, satisfaite et agrĂ©Ă©e; entre donc parmi Mes serviteurs, et entre dans Mon Paradis.».

    Avant d’en arriver lĂ , l’aspirant doit percer les mystĂšres de son Ăąme et apprendre Ă  en dĂ©jouer les vices. Cette sagesse met en avant une autre facette de la sincĂ©ritĂ©. Associer Ă  notre acte la volontĂ© de satisfaire des individus constitue de l’associationnisme car adorer Dieu, agir pour Dieu, n’accepte pas la prĂ©sence d’une tierce personne. Mais lĂ  oĂč la perspicacitĂ© de la sagesse est pĂ©nĂ©trante, c’est qu’elle considĂšre que s’abstenir d’agir pour les Hommes est de l’ostentation. Comment divulguer une chose peut elle devenir ostentatoire ? La sincĂ©ritĂ© dans l’acte rĂ©side dans l’intention qui l’anime.

    Ainsi, lorsque nous refusons d’agir, nous ne devons pas le faire par crainte des regards des gens car leurs regards doivent ĂȘtre insignifiants Ă  nos yeux. Si nous considĂ©rons leurs regards, notre refus d’agir n’est donc plus motivĂ© pour Dieu mais elle manifeste notre Ă©gard vis-Ă -vis de nos actes. Cacher son acte alors, revient ici, Ă  extĂ©rioriser et exhiber notre sentiment de piĂ©tĂ©.

    A propos de l’auteur Abu Issac Ibrahim Ibn Adahm Ibn Mansour, Ă©tant d’une lignĂ©e royale, il raconte que son dĂ©clic spirituel lui est venu alors qu’il chassait le liĂšvre. Au milieu de son attraction, il sentit le plus profond de sa conscience l’interroger : « O Ibrahim, est-ce pour cela que tu as Ă©tĂ© crĂ©e ou est-ce cela ta vocation dans ce monde ? ». Ceci marqua le dĂ©but de son cheminement qui l’a rendu aussi grand que cĂ©lĂšbre dans le monde la spiritualitĂ©.

  23. "L’arbre de la connaissance est arrosĂ© par l’eau de la mĂ©ditation"

    Toute chose a Ă©tĂ© conçue dans ce bas monde pour Ă©voluer, grandir, pour passer d’une Ă©tape Ă  une autre. Ainsi, la vie du fils d’Adam est cyclique. Allah il dit : «Allah vous a crĂ©Ă© dans la faiblesse, vous quittez cet Ă©tat de faiblesse vers la force et vous quittez cet Ă©tat de force vers la faiblesse une deuxiĂšme fois.» (s30 v54). Il en est de mĂȘme pour les Ă©lĂ©ments terrestres, la nature, l’ocĂ©an


    La foi aussi passe par des Ă©tapes. Allah dit des croyants : «Tu les vois inclinĂ©s, prosternĂ©s, recherchant dÂŽAllah grĂące et agrĂ©ment. (
) Et lÂŽimage que lÂŽon donne dÂŽeux dans lÂŽEvangile est celle dÂŽune semence qui sort sa pousse, puis se raffermit, sÂŽĂ©paissit, et ensuite se dresse sur sa tige...» (s48 v29).

    Le croyant Ă©volue donc constamment dans la foi. Tout ce qui a germĂ© doit ĂȘtre arrosĂ© pour grandir. Cela nĂ©cessite donc un entretien permanent. Ainsi le Sheikh dans cette sagesse nous ouvre les portes de la connaissance, il nous dit : «L’arbre de la connaissance est arrosĂ© par l’eau de la mĂ©ditation.» Parce que la mĂ©ditation mĂšne vers la connaissance, la raison doit donc ĂȘtre mise Ă  contribution face aux thĂ©ories afin de s’enrichir de l’expĂ©rience de la pratique. L’arbre de la connaissance est arrosĂ© par l’eau de la mĂ©ditation.

    Jadis les oulĂ©mas disaient : «la connaissance vient par l’étude». Il disait aussi, «l’arbre de l’insouciance est arrosĂ© par l’eau de l’ignorance, celui du repentir par celle du regret, celui de l’amour par celle du don de soi»

    A propos de l’auteur Abu Al Abbas Ahmad Ibn Masrouq, parmi les rĂ©fĂ©rences musulmanes en matiĂšre de spiritualitĂ© et de purification de l’ñme. Il a Ă©tĂ© initiĂ© par 2 grands maitres, Al Mouhasabi et Al Saqti. Il est mort et enterrĂ© Ă  Bagdad l’an 920 aprĂšs JC.

  24. "Il se peut qu'Il te donne en te privant ou te prive en te donnant"

    Dans un verset du coran, Allah dit : «Vous pouvez aimer une chose alors qu'elle est mauvaise pour vous et vous pouvez détestez une autre alors qu'elle est bien pour vous, car Allah seul connait et vous vous ne connaissez rien» (2:216).

    Ce verset dĂ©montre une rĂ©alitĂ© absolue, le bien et le mal d’une chose ne dĂ©pend pas de l'amour ou non qu’on y porte. Pour employer une mĂ©taphore : quelque soit l'amertume d’un mĂ©dicament, ceci ne peut en aucun cas remettre en cause son efficacitĂ©. Ainsi si le croyant fait preuve de bon sens, il comprendra qu’en nous privant d'une chose que nous avions dĂ©sirĂ© il se peut qu'Allah nous donne un bienfait cachĂ© encore meilleur. De la mĂȘme maniĂšre, Il peut nous donner une chose qu'on lui a demandĂ© alors qu'en rĂ©alitĂ© il nous prive d'un grand bien qui aurait aboutit Ă  condition de perdre cette donation. Allah est le seul Connaisseur, le croyant ne peut que s'en remettre entiĂšrement Ă  Allah. Il lui appartient de Lui faire pleinement confiance, il en tirera profit comme le ProphĂšte le dit : «Accepte avec joie ce que ton Seigneur t'a donnĂ© et tu seras le plus riche des hommes».

    A propos de l’auteur Ibn Ata-Allah, Ibn Ata-Allah est sans doute l’un des maĂźtres spirituels les plus populaires et dont les Ă©crits sont les plus lus dans le monde musulman. Ibn Ata-Allah Al Sakandari a vĂ©cu au 13Ăšme siĂšcle en Haute Egypte, plus particuliĂšrement dans la rĂ©gion d’Alexandrie. Ibn Ata-Allah a fait ses preuves dans le monde spirituel et a compris que le plus important dans la vie du croyant ce n’est point la connaissance des sources mais plutĂŽt la comprĂ©hension et l’approche que l’on peut avoir des sources.

  25. "Un pĂ©chĂ© qui engendre l’humilitĂ© et le retour Ă  Dieu vaut mieux qu’une dĂ©votion qui Ă©veille la fiertĂ© et l’orgueil."

    ChĂšres lectrices, chers lecteurs, s’il n'y avait que cette sagesse dans les recueils d’Ibn Ata Ilah Alsakandari elle aurait suffi pour illuminer les cƓurs. En effet, nombreux sont ceux qui se laissent emporter par leurs actes de dĂ©votion au point de minimiser ceux qui pĂšchent oubliant que le bien et le mal sont des formes d'Ă©preuve. Allah dit dans le Coran : «Et nous vous Ă©prouvons par le bien et par le mal et c'est vers nous que vous allez retourner». Le mal peut donc ĂȘtre une Ă©preuve de la mĂȘme maniĂšre que le bien est aussi une Ă©preuve. Un pĂ©chĂ© n’est rien d’autre qu’une Ă©preuve dont il faut savoir sortir et le bien une Ă©preuve dont il faut savoir ĂȘtre digne. Le pĂ©chĂ© n'est pas une fatalitĂ© dans la mesure oĂč tous les fils d'Adam sont des pĂ©cheurs. De plus le bien que nous faisons ne garantie pas la misĂ©ricorde d'Allah car il reste Ă  savoir si Il l'a acceptĂ©. C’est pourquoi Ibn Ata Ilah Alsakandari dit qu’un pĂ©chĂ© qui suscite humilitĂ© et retour vers Dieu vaut mieux qu’une dĂ©votion qui suscite la fiertĂ© l'orgueil.

    Allah ne nous a ordonnĂ© le bien que pour qu’il rĂ©veille en nous l'humilitĂ© et le retour Ă  Dieu et nous a interdit le mal que pour ne pas s’égarer dans la fiertĂ© et l'orgueil. Pour rĂ©sumer si les actes de bien appellent vers le mal, alors c’est du mal mĂȘme si en apparence c'est du bien. A contrario tout ce qui conduit vers le bien est bien mĂȘme si il peut prendre une apparence d’un mal.

    A propos de l’auteur Ibn Ata-Allah, Ibn Ata-Allah est sans doute l’un des maĂźtres spirituels les plus populaires et dont les Ă©crits sont les plus lus dans le monde musulman. Ibn Ata-Allah Al Sakandari a vĂ©cu au 13Ăšme siĂšcle en Haute Egypte, plus particuliĂšrement dans la rĂ©gion d’Alexandrie. Ibn Ata-Allah a fait ses preuves dans le monde spirituel et a compris que le plus important dans la vie du croyant ce n’est point la connaissance des sources mais plutĂŽt la comprĂ©hension et l’approche que l’on peut avoir des sources.

  26. "Le mieux que tu puisses Lui demander c’est de parvenir Ă  faire ce qu’Il t’a demandĂ©."

    VoilĂ  une sagesse claire, prĂ©cise, qui n'a pas besoin d’un gros effort de rĂ©flexion pour ĂȘtre bien comprise. Ibn Ata Ilah Alsakandari a le mĂ©rite de poser les bonnes questions et d’y apporter les bonnes rĂ©ponses.

    L’Homme ne peut pas vivre en paix sans aspiration et le croyant ne peut survivre sans s’en remettre Ă  son Seigneur en quĂȘte de son soutien, d'oĂč la parole du ProphĂšte : «l'invocation est le cerveau de l'adoration» (Tirmidhi). Par ailleurs, Allah dit : «Et si ce n'Ă©tait pas grĂące Ă  vos adorations je ne me serais certes pas souciĂ© de vous» (25:77). En s’interrogeant alors sur la meilleure des invocations, on se rend compte qu’elle revient Ă  demander Ă  Allah la force de pouvoir faire tout ce qu'Il a demandĂ©. Allah dit dans un hadith Qoudsy : «Mon serviteur ne peut se rapprocher de moi par un moyen meilleur que celui d’accomplir les obligations que Je lui ai prescrites» (Bukhari).

    A propos de l’auteur Ibn Ata-Allah, Ibn Ata-Allah est sans doute l’un des maĂźtres spirituels les plus populaires et dont les Ă©crits sont les plus lus dans le monde musulman. Ibn Ata-Allah Al Sakandari a vĂ©cu au 13Ăšme siĂšcle en Haute Egypte, plus particuliĂšrement dans la rĂ©gion d’Alexandrie. Ibn Ata-Allah a fait ses preuves dans le monde spirituel et a compris que le plus important dans la vie du croyant ce n’est point la connaissance des sources mais plutĂŽt la comprĂ©hension et l’approche que l’on peut avoir des sources.

  27. "La faim est la nourriture des ascĂštes, le Zikr est celle des gnostiques."

    La notion de privation Ă  toujours eu une connotation nĂ©gative, de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, dans le conscient des hommes. Sauf chez les hommes de Dieu. Se priver des plaisirs mondains manifeste chez eux ce dĂ©tachement des dĂ©lices Ă©phĂ©mĂšres au profit de ceux essentiels et perpĂ©tuels. La faim en est l’exemple le plus probant. Ne pas manger de la journĂ©e est une chose inconcevable chez beaucoup. Pourtant, les ascĂštes en ont fait leur repas. Alors que manger Ă  pour effet de fortifier l’Homme corporellement, la faim, elle, fortifie l’ascĂšte de maniĂšre spirituelle. Ainsi vivait le prophĂšte, paix et salut sur lui. Un jour, sa fille, la noble Fatima apporta au ProphĂšte un petit morceau de pain. Il lui demanda : « Qu'as-tu lĂ , Fatima ? - C'est une tranche de pain; je n'ai pu m'empĂȘcher de te l’apporter. Il lui confia : c'est la premiĂšre chose que je mange depuis trois jours ». Nourrir son Ăąme, est aussi la caractĂ©ristique des hommes inspirĂ©s. Ils ressentent la faim spirituelle beaucoup plus que celle de l’estomac. Le rappel de Dieu, le Zikr, est pour eux un Ă©lĂ©ment plus crucial, il est vital. Une tradition prophĂ©tique ne dit pas t elle : «l’exemple de celui qui s’adonne au rappel de Dieu et celui qui s’en abstient, sont comparables au vivant et au mort» ?

    A propos de l’auteur Abu Muhammad Abdallah ibn Muhammad Al Kharaz est un maĂźtre spirituel du quatriĂšme siĂšcle hĂ©girien. Originaire de la ville de Rayy, Al Kharaz rĂ©sidait Ă  La Mecque oĂč il consacra ses Ă©tudes en compagnie d’Abu Hafs al-Haddad et Abu Imran al Kabir. Il rendit l’ñme avant l'annĂ©e 923 (310h).

  28. "La guĂ©rison du cƓur rĂ©side en cinq Ă©lĂ©ments."

    Cinq Ă©lĂ©ments selon Ibrahim ibn Ahmad Al Khuwass ont comme effet de guĂ©rir le cƓur. Les mĂ©dicaments spirituels prescrits par Al Khuwass sont les suivants :

    Le premier est «la rĂ©citation du coran avec mĂ©ditation», d’oĂč le verset coranique : «Ô gens ! Une exhortation vous est venue, de votre Seigneur, une guĂ©rison de ce qui est dans les poitrines, un guide et une misĂ©ricorde pour les croyants».

    Le second est se «priver de manger» conformĂ©ment au hadith prophĂ©tique : «Ne tuez pas les cƓurs par la nourriture et la boisson, car le cƓur ressemble aux cultures que l’excĂšs d’eau tue.»

    Le troisiÚme est la «priÚre nocturne», celle-ci a en effet un impact profond chez le croyant, comme le stipule le coran: «La priÚre pendant la nuit est plus efficace et plus propice pour la récitation.»

    Le quatriĂšme est «la supplication avant l’aube» ; Dieu Le TrĂšs Haut en parlant des hommes du paradis dit : «Ils ne dormaient que trĂšs peu la nuit et Ă  la fin de la nuit ils demandaient le pardon».

    Enfin, le cinquiĂšme consiste Ă  «frĂ©quenter l’assemblĂ©e des pieux.» Luqman le Sage disait Ă  son fils : «Attaches-toi Ă  frĂ©quenter les cercles des savants. Ecoute la parole des sages, car Dieu, qu'Il soit exaltĂ©, revifie le coeur mort par la lumiĂšre de la sagesse, comme Il fait revivre la terre par les averses.»

    A propos de l’auteur Abu Ishaq Ibrahim ibn Ahmad Al Khuwass fut un Ă©minent thĂ©ologien et maĂźtre spirituel du troisiĂšme siĂšcle de l’hĂ©gire. Proche de l’imam Junayd et de Abul Husseyn Al Noury, Ibrahim Al Khuwass rendit l’ñme Ă  Ray en 904 (291h).

  29. "Les passions sont les rĂȘnes du Diable, celui qui se laisse guider par elles, devient son esclave."

    Lorsque l’Homme se laisse guider par ses passions, il n’est plus maĂźtre de lui mĂȘme. Il subit alors l’influence du diable qui le dirige vers les dĂ©lices de ce bas monde. Sa passion devient sa seule prĂ©occupation ; elle prend une place centrale dans sa vie qu’il va organiser autour d’elle.

    Tant que sa raison de prendra pas le dessus sur ses dĂ©sirs, sur son cĂŽtĂ© animal, il vivra aveuglĂ© par la vie. Dans le coran, Dieu dit en ce sens : «N'as-tu pas vu celui qui prend sa passion pour divinitĂ©, et qu'Allah a Ă©garĂ© avec science et dont il a scellĂ© l'ouĂŻe et le cƓur et a mis un voile sur la vue. Qui pourra le guider aprĂšs Allah ? Ne vous rappellerez-vous donc pas ?». La passion est considĂ©rĂ©e comme une divinitĂ© car la place qu’elle occupe dans le cƓur de l’homme le pousse Ă  la servir aussi ardemment qu’un croyant pourrait adorer son Seigneur. Il est au service de ses dĂ©sirs autant qu’un croyant se dĂ©vouerait Ă  son CrĂ©ateur. Parce que «le Paradis est entourĂ© de dĂ©sagrĂ©ments et l'enfer de passions», l’homme doit faire un rĂ©el effort sur son Ăąme pour briser les chaĂźnes de l’esclavage dominĂ©e par ses passions.

    A propos de l’auteur Abu Bakr Muhammad ibn Ali al Kattani fut un grand thĂ©ologien du quatriĂšme siĂšcle hĂ©girien. Originaire de Bagdad, il fut un maĂźtre spirituel ayant cĂŽtoyĂ© Al Junayd, Al Kharraz ou encore Al Khuwass. Il s’installa Ă  La Mecque pour se consacrer totalement Ă  la dĂ©votion de son Seigneur et sera nommĂ© par ses pairs « La LumiĂšre de La Mecque ». Il dĂ©cĂ©da dans la ville sainte en 934 (322h).

  30. "Ne goĂ»tera pas au plaisir de l’au delĂ  celui qui aime se faire connaĂźtre des hommes.."

    La sincĂ©ritĂ© est la base de l’adoration. Cette derniĂšre ne serait ĂȘtre authentique que si elle est pratiquĂ©e exclusivement pour L’Unique. Ainsi, la satisfaction que l’Homme doit perpĂ©tuellement chercher dans tous ses faits et gestes est celle qui lui permettra d’accĂ©der Ă  la dĂ©livrance de son Ăąme ; la satisfaction divine. Il en sera ainsi doublement rĂ©compensĂ©. Non seulement ses actions seront acceptĂ©es mais son Ăąme s’élĂšvera aussi en degrĂ©.

    A l’opposĂ©, celui dont sa seule prĂ©occupation est d’attirer vers lui les regards humains s’expose non seulement Ă  leurs jugements, critiques, compliments aussi, mais plus important que tout, il a mis de cĂŽtĂ© Celui qui lui a donnĂ© vie. Un savant disait : «O Seigneur, j’aurais aimĂ© qu’entre Toi et moi nos relations soient soudĂ©es, et qu’entre les hommes et moi tout nous sĂ©pare. Si Ton Amour pour moi est avĂ©rĂ©, plus rien ne m’importe car tout ce qui se trouve sur terre deviendra poussiĂšre». Chercher la reconnaissance des hommes est donc une perte de temps car leurs avis sont alĂ©atoires et ne manifestent pas l’amour de Dieu pour toi.

    Au contraire, aimer se faire connaĂźtre des hommes est une marque de faiblesse. Ainsi le prophĂšte, paix et salut sur lui dit : «Tout Serviteur qui agit ici-bas en vue de se faire une rĂ©putation ou d’ĂȘtre pris en vedette verra Allah dĂ©voiler ses batteries devant toutes les crĂ©atures le Jour de la RĂ©surrection.»

    A propos de l’auteur Abu Nasr Bichr ibn Al Harith Al Hafi est un cĂ©lĂšbre thĂ©ologien, traditionnaliste et maĂźtre spirituel musulman du troisiĂšme siĂšcle hĂ©girien. Il naquit Ă  Bagdad en 770 (152h) et cĂŽtoie d’éminents savants tels que l’imam Malik, Fudayl ibn Iyaad ou encore Ibn Mubarak. Il rendit l’ñme en 841 (227h) dans sa ville natale, Bagdad.

  31. "Le jeĂ»ne est de trois dimensions ; celui de l’ñme, de la raison et de l’égo"

    Le maĂźtre Muzfar Al Qarmasini aborde dans cette sagesse la rĂ©alitĂ© du jeĂ»ne dans toute sa profondeur. Il dit donc : «Le jeĂ»ne est de trois dimensions ; celui de l’ñme consiste Ă  diminuer l’espoir, celui de la raison Ă  contredire les passions et celui de l’égo Ă  s’abstenir des pĂ©chĂ©s et de la nourriture».

    Dans la spiritualitĂ©, il existe trois degrĂ©s d’adoration. Il y a celui du corps, de la raison et de l’ñme. La validation d’une action se fait par le physique. Ainsi quiconque s’abstiendra de manger et de boire durant la journĂ©e verra son jeĂ»ne validĂ©. Le second palier consiste Ă  faire accepter son acte, et lĂ , la raison est de rigueur. Toute personne qui aura laisser ses passions prendre le dessus sur sa raison se verra priver d’acceptation. ConformĂ©ment Ă  la tradition prophĂ©tique : «Celui qui ne s’abstient de mentir et d’agir en consĂ©quence, Allah n’a que faire de son renoncement Ă  la nourriture». Il en est de mĂȘme pour la priĂšre, comme le dit le hadith : «l’homme ne sera rĂ©compensĂ© de sa priĂšre que les moments de concentration». Enfin le troisiĂšme degrĂ© consiste a ne plus considĂ©rĂ© l’adoration comme un rituel qui nous incombe mais un moment de bonheur. Le prĂ©sent est savourĂ© Ă  chaque instant. Le maĂźtre conclut alors en nous dĂ©finissant le jeĂ»ne de l’ñme : rĂ©duire l’espoir. Le croyant Ɠuvrera alors au jour le jour, fermant ainsi la porte aux ruses sataniques, citĂ©es dans le verset : «Satan leur fait des promesses et leur donne de faux espoirs. Et le Diable ne leur fait que des promesses trompeuses.»

    A propos de l’auteur Le maĂźtre Muzfar Al Qarmasini fait partie des Ă©minents savants musulmans du quatriĂšme siĂšcle de l’hĂ©gire. CĂ©lĂšbre pour ses sagesses spirituelles, il fut l’un des compagnons d’Abdallah Al Kharraz.

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  1. L’amour

    Dans le sens soufi, l’amour se dĂ©finit par une attirance vers quelqu’un ou quelque chose. Mais lorsque le soufi prĂ©tend aimer Allah, c’est pour lui un amour plus fort que le lien qui unit la branche Ă  l’arbre. Une branche ne peut prendre vie dĂ©coupĂ©e de l’arbre. Etant l’Ɠuvre de Dieu, nous ne pouvons prendre vie en nous dĂ©tachant de notre Seigneur, donc nous sommes dans l’obligation, pour exister, de rester cramponnĂ©s Ă  la corde divine «Et cramponnez-vous tous ensemble Ă  la corde d’Allah» (s.3, v.103).

    Mais ce sens du devoir, Ă  savoir se cramponner Ă  Allah, laisse parfois place Ă  ce qu’on appelle l’amour. Cet amour est dĂ©fini par Rabi'a Al Adawiya, lorsqu’elle dit : « Ô Seigneur, n’eĂ»t Ă©tĂ© ta sagesse, j’aurais souhaitĂ© qu’il n’y ait pas de paradis, afin qu’aucun ne puisse t’adorer par amour pour le paradis. Et n’eĂ»t Ă©tĂ© ta sagesse, j’aurais souhaitĂ© qu’il n’y ait pas d’enfer, afin que nul ne puisse t’adorer par crainte de l’enfer ». Une maniĂšre de dire qu’elle souhaiterait que Dieu soit adorĂ© uniquement par amour, un amour inconditionnel, Ă  sa juste valeur. Et elle disait aussi : « Ô Seigneur, je T’aime de deux amours : un amour parce que Tu le mĂ©rites, et un amour passionnel. Quant Ă  mon amour passionnel, il se manifeste par le fait d’effacer de mon regard tout ce qui n’est pas Toi. Et quant Ă  l’amour que Tu mĂ©rites, c’est celui qui me mĂšnera au dĂ©voilement, afin que je puisse Te contempler. Mais je n’ai de mĂ©rite ni dans le premier ni dans le deuxiĂšme cas, mais Ă  Toi seul revient le mĂ©rite dans les deux cas car, n’eĂ»t Ă©tĂ© Ton amour pour moi, je ne T’aurais aimĂ© ».

    Et dans cet amour profond, l’imam Ibn Al Farid a composĂ© d’excellents poĂšmes dans lesquels il dĂ©clare sa flamme Ă  son Seigneur lorsqu’il dit:«Tu es mes obligations et mes nawafils, mes discussions et mes prĂ©occupations/ Tu es ma direction lorsque je me tiens debout pour prier/ Ta beautĂ© est sous mes yeux, vers elle je dirige tout en moi/ Ton secret est dans ma conscience et mon cƓur est le mont du dĂ©voilement/ En une nuit, j’ai aperçu du feu dans le quartier et j’ai prĂ©venu ma famille/ Attendez, leur dis-je, peut-ĂȘtre trouverais-je ma guidĂ©e, peut-ĂȘtre/ Une fois prĂšs de lui, ce fut le feu de l’interpellĂ© avant moi/ Et l’on m’appela Ă  haute voix. Faites revivre mes nuits et mon bonheur/ Et une fois l’heure de l’unification de mon ĂȘtre arrivĂ©e
/ Ma montagne est devenue poussiĂšre par la grandeur du dĂ©voilĂ©/ Et un subtil secret se manifesta. Seuls mes semblables le comprennent/ Me voilĂ  Moussa de mon temps depuis qu’une partie de moi est devenue tout en moi/ Dans la mort se trouve ma vie et dans la vie ma mort/ Je suis le pauvre, le malade. Ayez pitiĂ© de ma situation et de mon humilitĂ©.»

  2. L’écoute

    Ecouter, c’est prĂȘter l’oreille. Allah dit : «craignez Allah, suivez les ordres, et soyez Ă  l’écoute». Le croyant est toujours Ă  l’écoute, c’est Ă  dire qu’il cherche Ă  puiser l’entendement qui est nĂ©cessaire Ă  renouveler la foi, car comme dit le ProphĂšte : «la foi s’use telle un habit, pensez Ă  la renouveler». Lorsqu’on l’interrogea sur la maniĂšre de la renouveler, il rĂ©pondit : «Multipliez la mention de la formule LĂą ilaaha illa Allah (Il n’y a nul dieu que Dieu)». Et le ProphĂšte nous fait savoir que la meilleure parole qui nourrit les cƓurs est le Coran. Notre maĂźtre Seyidina Uthman disait : «si vos cƓurs Ă©taient purs jamais ils ne seraient rassasiĂ©s du Coran», et notre maĂźtre le ProphĂšte dit dans un autre hadith: «on ne se fatigue pas Ă  force d’écouter le Coran».

    L’écoute dans la tradition spirituelle consiste donc Ă  consacrer du temps dans ses journĂ©es Ă  l’écoute du Saint Coran. D’une part parce qu’à chaque fois que tu l’écoutes c’est comme si tu prĂȘtais l’oreille Ă  ton Seigneur une nouvelle fois, mais c’est aussi de lĂ  que vient la comprĂ©hension, Allah dit: «Il y a en cela un rappel pour celui qui a un cƓur, qui prĂȘte l’oreille et qui est tĂ©moin» (s.50, v.37).

    Ecouter le Coran est Ă©galement une source de misĂ©ricorde pour toute personne qui le fera avec attention : «Et quand on rĂ©cite le Coran, prĂȘtez-lui l'oreille attentivement et observez le silence, afin que vous obteniez la misĂ©ricorde». Ecouter avec Ă©gard ces paroles divines se traduit en une quiĂ©tude venant habiter l’auditeur qui ressent ainsi la douceur de la foi : «Les vrais croyants sont ceux dont les cƓurs frĂ©missent quand on mentionne Allah. Et quand Ses versets leur sont rĂ©citĂ©s, cela fait augmenter leur foi.».

    Le ProphĂšte, paix et salut sur lui, en personne aimait Ă©couter le Coran de la part de ses compagnons. Ecouter les poĂšmes dont les thĂšmes restent essentiellement la gloire du ProphĂšte et l’amour de Dieu occupe aussi une place notable dans la spiritualitĂ© de tout aspirant. Leur expression ainsi que leur contenu, ont pour effet d’augmenter l’amour et la foi des auditeurs, plongĂ©s dans le sens des paroles.

  3. L'acte de se prémunir

    GĂ©nĂ©ralement traduit par la piĂ©tĂ©, le mot « at taqwa » signifie l’acte de se prĂ©munir, le fait de se donner une protection. Ce mot vient de «wiqaya», qui renvoie Ă  l’idĂ©e de se protĂ©ger. Allah dit: «celui qui, pour se prĂ©server du chĂątiment, positionne sa tĂȘte en direction du feu». Le mot « at taqwa », c’est donc de se prĂ©munir. Et lorsque l’on dit «wa taqullah», cela ne signifie pas «craignez Allah», mais plutĂŽt prĂ©munissez-vous de la colĂšre d’Allah, mettez entre vous et la colĂšre de votre Seigneur une barriĂšre qui vous empĂȘche d’aller au-delĂ  de ce qu’Il a ordonnĂ©. C’est pourquoi Allah a fait de cette « taqwa » la porte de tout bien.

    Pour ceux qui sont Ă  la recherche de la bĂ©nĂ©diction, Allah dit: «si les habitants de la citĂ© avaient cru et s’étaient prĂ©munis, nous leur aurions ouvert les bĂ©nĂ©dictions des cieux et de la terre» (s.7, v.96). Pour ceux qui recherchent de la connaissance divine, Allah dit: «prĂ©munissez-vous de votre Seigneur et Il vous enseignera» (s.2, v.282). Pour rĂ©ussir Ă  ne pas ĂȘtre manipulĂ©, trompĂ©, Ă©garĂ© par qui ou quoi que ce soit, obtenant ainsi la lumiĂšre divine nous permettant de discerner le vrai du faux, le bien du mal, le pur du souillĂ©, Allah dit: «Ô vous qui croyez! Si vous vous prĂ©munissez d’Allah, Il vous accordera la facultĂ© de discerner (entre le bien et le mal), vous effacera vos mĂ©faits et vous pardonnera. Et Allah est le DĂ©tenteur de l'Ă©norme grĂące»

    Quant Ă  ceux qui souhaitent se voir accepter leurs dons, adorations et invocations, Allah dit dans le Coran: «Allah n'accepte que de la part de se qui se prĂ©munissent». La Taqwa nous est mĂȘme prĂ©sentĂ©e comme Ă©tant la meilleure parure que l'on peut s'offrir. Allah dit: «Ô enfants d'Adam! Nous avons fait descendre sur vous un vĂȘtement pour cacher vos nuditĂ©s, ainsi que des parures. - Mais le vĂȘtement de la « taqwa » voilĂ  qui est meilleur.»

    VoilĂ  pourquoi Allah en a fait la recommandation majeure pour nous et toutes les communautĂ©s qui nous ont prĂ©cĂ©dĂ©es : «PrĂ©munissez vous de la colĂšre divine» VoilĂ  ce que Nous avons enjoint Ă  ceux auxquels avant vous le Livre fut donnĂ©, tout comme Ă  vous-mĂȘmes. Chers lectrices et lecteurs, les versets qui parlent de ceux qui se protĂšgent et prĂ©servent de tout pĂ©chĂ© sont innombrables mais il suffit de savoir qu'Allah leur a rĂ©servĂ© Son amour et la bonne fin, Allah dit : «Allah aime les prĂ©munis», «la bonne fin est rĂ©servĂ©e aux prĂ©munis».

  4. L’altruisme

    Faire passer l’autre avant soi, trouve sa source dans la religion musulmane dans un verset coranique qui dit : «ils font passer les autres avant eux, mĂȘme si ce sont des choses qui sont trĂšs intimes et personnelles.» Ce verset a une histoire : lorsque le ProphĂšte, paix et salut sur lui, arriva Ă  MĂ©dine, il dĂ©signa des binĂŽmes d’hommes. Chaque mecquois eut comme tuteur un mĂ©dinois chargĂ© de l’aider Ă  s’intĂ©grer. Cette dĂ©marche fut tellement sincĂšre de la part des deux parties que certains divisaient leur argent en deux. D’autres proposĂšrent mĂȘme Ă  leur binĂŽme de choisir une de leurs femmes afin de l’épouser. Ils avaient atteint un niveau oĂč leur ambition dĂ©passait le stade de possession des plaisirs mondains. D’ailleurs leurs volontĂ©s n’étaient pas animĂ©es par le plaisir de satisfaire leur binĂŽme.

    Mais leur regard Ă©tait portĂ© sur la satisfaction divine. Il est meilleur de faire partie des gens qui se sacrifient pour les autres plutĂŽt que d’ĂȘtre la personne pour qui les gens se privent de leur confort. Toute personne digne se doit de refuser cette position. AgrĂ©er ce que Dieu t’a donnĂ© est la meilleure des richesses. Ainsi, lorsqu’un des compagnons du ProphĂšte, paix et salut sur lui, fut accueilli; son binĂŽme lui proposa la moitiĂ© de son argent et de subvenir Ă  ses besoins. Il lui rĂ©pondit : «je prĂ©fĂšre que tu me prĂȘtes l’argent et que je te le rende» et lui demanda plutĂŽt de lui expliquer les rĂ©alitĂ©s commerciales et les piĂšges Ă  Ă©viter Ă  MĂ©dine. Ce compagnon devint par la suite l’un des plus riches de MĂ©dine. Il souhaitait gagner son argent par ses propres efforts. La gĂ©nĂ©rositĂ© n’est donc pas que matĂ©rielle, elle est aussi d’ordre temporelle et morale.

    Un jour, alors que Sayidna Ibn ‘Abbas Ă©tait en retraite spirituelle dans la mosquĂ©e du ProphĂšte, paix et salut sur lui, un homme rentra dans la mosquĂ©e et lui exposa un grand problĂšme qu’il le tourmentait. Sayidna Ibn ’Abbas se leva et l’accompagna afin de dissiper son souci. L’homme lui dit «mais tu es en retraite !». Sayidna Ibn ’Abbas lui rĂ©pondit : « j’ai entendu le ProphĂšte, paix et salut sur lui, dire deux paroles : «la meilleure des actions est une joie que tu mets dans le cƓur d’un croyant qui mesure le poids des choses, qui sait ce qui est raisonnable et ce qui ne l’est pas, ce dont il a besoin et ce dont il n’a pas besoin. Et la meilleure des crĂ©atures est celui qui est le plus utile aux crĂ©atures». Et cela est prĂ©fĂ©rable que de rester quarante ans en retraite spirituelle. Cela reflĂšte la manifestation d’une des caractĂ©ristiques de Dieu, c’est Lui qui pourvoit aux besoins des Hommes.

  5. L’évocation d’Allah

    «Et invoque ton Seigneur en toi-mĂȘme, avec humilitĂ© et crainte, Ă  mi-voix, le matin et le soir, et ne sois pas du nombre des insouciants.» s.7 v.205

    Ce verset montre avec beautĂ© la relation d’intimitĂ© avec le seigneur que tout croyant se doit de crĂ©er et d’entretenir par le biais de la pratique appelĂ©e le dhikr ou l’évocation d’Allah.: «Evoquez moi et je vous Ă©voquerais».

    Par ailleurs, notre maĂźtre le ProphĂšte, paix et salut sur lui, dit : «Allah dit : «Je serais avec mon serviteur oĂč il pense me trouver, je serai avec lui lorsqu’il m’évoquera, s’il le fait en lui, Je le ferai en Moi, s’il le fait devant une assemblĂ©e, Je le ferai devant une assemblĂ©e bien meilleure encore» (Bukhari). «Celui qui Ă©voque son Seigneur et celui qui ne l’évoque pas sont comparables respectivement aux vivants et aux morts.» (Tirmidhi)

    A ce propos, un homme demanda Ă  notre Bien-aimĂ©: «Ô messager d’Allah ! Les prescriptions de l’Islam sont trop nombreuses pour moi, donne-moi une chose Ă  laquelle je puisse m’attacher». Il lui dit : «Que ta langue ne cesse d’ĂȘtre imbibĂ©e par l’évocation d’Allah». (Tirmidhi). On peut citer Ă©galement Sa parole lorsqu’il dit : «Vous informerai-je de la meilleure de vos Ɠuvres, la plus pure auprĂšs de votre MaĂźtre, celle qui vous Ă©lĂšve le plus de degrĂ©, meilleure encore que de dĂ©penser de l’or et l’argent ou de combattre vos ennemis ?» «Bien sĂ»r !» nous rĂ©pondĂźmes. Il nous dit alors : «L’évocation d’Allah». (Tirmidhi).

    L’étendue de la vĂ©racitĂ© de ces propos prophĂ©tiques se vĂ©rifient en mĂ©ditant sur le hadith dans lequel il est dit : «Quiconque dit 100 fois par jour : «il n'y a pas d'autre divinitĂ© qu'Allah, l'unique sans associĂ©, Ă  lui la RoyautĂ© et la Louange, et il est capable de toute chose», aura la rĂ©compense de l'affranchissement de 10 esclaves, on lui Ă©crira 100 bonnes actions, et on lui effacera 100 pĂ©chĂ©s ; et personne n'aura une meilleure rĂ©compense sauf une personne qui aura accompli plus de bonnes actions que lui» (Bukhari) ou encore le verset 35 de la sourate 33 lorsqu’Allah dit : «Ceux et celles qui Ă©voquent Allah beaucoup de fois, Allah a prĂ©parĂ© pour eux un pardon et une Ă©norme rĂ©compense»

  6. L’humilitĂ©

    L’humilitĂ© fait partie de ces grandes vertus que l’on peut transformer en donation. DiffĂ©remment de la misĂ©ricorde que l’on peut donner, ou de l’argent qu’on partage, l’humilitĂ© est semblable Ă  la couleur de peau dont on ne peut se dĂ©faire. Attention cependant Ă  la fausse humilitĂ©. Par exemple, lorsqu’un homme que l’on fĂ©licite pour la beautĂ© de sa rĂ©citation coranique et de sa voix, rĂ©pond par : «Non, ce n’était pas beau» alors qu’au fond de lui, il est convaincu de la beautĂ© de ce qu’il vient d’accomplir, il ne s’agit pas d’humilitĂ© ; c’est mentir, tricher, ĂȘtre hypocrite.

    En revanche, affirmer en toute objectivitĂ© : «C’est beaucoup plus beau que vous ne le pensez, vous n’avez pas l’écoute professionnelle et vous ne pouvez pas vous rendre compte de la qualitĂ© de ce que vous venez d’entendre, et encore, je ne vous ai pas tout montrĂ©.» ne va pas Ă  l’encontre de l’humilitĂ© car c’est une prise de conscience des bienfaits d’Allah. C’est dans ce sens que le compagnon Abou Moussa, aprĂšs avoir rĂ©citĂ© le Coran sous l’écoute du ProphĂšte, paix et salut sur lui, et que ce dernier l’ai complimentĂ© pour sa voix : «Dieu t’a accordĂ© un trĂ©sor parmi les trĂ©sors de la famille de Daoud», rĂ©pondit : «Ô Messager de Dieu, je ne savais pas que tu m’écoutais, sinon j’aurais embelli ma voix et mieux rĂ©cité».

    Rester rĂ©aliste et conscient des bienfaits dont on peut jouir et le revendiquer n’est nullement une forme d’orgueil. Dieu dit en effet : «Et quant au bienfait de ton Seigneur, proclame-le». Etre conscient de Ses bienfaits doit rĂ©sulter d’une conviction que tout ce qu’on possĂšde est le fruit non pas de nos efforts mais de la volontĂ© divine. L’humilitĂ©, c’est de regarder nos compĂ©tences ou qualitĂ©s comme Ă©tant des dons divins, que Dieu aurait pu accorder Ă  d’autres et ne pas se considĂ©rer supĂ©rieur Ă  qui que ce soit. L’humilitĂ© est la vĂ©ritĂ©.

    Celui qui considĂšre ce qu’il a comme Ă©tant le rĂ©sultat de son Ɠuvre se trouvera dans la mĂȘme position de Qaroun qui dit un jour : «C'est par une science que je possĂšde que ceci m'est venu». Sa rĂ©tribution fut : « Nous fĂźmes donc que la terre l'engloutĂźt, lui et sa maison. Aucun clan en dehors d'Allah ne fut lĂ  pour le secourir, et il ne pĂ»t se secourir lui-mĂȘme.» D’oĂč le hadith prophĂ©tique : «Celui qui est humble, Dieu l’élĂšvera, quant Ă  l’orgueilleux, il le rabaissera»

  7. L’invocation

    «Et votre Seigneur dit invoquez-moi et je vous répondrai» S.40-v.60

    L’invocation occupe une grande place dans la vie du croyant car elle reprĂ©sente le lien entre le Seigneur et son serviteur, Ă  ce sujet Allah dit : «Dis mon Seigneur ne se saurait point souciĂ© de vous sans vos invocations» S.25-v.77. et Il dit : «Et si mes serviteurs t’interrogent Ă  mon sujet, je suis certes proche, je rĂ©ponds Ă  l’invocation de celui qui invoque lorsqu’il m’invoque».

    MĂȘme si, dans ces versets, notre Seigneur nous garantit l’acceptation cela n’exclut pas que le croyant doit connaĂźtre les rĂšgles essentielles pour la bonne acceptation de nos demandes et souhaits. On peut citer par exemple le fait d’ĂȘtre convaincu lors des invocations, comme le dit le ProphĂšte : «Invoquez Allah tout en Ă©tant convaincus qu’Il vous exaucera» Tirmidhi.

    Il faut aussi apprendre Ă  ne pas dĂ©sespĂ©rer et ce quelque soit le temps qui s’écoule entre la demande et l’acceptation car : «Allah exaucera les souhaits de l’un d’entre vous tant qu’il ne dĂ©sespĂšre pas en disant je L’ai invoquĂ© mais Il ne m’a pas rĂ©pondu» Bukhari.

    Il faut aussi apprendre Ă  ne solliciter le Seigneur que pour le bien en Ă©tant dĂ©terminĂ©. On rapporte que jadis le cĂ©lĂšbre gouverneur de Bagdad, Hajaj Ibn Youssouf (rĂ©putĂ© pour sa tyrannie) a vu un homme allongĂ© par terre formuler des invocations tel un insouciant, c’est alors que Hajaj sortit son Ă©pĂ©e et menaça l’homme en lui disant : «Implore ton Seigneur de te prĂ©server de moi car je m’apprĂȘte Ă  te tuer». Alors l’homme se mit Ă  pleurer d’une maniĂšre intense en disant : «Ô Seigneur, prĂ©serve ma vie et sauve-moi de Hajaj» ; et lĂ  Hajaj remit son Ă©pĂ©e dans le fourreau et lui dit : «Si tu veux que ton Seigneur t’exauce, c’est avec la mĂȘme ferveur que tu dois l’invoquer».

  8. La bonté

    La bontĂ© est une des branches de l’arbre de la misĂ©ricorde. Elle est un Ă©lĂ©ment qui, Ă©manant de l’amour et de la misĂ©ricorde, pousse Ă  ĂȘtre serviable.

    Dieu dans le Coran met en exergue les domaines d’application de la bontĂ©, dans un verset de la sourate Al Baqarah. Il Ă©voque la bontĂ© intĂ©rieure d’une part, qui consiste en la foi, la bontĂ© extĂ©rieure d’autre part, qui consiste en l’agissement. Cette bontĂ© extĂ©rieure peut se manifester vis-Ă -vis du Seigneur et vis-Ă -vis des semblables, et aussi une bontĂ© de l’ñme, qui est un Ă©tat d’esprit : «La bontĂ© pieuse ne consiste pas Ă  tourner vos visages vers le Levant ou le Couchant. Mais la bontĂ© pieuse est de croire en Allah, au Jour Dernier, aux Anges, au Livre et aux prophĂštes, de donner de son bien, quelque amour qu’on en ait, aux proches, aux orphelins, aux nĂ©cessiteux, aux voyageurs indigents, et Ă  ceux qui demandent l’aide et pour dĂ©lier les jougs, d’accomplir la priĂšre et d’acquitter l’aumĂŽne. Et ceux qui remplissent leurs engagements lorsqu’ils se sont engagĂ©s, ceux qui sont endurants dans la misĂšre, la maladie et quand les combats font rage, les voilĂ  les vĂ©ridiques et les voilĂ  les vrais pieux !» (s.2, v.177)», C’est Ă  dire voilĂ  ceux qui ont Ă©tĂ© vĂ©ridiques quand ils prĂ©tendent avoir la bontĂ©. Ce verset met le doigt sur un Ă©lĂ©ment fondamental de la foi Ă  savoir l’acte du corps et celui des membres du corps. Dieu introduit le verset par le cĂŽtĂ© nĂ©gligeable de tout acte dĂ©muni de motivation sincĂšre Ă  la satisfaction divine.

    Prier machinalement matin et soir, sans concentration, ni crainte, ni espoir n’est nullement un acte de bontĂ© quand bien mĂȘme cette adoration relĂšve des plus manifestes actes spirituels. L’acte de la conscience entraĂźnant l’homme Ă  la conviction de la croyance est cette bontĂ© que celui qui est Ă  la quĂȘte de Dieu doit chercher. Lorsque la certitude aux Ă©lĂ©ments de la foi est Ă©tablie, tout acte encouragĂ© par une bonne intention se transformera en une bontĂ© pour ĂȘtre bĂ©nĂ©fique tant Ă  l’auteur qu’au destinataire. Ta moralitĂ© se verra amĂ©liorĂ©e et tes aspirations Ă©levĂ©es. Ainsi lorsqu’un compagnon interrogea ProphĂšte, paix et salut sur lui, sur la bontĂ©, il rĂ©pondit : «Interroge ton cƓur, la bontĂ© se trouve lĂ  oĂč ton Ăąme et ton cƓur se trouve apaisĂ©s».

  9. La clairvoyance

    L’homme possĂšde des yeux dont l’action est appelĂ©e la vue, en arabe « al bassar ». Quant Ă  l’ñme, elle perçoit les choses par la clairvoyance, « al bassira ». La clairvoyance est donc cette capacitĂ© de vision profonde et de comprĂ©hension avancĂ©e des choses allant au-delĂ  de leur aspect visible, limitĂ© dans l’espace et dans le temps. Celui qui voit un homme, par exemple, il ne voit de cette personne que son aspect physique.

    La clairvoyance est cette capacitĂ© d’aller au-delĂ  du visible, au-delĂ  de ce qu’il paraĂźt, au-delĂ  de ce que l’on observe. Un homme clairvoyant ne se laisse donc pas tromper par le paraĂźtre, mĂȘme dans le futur. Aujourd’hui un homme peut ĂȘtre bien mais ne plus l’ĂȘtre dans dix ans. Le clairvoyant est celui qui par l’étude du comportement et par ce que Dieu lui a accordĂ©, est capable d’anticiper ce qui se passera dans telle et telle situation. On peut donc dĂ©finir la clairvoyance comme Ă©tant la guidĂ©e des cƓurs. Dieu dit : «celui qui croit en Allah, Allah guidera son cƓur». Il a la capacitĂ© de sentir.

    Une nuit, Sayidna ‘Ali fit un rĂȘve bien aprĂšs la mort du ProphĂšte, paix et salut sur lui, et de Sayidna Abou Bakr. Il rĂȘva qu’un matin, il partit et pria Ă  la mosquĂ©e derriĂšre le ProphĂšte, paix et salut sur lui. Une fois la priĂšre terminĂ©e, en rentrant chez lui, il vit une femme devant la porte, qui lui donna des dattes en lui disant : "donne les au ProphĂšte, paix et salut sur lui, dis-lui que c’est de ma part". Alors il les donna, toujours dans le rĂȘve, au ProphĂšte. Le ProphĂšte, paix et salut sur lui, lui tendit une datte. Seyidna Ali, qui trouva la datte succulente, lui dit: «Ô Messager de Dieu, peux-tu me rajouter une deuxiĂšme ?» Au moment oĂč le ProphĂšte levait la main pour lui rajouter, il se rĂ©veilla. Quelques instants aprĂšs son rĂ©veil, vint l’heure de fajr et il partit alors Ă  la mosquĂ©e. C’était Sayidna ‘Omar qui dirigeait la priĂšre. Quand ils finirent la priĂšre, en sortant, il vit une femme qui lui donna une assiette de datte et lui dit «donne-la Ă  Amiroul Mouminin.» En recevant l’assiette, Sayidna ‘Omar propose une datte Ă  l’imam Ali. Ce dernier, trouvant la premiĂšre dĂ©licieuse, demanda une seconde datte. Sayidna ‘Omar prit la datte et au moment de lui passer il lui dit : «Ô ‘Ali, si le ProphĂšte, paix et salut sur lui, t’avais rajoutĂ© une deuxiĂšme, je t’aurais rajoutĂ© une deuxiĂšme.» EtonnĂ© l’imam Ali lui demande comment il l’a su. A notre maĂźtre Umar de lui dire : «ne sais-tu pas que le croyant perce par son Ăąme les rĂ©alitĂ©s ?»

  10. La compagnie

    Dans la voie qui mĂšne Ă  Allah, l’aspirant se doit d’ĂȘtre bien entourĂ©. Tout d’abord par un Sheikh, car celui-ci est un exemple vivant de la maturitĂ© spirituelle, un connaisseur des mĂ©thodes prophĂ©tiques d’éducation et surtout, un hĂ©ritier de la science des messagers de Dieu. Comme le dit si bien notre maĂźtre le ProphĂšte : «les savants sont les hĂ©ritiers des ProphĂštes et l’on hĂ©rite des ProphĂštes ni argent ni biens, mais plutĂŽt la connaissance.» Ainsi, comme pour tous les domaines du profane, il nous faut un formateur. Le Sheikh est un formateur qui, ayant une expĂ©rience bien dĂ©terminĂ©e, partage celle-ci en montrant la voie. Il ne fait donc aucun doute, mĂȘme si certains rĂ©futent cette parole par ignorance, que « celui qui n’a pas de maĂźtre qui le prend par la main, qu’il sache qu’il a laissĂ© son Ăąme Ă  la merci du Diable et de sa passion ». Et cette « macheikha », cette compagnie d’un cheikh, est venue dans un hadith de Bukhari ou le ProphĂšte dit : «celui qui meurt alors qu’il n’a pas attachĂ© autour de son cou la corde de l’allĂ©geance Ă  un imam, qu’il sache qu’il est mort dans l’ignorance». Et ici, il ne parle pas de l’imam SuprĂȘme, mais d’un imam, du guide qui nous montre la voie, qui nous prend par la main.

    AprĂšs cette compagnie, fondĂ©e dans la confiance mutuelle, le respect et l’amour, il en existe un autre type, tout aussi important : la compagnie de tes frĂšres qui partagent tes aspirations. Leur compagnie est importante car c’est celle-ci qui rĂ©veille en toi la dĂ©termination ou, Ă  dĂ©faut, qui fortifie ta dĂ©termination lorsqu’elle s’affaiblit. Ainsi Allah dit : «protĂšge ton Ăąme, en restant en compagnie de ceux qui adorent leur Seigneur matin et soir, et qui dĂ©sirent Sa face. Et ne dĂ©tourne pas ton regard d’eux, sinon tu aimeras la beautĂ© de ce bas-monde.»

    Parmi les formes de compagnie que Dieu considĂšre comme telle, celle des parents. Cette compagnie ne se justifie pas par leur croyance ou mĂ©crĂ©ance, mais tout simplement par le lien d’ascendance : «donne leur ta compagnie dans ce bas-monde de la meilleure maniĂšre» (s.31, v.15). Cependant, la compagnie ne signifie pas ĂȘtre soumis aveuglement Ă  quelqu’un, malgrĂ© la bontĂ© dont il faut faire preuve. En effet, Dieu dit : «si tes parents te demandent de faire le pĂ©chĂ©, ne les suis pas, mais garde ta compagnie avec eux dans ce bas-monde de la meilleure maniĂšre» (s.31, v.15).

    Il existe enfin une autre forme de compagnie, c’est celle de notre conjoint, celui qui partage notre vie quotidienne. Cette personne doit ĂȘtre choisie avec prĂ©caution. Pour cela il faut avant tout se mettre d’accord, et vĂ©rifier que l’on partage non pas la mĂȘme maniĂšre de vivre, mais les mĂȘmes principes. On peut certes ĂȘtre diffĂ©rents sur les moyens d’arriver Ă  nos fins, mais notre but doit ĂȘtre le mĂȘme.

  11. La constance

    C’est sans aucun doute la vertu la plus difficile, voire quasi impossible Ă  respecter Ă  cette Ă©poque. En effet, le ProphĂšte, paix et salut sur lui, dit : «soyez constant mais vous ne saurez l’ĂȘtre.» La constance consiste Ă  ce que chaque partie de ton ĂȘtre soit continuelle dans la tĂąche que le Divin lui a attribuĂ©e.

    Ainsi la langue peut ĂȘtre constante et les mains non. Les yeux peuvent ĂȘtre constants mais pas les oreilles. Il faut donc que chaque Ă©lĂ©ment de ton existence soit stable. VoilĂ  ce qu’on appelle « al istiqama ». MalgrĂ© sa difficultĂ©, c’est la seule voie qui mĂšne vers la wilaya. Dans le Coran, Dieu dit au ProphĂšte, paix et salut sur lui : «sois constant, comme je te l’ai ordonnĂ©.» La constance est liĂ©e Ă  un ordre. Dieu aime la rigueur et il n’a pas demandĂ© Ă  l’Homme d’ĂȘtre constant Ă  la mesure de ses possibilitĂ©s mais Ă  la mesure de l’ordre divin. Et Il dit : «ceux qui ont dit notre seigneur est Dieu et qui ont respectĂ© la constance, ils n’auront plus Ă  connaĂźtre ni peur, ni tristesse.» Et Il dit dans un verset : «ceux qui ont dit Dieu est notre seigneur et ont gardĂ© la constance, ils connaĂźtront le soutien et la compagnie des anges Ă  tout instant au moment oĂč ils s’apprĂȘteront Ă  faire leur dernier voyage pour quitter ce bas monde. Ils auront comme message « N'ayez pas peur et ne soyez pas affligĂ©s; mais ayez la bonne nouvelle du Paradis qui vous Ă©tait promis.»

    Le premier pas vers la constance est avant tout de bien s’entourer, comme le dit ibn ‘Atta Allah : «n’accompagne pas celui dont sa situation ne te motive pas et dont les propos ne te mĂšnent pas vers Allah. S’il n’a pas pu t’influencer dans le mal, il a quand mĂȘme usĂ© de ton temps que tu aurais pu utiliser dans autre chose qui plaĂźt Ă  Dieu».

    La seconde Ă©tape est de retenir sa langue, Le ProphĂšte, paix et salut sur lui, dit : «la clef de la constance c’est la langue.» Et il dit : «tous les matins, tout le corps s’adresse Ă  la langue et lui dit tu es notre chef, si tu es constante, nous serons constants, si tu ne l’es pas nous ne le serons pas.»

    Enfin, le troisiĂšme Ă©lĂ©ment de la constance est la durabilitĂ© dans les actes. Saydatouna ‘Aicha dit : «la famille du ProphĂšte a Ă©tĂ© Ă©duquĂ©e dans une seule chose, la constance dans ses actions». Ne commence pas une action tant que tu n’en garantis pas la constance. Et le ProphĂšte, paix et salut sur lui, dit : «la meilleure des actions auprĂšs de Dieu est celle qui dure dans le temps mĂȘme si c’est minime.»

  12. La méditation

    «Il y a dans la crĂ©ation des cieux et de la terre, dans l’alternance du jour et de la nuit, dans les navires qui voguent au-dessus de l’ocĂ©an chargĂ©s de choses profitables aux gens, dans l’eau qu’Allah fait descendre du ciel, par laquelle Il rend la vie Ă  la terre une fois morte et y rĂ©pand les bĂȘtes de toute espĂšce, dans la variation des vents, et dans les nuages soumis entre le ciel et la terre, en tout cela il y a des signes pour ceux qui raisonnent». (s.2, v. 164) Et ces signes-lĂ  ne sont visibles que pour les gens de raison, les gens de l'intellect. Allah a citĂ© les caractĂ©ristiques de ces derniers de plusieurs maniĂšres diffĂ©rentes. Il les a notamment appelĂ©s les convaincus, les douĂ©s d’intelligence, ceux qui sont attentifs, ceux qui connaissent, ceux qui raisonnent, ceux qui se rappellent, ou encore ceux qui se souviennent. Tout ceci pour dĂ©signer les gens de l’intellect, car l’Homme ne tire sa supĂ©rioritĂ© vis-Ă -vis des autres habitants de ce bas-monde que par son intelligence. Un Homme qui ne rĂ©flĂ©chit pas ne vaut en rĂ©alitĂ© pas mieux qu’un mouton.

    Ainsi, la culture de la mĂ©ditation ne cesse d’évoluer dans la pratique de la spiritualitĂ©. Et mĂ©diter, c’est observer et s’interroger sur la pertinence des paroles d 'Allah. Il existe d’ailleurs Ă©normĂ©ment de versets ou de hadiths que l’on on pourrait rĂ©pĂ©ter tous les jours sans pour autant mĂ©diter et essayer de comprendre ce qui se cache vraiment derriĂšre. Parmi ces exemples, le hadith oĂč notre maĂźtre le ProphĂšte dit Ă  un compagnon: «prends mon manteau et donne-moi le tien. Parce que ton manteau n’a cessĂ© de me perturber dans ma priĂšre».

    La rĂ©flexion doit toujours animer nos comprĂ©hensions des hadiths et des versets coraniques et non une lecture dĂ©munie d’entendement. Plus nous cherchons Ă  aborder les sources par la pensĂ©e et la mĂ©ditation, plus Allah dĂ©versera en nous la comprĂ©hension des choses. Le tout est de s’adonner Ă  cet exercice de raisonnement, en exposant les hypothĂšses plausibles Ă  nos questionnements jusqu’à ce nos cƓurs se voient accorder l’illumination divine nous conduisant Ă  la vĂ©ritĂ©. Ainsi parmi les paroles que l’on a hĂ©ritĂ©es du compagnon Abu Darda: «MĂ©diter une heure est meilleure que de s’adonner en priĂšre la nuit durant»

  13. La politesse

    La politesse est la vertu qui regroupe le mieux les valeurs de l’islam. En effet, elle rĂ©unit savoir-faire, savoir-ĂȘtre, et savoir-vivre. En rĂ©alitĂ©, tout en l’Homme n’est que relationnel : tantĂŽt vis-Ă -vis de son CrĂ©ateur, tantĂŽt vis-Ă -vis de ses semblables, les crĂ©atures, et tantĂŽt vis-Ă -vis de lui-mĂȘme, et de son Ăąme.

    La politesse envers son Seigneur, c’est tout simplement de prĂ©server la vĂ©racitĂ© de la servitude face Ă  Lui. Comme cela a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©, la vĂ©racitĂ© est le fait que la moindre partie de notre ĂȘtre ne soit que du Vrai. Cela englobe donc notre maniĂšre de faire, de penser, notre Ă©tat d’esprit, nos actes, nos intentions, etc. Cette vĂ©racitĂ© tire sa force d’un nom d’Allah, le Vrai : «Tel est ton Seigneur, le Vrai» (s.31, v.30). Et donc, toute personne qui se branche dans le rayonnement de son Seigneur le Vrai ne peut qu’avoir de la vĂ©racitĂ©. Et cette vĂ©racitĂ© dans la servitude vis-Ă -vis de Dieu regroupe un large ensemble de vertus, parmi lesquelles le respect, magnifier Sa grandeur, Le remercier, reconnaĂźtre Ses bienfaits


    Vient ensuite la politesse dans ses relations avec les autres. Tout son comportement a Ă©tĂ© rĂ©sumĂ© par le hadith : «Le vrai musulman est celui dont les Hommes ne craignent ni sa main, ni sa langue. Le croyant est celui auquel les gens font confiance, et le grand djihadiste est celui qui combat son Ăąme et son Ă©go. L’immigrant est celui qui abandonne la dĂ©sobĂ©issance pour immigrer vers l’obĂ©issance». Une belle maniĂšre donc de rĂ©sumer la politesse dont l’Homme doit faire preuve.

    La troisiĂšme grande forme de politesse est celle que l’on accorde Ă  son Ăąme, Ă  soi-mĂȘme. Il s’agit lĂ  de prĂ©server son Ăąme, de la purifier, et de ne pas lui ouvrir les portes de la perversitĂ©. Ainsi, la politesse se manifestera avant tout dans la parole. Allah dit : «Dis Ă  mes serviteurs de parler de la meilleure maniĂšre» (s.17, v.53).

    Mais prĂ©server la politesse dans ses paroles et dans ses actions ne suffit pas, il faut aussi ne pas oublier la politesse dans ses pensĂ©es. Ainsi, les soufis ont pour habitude de dire : «ne peut connaĂźtre l’illumination intĂ©rieure celui qui est dĂ©muni de politesse, car la priĂšre n’est-elle pas simplement une manifestation de la grande politesse ?»

  14. La puissance

    La puissance est la capacitĂ© de mettre en Ɠuvre sa volontĂ©. Ainsi elle est l’exclusivitĂ© du divin. Mais par Sa grandeur et pour Ă©lever l’Homme Ă  son rang puisqu’Il l’a crĂ©Ă© Ă  Son image, Allah a fait de la puissance un des attributs des anges. Il dit Ă  propos de l’enfer qu’il est surveillĂ© par des Anges durs, solides et puissants. Il a aussi fait de la puissance une des caractĂ©ristiques de Seyidina Djibril, Il dit : "le ProphĂšte a Ă©tĂ© instruit par le dĂ©tenteur de la puissance" (s.53, v.5) et Il dit "dĂ©tenteur de puissance et trĂšs digne de confiance auprĂšs de son Seigneur". Il a fait aussi de la puissance et la force une des caractĂ©ristiques des pieux. Allah dit "la puissance est celle de Dieu, du ProphĂšte et des croyants". De mĂȘme, notre maĂźtre le ProphĂšte dit : «le musulman fort est meilleur et plus aimĂ© de son Seigneur que le musulman faible mais ils ont tous les deux du bien».

    Le musulman fort est meilleur que le musulman faible ; sa force Ă©voquĂ©e ici, est celle de la foi et de la dĂ©termination qui fait que rien ne peut le dĂ©tourner de son objectif. Et Seyidatouna Aicha nous dit "le ProphĂšte dans sa maison aidait sa famille et travaillait. Et lorsque venait l’heure de la priĂšre, il sortait pour l’accomplir comme s’il ne nous avait jamais connu et que nous ne l’avions jamais connu". Cette force de dĂ©termination fait qu’on ne retourne pas en arriĂšre. Cette force est tantĂŽt matĂ©rielle, tantĂŽt spirituelle, et ces deux forces sont comme deux ailes pour le croyant, deux ailes sans lesquelles on ne peut avancer. Et Allah nous montre cette dualitĂ© de la force dans un seul verset en disant : «Nous avons donnĂ© Ă  Daoud la grande grĂące. Ô montagnes et oiseaux rĂ©pĂ©tez avec lui. Et pour lui, Nous avons adouci le fer» (s. 34, v.10-11). Dieu Ă©voque d’abord la force spirituelle de Seyidina Daoud, qui Ă©tait telle que, lorsqu’il rĂ©citait le livre, les oiseaux et les montagnes imploraient Allah en mĂȘme temps que lui. Tout ceci par la puissance de sa spiritualitĂ©. Puis Allah Ă©voque la force matĂ©rielle en faisant de son prophĂšte Daoud, paix et salut sur lui, le premier Ă  crĂ©er des armures. Dieu dit ensuite : "Ɠuvrez alors pour remercier Allah de cette grande grĂące". Ainsi Seyidina Suleymane rĂ©sumait cette grĂące en disant : "Ô vous les hommes ! Allah nous a enseignĂ© la parole des oiseaux et de chaque chose qui peut tenir un royaume il nous a donnĂ© une partie. VoilĂ  la grĂące Ă©clatante." Le musulman doit donc chercher Ă  s’imprĂ©gner de cette force car le croyant fort est meilleur que le croyant faible.

  15. La reconnaissance

    Dieu dit : «celui qui est reconnaissant, ne l’est que pour lui-mĂȘme et peu de mes serviteurs sont reconnaissants.» La reconnaissance a trois Ă©tapes. La premiĂšre : savoir que tu as un bienfait. La seconde : reconnaĂźtre d’oĂč vient ce bienfait. Et la troisiĂšme : savoir oĂč doit aller ce bienfait. Toute personne qui passe Ă  cĂŽtĂ© de la premiĂšre Ă©tape qui consiste Ă  prendre conscience du bienfait ne peut ĂȘtre reconnaissante. En effet, il se plaindra sur des bienfaits que Dieu lui a accordĂ©s, le considĂ©rant, par son manque de luciditĂ©, comme une Ă©preuve.

    Quant Ă  la seconde phase, celui qui considĂšre ĂȘtre la cause et l’auteur de ce bienfait, provenant de son intelligence ou de ses efforts, n’a pas Ă©tĂ© reconnaissant car il n’identifie pas son Seigneur comme Ă©tant Le Bienfaiteur.

    Pour la troisiĂšme phase, quand Dieu pourvoie son serviteur d’un bienfait, celui-ci doit l’utiliser pour le remercier. Et pour ce faire, le bienfait doit ĂȘtre dĂ©pensĂ© dans ce pourquoi il a Ă©tĂ© crĂ©Ă©. Par exemple, pour que le riche soit reconnaissant dans la troisiĂšme Ă©tape, il doit dĂ©penser de sa richesse. Le savant pour ĂȘtre reconnaissant de sa science, il doit dĂ©penser de sa science. Etre reconnaissant est le fait d’utiliser le bienfait dans ce qui plaĂźt Ă  Dieu. Ibn ‘Atta Allah dit d’ailleurs une belle parole : «celui qui ne sait pas ĂȘtre reconnaissant, a mis ses bienfaits en danger.» En effet, Dieu reprend tout bienfait qui n’a pas Ă©tĂ© suivi de reconnaissance. Un autre savant dit : «le bienfait doit ĂȘtre enchaĂźnĂ© par la reconnaissance.» Et celui qui ne l’enchaĂźne pas par la reconnaissance l’a laissĂ© filer. La question qu’il faut donc se poser premiĂšrement est : quelle est rĂ©ellement l’utilitĂ© de tel bienfait et comment dois-je comprendre que c’en est un ?

    DeuxiĂšmement, d’oĂč vient-il ? De Dieu. Dire qu’il Ă©mane du Seigneur n’est pas une façon de renier les moyens. Quand on dit ĂȘtre reconnaissant envers Dieu, cela ne signifie pas qu’il faut faire abstraction des causes. Ainsi le ProphĂšte, paix et salut sur lui, dit une belle parole : «ne peut ĂȘtre reconnaissant vis Ă  vis du CrĂ©ateur, celui qui n’est pas reconnaissant vis-Ă -vis des Hommes.» Quant au fait de se demander ce que l’on va faire de ce bienfait, Dieu dit : «Agissez Ô famille de Daoud en guise de reconnaissance». La reconnaissance fait donc partie des traitĂ©s de la moralitĂ© musulmane qui rĂ©gissent le cheminement spirituel de tout individu et qui repose sur ces trois Ă©lĂ©ments essentiels.

  16. La retraite

    « Al tabattoul » en arabe, signifie se couper complĂštement du monde extĂ©rieur pour se consacrer exclusivement Ă  Allah. C’est pour cela que l’on appelle saydatouna Maryam, Maryam al Battoul, « Celle qui s’est consacrĂ©e uniquement Ă  son Seigneur. » Le fait donc de se vouer purement Ă  son Seigneur est une obligation spirituelle. Allah dit : «évoque le nom de ton Seigneur et consacre toi exclusivement Ă  Lui.»

    Se vouer exclusivement Ă  Dieu s’opĂšre premiĂšrement par la parole. Aussi, agir et s’abstenir d’Ɠuvrer ne doivent ĂȘtre motivĂ©s que pour Dieu. Toute chose qui ne mĂšne pas Ă  Dieu, c’est-Ă -dire les futilitĂ©s, doit ĂȘtre mise de cĂŽtĂ©. Le « moutabattil » (qui fait l’acte de « tabattoul ») est celui qui analyse le cĂŽtĂ© licite et illicite des choses. Si elle est proscrite il l’arrĂȘte. Dans le cas oĂč c’est lĂ©gal, il examine si au bout d’un certain temps cela peut le conduire Ă  franchir l’interdit. Prenons par exemple une personne qui aime trop parler du paradis. En pensant sans cesse aux dĂ©lices du paradis, il finira par aimer la vie car tous les dĂ©lices du paradis ont leur reflet sur Terre (les femmes, le vin, la nourriture
). Il finira par perdre patience et y goĂ»ter ici-bas. Un autre exemple : une personne qui aime trop s’apprĂȘter, passer du temps devant le miroir. Avec le temps, cette personne risque de finir par ne plus considĂ©rer son Seigneur mais ne respectera qu’elle-mĂȘme. Ainsi le ProphĂšte, paix et salut sur lui, interdit aux hommes de se coiffer tous les jours : tu te coiffes bien parfois et d’autres fois tu restes normal. Une fois que le moutabattil a vu l’utilitĂ© de cet Ă©lĂ©ment, il regarde si c’est une prioritĂ©.

    Se tourner exclusivement vers Allah, c’est l’art d’établir des prioritĂ©s mais sans excĂšs. Tout ce dont le corps Ă  besoin, il faut le lui donner. Ibn ‘Arbidi dit une belle parole Ă  ce sujet: «tout cƓur misĂ©ricordieux fera misĂ©ricorde Ă  un faible et un pauvre.» Si un pauvre n’a rien Ă  manger et te sollicite, tu lui donneras. Et il dit : «Ainsi quand tu es en colĂšre, tu dois avoir pitiĂ© de ton Ăąme, car le plus proche de toi c’est ton Ăąme. Comment avoir pitiĂ© de son Ăąme ? Venges toi.» LĂ , tu as rendu service Ă  ton Ăąme. Mais si une fois que tu as rendu service Ă  ton Ăąme en te vengeant, tu as pitiĂ© de celui sur qui tu t’es vengĂ©, tu dois lui donner une aumĂŽne en regrettant. MĂȘme si ce n’est pas interdit. C’est ce que Dieu a voulu dire dans un verset du Coran : «celui qui vous fait du mal, faites-lui du mal similaire, la rĂ©compense du mal est un mal similaire, celui qui pardonne, sa rĂ©compense est auprĂšs de Dieu». Si par contre tu ne ressens pas de colĂšre, alors dans ce cas pardonne, tu n’as pas besoin de te venger.

  17. La sagesse

    «Il donne la sagesse Ă  qui il veut et celui Ă  qui Il a donnĂ© la sagesse, Il lui a certes accordĂ© une Ă©norme donation. Et seuls les douĂ©s d’intelligence raisonnent. » (s.2, v. 269). C’est sans doute ce verset qui rĂ©sume le mieux la considĂ©ration de la sagesse auprĂšs d’Allah. Et la sagesse se dĂ©finit dans la spiritualitĂ© musulmane diffĂ©remment selon les niveaux. D’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, dans les agissements, la sagesse est l’art de mettre toute chose Ă  sa place.

    Ainsi, pour ĂȘtre sage, il faut non seulement avoir la connaissance, mais aussi avoir la capacitĂ© d’adapter son jugement au monde des variables. Ces variables sont au nombre de quatre: le temps, l’espace, les individus et les Ă©tats d’esprit. Un jugement peut varier selon l’époque, selon l’espace (notamment Ă  cause des cultures et coutumes), selon les individus mais aussi selon les Ă©tats d’esprits. Et le sage est celui qui d’une part a la capacitĂ© de rendre un jugement selon la variabilitĂ© des situations, et qui d’autre part, garde en tĂȘte la finalitĂ©. Ainsi, un grand maĂźtre spirituel dit: «le sage dans ses propos est semblable Ă  une tricoteuse: tant qu’il n’a pas fini de tricoter, on ne peut savoir oĂč il veut en venir.» VoilĂ  donc cette sagesse dont seuls les plus animĂ©s et Ă©veillĂ©s spirituellement peuvent profiter. D’ailleurs, Allah dans le Coran, a appelĂ© la prophĂ©tie comme Ă©tant la sagesse suprĂȘme, en parlant de son prophĂšte Daoud : «Et Nous renforçùmes son royaume et lui donnĂąmes la sagesse (ici la prophĂ©tie) et la facultĂ© de bien juger».

    La Sunna Ă©galement est appelĂ© sagesse dans le Coran : «Allah a fait don de bienfaits aux Hommes en envoyant vers eux un prophĂšte, qui leur enseigne le Coran et la sagesse»(s.3, v.164) c’est Ă  dire la Sunna. La Sunna est appelĂ©e ici sagesse car c’est la forme pratique des thĂ©ories coraniques. Ainsi Seyidatouna Aicha disait: "le ProphĂšte Ă©tait un Coran qui marche".

    Cependant, dans son cheminement, le croyant, est appelĂ© Ă  se lancer dans l’étude de la sagesse car elle s’apprend par l’expĂ©rimentation. Celui qui se refuse Ă  cette pratique ne peut connaĂźtre la clartĂ© et la portĂ©e d’une sagesse. Que pensez vous par exemple d’un homme qui n’a ƓuvrĂ© toute sa vie, mĂȘme Ă  la mosquĂ©e, qu’afin de gagner la cĂ©lĂ©britĂ© et la reconnaissance des humains mais Ă  la fin il ne sent pas de proximitĂ© avec Dieu ? Ainsi une sagesse soufie nous met en garde afin de connaĂźtre ses prioritĂ©s : “Ne connaĂźtra point le plaisir de la foi celui qui ressent du plaisir Ă  se faire connaĂźtre”.

  18. La satisfaction

    La satisfaction est le sommet de la wilaya. Dieu aime que son serviteur soit satisfait de ce qu’Il lui a donnĂ©. Lorsque Dieu a vantĂ© les mĂ©rites de Ses rapprochĂ©s, Il dit : «Allah est satisfait d’eux, et eux sont satisfaits de Lui.» Comment peut-on ĂȘtre satisfait de Lui, si tous les jours l’Homme considĂšre qu’Il ne lui a pas assez donnĂ© ou mal donnĂ© ? Comment veut-il que son Seigneur soit satisfait de lui, alors qu’Il voit que tous les jours, il ne prend mĂȘme pas le temps de voir ce qu’Il lui a donnĂ©. Ainsi l’imam ‘Ali dit : «la satisfaction fait partie du quart de la piĂ©tĂ©. Il faut estimer Dieu Ă  sa juste valeur, mettre en pratique la rĂ©vĂ©lation, il faut se satisfaire de ce que l’on a et il faut se prĂ©parer au retour.» VoilĂ  les quatre parties de la piĂ©tĂ©.

    Le ProphĂšte, paix et salut sur lui, dit : «sois satisfait de ce que Dieu t’a apportĂ© et tu seras le plus riche des gens.» Un homme vint un jour le voir et lui demanda : «comment faire pour que Dieu m’aime et comment faire pour que les gens m’aiment? Il lui rĂ©pondit : renonce Ă  ce que les gens ont et ils t’aimeront et renonce Ă  la vie et ton Seigneur t’aimera.» Si tu renonces Ă  ce que les Hommes ont, sans rien leur demander, leur emprunter et sans trop les solliciter, ils t’aimeront. La citation : «les bons comptes font les bons amis» rejoint cette thĂšse. Agir pareillement avec la vie conduira de la mĂȘme maniĂšre Ă  l’amour de Dieu. Cependant, la satisfaction a un socle qui est la connaissance. ConnaĂźtre les bienfaits que Dieu nous donne nous permet d’ĂȘtre satisfait. Ibn ‘Atta Allah dit dans ce sens: «connaĂźtre les raisons du refus, les transformeront en grande donation».

    Aussi, la satisfaction est opposĂ©e au fait d’ĂȘtre gĂątĂ©. Se voir accepter tout ce que l’on souhaite, ce n’est pas cela ĂȘtre satisfait. Un enfant doit avoir ce dont il a besoin et non ce qu’il veut car il ne sait pas ce qui est nocif pour lui. De mĂȘme, agrĂ©er Dieu est impossible si on n’a pas confiance en Lui. Dieu dit : «vous pouvez aimer une chose alors que c’est mauvais pour vous. Vous pouvez dĂ©tester une chose alors que c’est bien pour vous. Donc Dieu seul sait et vous ne savez pas». Lui faire confiance revient donc Ă  renoncer Ă  notre connaissance. Zaynoul ‘abidin disait : «Ô Seigneur accorde moi une foi vĂ©ridique et une certitude qui me poussera Ă  savoir que rien de ce que Tu n’as pas dĂ©cidĂ© pour moi ne m’atteindra. Et donne-moi l’autosatisfaction de tout ce que tu m’as apportĂ© dans ce bas monde.»

  19. Le djihad

    Comme le dit notre bien-aimĂ© le ProphĂšte: «le djihadiste est celui qui combat son Ăąme afin de la soumettre au bon vouloir d 'Allah». Il y a donc un combat qui oppose non seulement la raison Ă  l’ignorance, mais aussi l’ñme Ă  l’ego, la passion Ă  la puretĂ©. Tout ceci est un combat perpĂ©tuel. Ainsi, celui qui rĂ©ussit est celui qui dirige l’épĂ©e du combat vers son Ăąme d’abord.

    Le ProphĂšte dit dans un hadith de Bukhari: «le puissant et le fort n'est pas celui qui terrasse son ennemi mais le puissant et le fort est celui qui contient son Ăąme lorsque la colĂšre le saisi». Le fort n’est donc pas celui qui terrasse physiquement l’ennemi, mais c’est celui qui terrasse l’ennemi intĂ©rieur, c’est- Ă -dire ses passions, ses Ă©motions ou mĂȘme les tentations, quelles que soient leurs formes. L’AĂŻd, la fĂȘte du sacrifice, n’a Ă©tĂ© instaurĂ©e qu’afin de reproduire ce combat intĂ©rieur, ce sacrifice spirituel. Une maniĂšre de montrer qu’en Ă©gorgeant une bĂȘte, ce n’est pas tout simplement de la chair et du sang que l’on cherche Ă  avoir, car Dieu dit: «ce n’est ni la chair ni du sang qui atteindront votre Seigneur, mais c’est la piĂ©tĂ© de votre part qui va l’atteindre ». Mais au moment d’égorger, il s’agit bien de montrer qu’on a mis fin Ă  l’existence de l’ego, Ă  la prĂ©sence de la passion, tel un homme Ă  qui on a demandĂ© d’égorger son fils. Toutes les passions pouvant empĂȘcher l’Homme de voir son Seigneur doivent ĂȘtre Ă©gorgĂ©es par le couteau de la soumission. Seyidina Ibrahim a su comprendre la symbolique de cet acte. Il a su accepter volontiers de mettre en application cette symbolique et la dĂ©livrance lui est venue grĂące Ă  sa sincĂ©ritĂ©. Allah dit: «lorsque tous deux se furent soumis au bon vouloir de leur Seigneur et qu’il a couchĂ© son fils sur le flanc, alors nous l’interpellĂąmes : « Ô Ibrahim ! Tu as rendu vĂ©ridique la vision que nous t’avions donnĂ©e. C’est ainsi que Nous rĂ©compensons les bienfaisants » C’était lĂ  certes, l’épreuve manifeste. Alors Nous le rançonnĂąmes d’une immolation gĂ©nĂ©reuse.» (s.37, v.103-107)

    VoilĂ  le rĂ©el sens du mot djihad. Le ProphĂšte, paix et salut sur, soucieux de l’expliquer Ă  sa communautĂ©, et en premier Ă  ses compagnons, dit d’une maniĂšre claire, prĂ©cise et sans aucun besoin d’interprĂ©tation : «Le djihadiste est celui qui combat son Ă©go afin de se conformer Ă  la dĂ©votion face Ă  Allah.»

  20. Le repentir

    «Dis : Ô vous mes serviteurs qui avaient commis des excĂšs Ă  votre propre dĂ©triment, ne dĂ©sespĂ©rez pas de la misĂ©ricorde d’ALLAH, car certes ALLAH pardonne tous les pĂ©chĂ©s. C’est lui le Grand Pardonneur, le TrĂšs MisĂ©ricordieux.» S39 v53.

    S’il n’y avait, dans tout le Saint Coran, que ce noble verset alors il aurait suffi pour redonner espoir Ă  tous ceux, qui se noient dans les remords et sont hantĂ©s par le sentiment d’éloignement spirituel. Les hommes ont jusqu’ici eu tendance Ă  penser que les pĂ©chĂ©s leur ĂŽtaient le droit d’ĂȘtre absous puis accueillis par leur seigneur. C’est Ă  se demander Ă  quoi servirait le pardon divin s’il n’était pas destinĂ© aux pĂ©cheurs? Les fausses idĂ©es que certains vĂ©hiculent font qu’aujourd’hui le croyant doit rĂ©apprendre Ă  compter sur la grandeur de son Seigneur, conscient des faiblesses de l’Homme. Comme le disait un homme saint: « je suis certes pĂ©cheur, dĂ©sespĂ©rĂ© et par-dessus tout tĂȘtu mais mon Seigneur est Grand Pardonneur, MisĂ©ricordieux et il me suffit. Mes trois faiblesses face Ă  ses trois attributs ne feront pas le poids » Les diffĂ©rents degrĂ©s du repentir

    Il existe dans le Coran trois catĂ©gories de repentir : La Tawba qui correspond au repentir des « aspirants » Ă  la recherche de leur Seigneur. Ce niveau consiste Ă  renoncer aux pĂ©chĂ©s par le corps bien que le dĂ©sir de recommencer demeure. Ceci concerne la majeure partie des croyants. L’Inaba correspondant au repentir des « itinĂ©rants » qui cheminent vers Allah et qui sont parvenus Ă  enlever de leur cƓur l’envie mĂȘme de dĂ©sobĂ©ir. On retrouve ce terme dans le Coran exclusivement pour dĂ©signer le cƓur, comme l’indique le verset 33 de la sourate 50.

    L’Awba en rĂ©fĂ©rence au niveau le plus Ă©levĂ© et le plus sincĂšre du repentir. Il concerne les « arrivants », ceux qui ne dĂ©sobĂ©issent pas par leur corps, leur cƓur ne dĂ©sire pas le mal, leur esprit et leurs pensĂ©es sont totalement tournĂ©s vers leur Seigneur. Ce terme est employĂ© dans le coran uniquement pour dĂ©signer les ProphĂštes et les Messagers comme c’est le cas dans les versets 17, 30 et 44 de la sourate 38.

    «repentez vous tous vers Allah Î croyant afin de récolter le succÚs» s.24 v.31.

  21. La pudeur

    La pudeur est de savoir et ressentir qu’il ne nous appartient pas de rabaisser notre Ăąme Ă  toute forme de bassesse. Il ne faut d’ailleurs pas la confondre avec la fausse pudeur, que l’on appelle la honte ou la timiditĂ©. Il ne suffit pas d’ĂȘtre pudique dans les paroles, il faut aussi l’ĂȘtre dans les agissements. Mentir doit pousser l’Homme Ă  la honte de dĂ©valoriser l’humain qu’il est Ă  un rang d’animal en se rabaissant Ă  une bassesse intellectuelle. La pudeur est de considĂ©rer que la noblesse qui est en nous ne doit pas ĂȘtre pervertie en lui imposant toute forme de bassesse. Le ProphĂšte, paix et salut sur lui, Ă©tait assis un jour avec ses compagnons. On voyait ses jambes sans que cela ne le pousse Ă  changer sa posture. En lui annonçant l’arrivĂ©e de Sayidna ‘Othman, il se leva, changea de position et cacha ses jambes. On lui demanda «pourquoi changes-tu de position ?» Il rĂ©pondit : «ne dois-je pas montrer plus de pudeur Ă  celui dont tous les anges sont pudiques face Ă  lui ?».

    Etre pudique est aussi l’art de prĂ©server l’aisance d’autrui, de ne pas mettre l’autre mal Ă  l’aise. Il y a donc deux formes de pudeur : la pudeur en soit qui est obligatoire, et la pudeur envers autrui qui est un supplĂ©ment, une forme d’aumĂŽne. Le ProphĂšte, paix et salut sur lui, considĂšre que de la mĂȘme maniĂšre que les anges sont pudiques vis-Ă -vis de lui, il doit montrer sa solidaritĂ© avec la pudeur des anges. Ceci se traduisant en ayant une position ne pouvant pas mettre Ă  l’aise Sayidna ‘Othman.

    Aussi par pudeur, les grands rapprochĂ©s de Dieu considĂšrent qu’il n’appartient pas Ă  l’Homme pudique de s’adonner Ă  l’adoration des divinitĂ©s. Adorer une autre divinitĂ©, outre le fait qu’il s’agisse d’un pĂ©chĂ© majeur, est une honte Ă  notre propre intelligence. Ainsi l’a justifiĂ© Sayidna Youssouf, quand il dit : «j’ai abandonnĂ© la voie des associateurs et suivi la voie de mes aĂŻeux Ibrahim, Isaac et Yaaqoub» et il dit : «il ne nous appartient pas d’associer Dieu dans nos adorations.» Il ne veut pas casser la chaĂźne, il ne veut pas, par pudeur pour son Ăąme, ĂȘtre le maillon faible. Dieu dit, toujours dans ce sens : «Étiez-vous tĂ©moins quand la mort se prĂ©senta Ă  Yaaqoub et qu'il dit Ă  ses fils : «Qu'adorerez-vous aprĂšs moi"? - Ils rĂ©pondirent : «Nous adorerons ta divinitĂ© et la divinitĂ© de tes pĂšres, Abraham, Ismail et Isaac, DivinitĂ© Unique et Ă  laquelle nous sommes soumis".

  22. La sincérité

    La sincĂ©ritĂ© est le secret qui lie Dieu Ă  son serviteur. Dans un hadith qudsi Dieu dit : «la sincĂ©ritĂ© est un secret entre Moi et Mon serviteur, Je l’ai cachĂ© dans les poitrines de ceux que J’aime, aucun ange ne peut s’en rendre compte pour Ă©crire sa rĂ©compense et aucun diable ne peut s’en rendre compte afin d’effectuer des changements.» La sincĂ©ritĂ© est le secret de la rĂ©ussite que Dieu a cachĂ© dans les poitrines de ceux qu’Il aime. Elle doit ĂȘtre prĂ©sente avant d’effectuer l’acte, au moment de le faire et aprĂšs l’avoir fait. La seule motivation est de plaire Ă  notre Seigneur. Avant l’acte, Dieu est ma seule considĂ©ration, au moment de le faire, Il est ma prĂ©occupation et une fois l’acte accompli, Il occupe toujours ma raison. Ainsi, la sincĂ©ritĂ© est de dimension intĂ©rieure. La constance, elle, est visible. La vĂ©racitĂ© est la vertu la plus difficile car mĂȘme si elle est prĂ©sente au moment de faire l’acte, ce dernier peut ĂȘtre rĂ©duit Ă  nĂ©ant si des pensĂ©es ou des paroles infidĂšles Ă  la motivation premiĂšre viennent s’inviter une fois l’acte accompli. Et ce, mĂȘme dix ans aprĂšs l’Ɠuvre effectuĂ©e. Dieu dit : «Ô vous qui avez cru n’anĂ©antissez pas vos Ɠuvres.»

    Le vĂ©ritable challenge donc, n’est pas d’agir en toute sincĂ©ritĂ©, mais c’est l’art de prĂ©server la pĂ©rennitĂ© de l’action. «Ô vous qui avez cru, ne dĂ©truisez pas vos Ɠuvres en les rĂ©pĂ©tant ou en rĂ©agissant d’une maniĂšre qui anĂ©antit tout.» Le ProphĂšte, paix et salut sur lui, dit : «la rĂ©compense des actions ne dĂ©pend que de la force des intentions». Dieu dit dans le Coran : «la seule chose Ă  laquelle Je vous exhorte fortement est d’entretenir vos liens avec Dieu dans la totale sincĂ©ritĂ©.» C’est dans ce sens que le ProphĂšte, paix et salut sur lui, dit Ă  un de ses compagnons : «Ô Muadh, sois sincĂšre et le peu d’action te suffira.»

    Malheureusement, beaucoup d’actions sont anĂ©anties par l’associationnisme. Cet associationnisme qu’il faut craindre n’est rien d’autre que l’ostentation. Etre ostentatoire ne se rĂ©duit pas simplement Ă  agir pour que les autres voient ton Ɠuvre, mais c’est aussi de raconter ce que l’on a fait pour que les gens le sachent. Ibn ‘Atta Allah part beaucoup plus loin, en disant : «celui qui fait une action Ă  l’insu des gens, prenant le soin de bien le cacher, sans jamais le montrer, mais se disant fiĂšrement en son for intĂ©rieur : « ah si les gens savaient ce que je fais, ce que je suis
 », il vient de tomber dans l’ostentation et a ainsi anĂ©anti sont capital sincĂ©ritĂ©. »

  23. La véracité

    La vĂ©racitĂ© est le degrĂ© spirituel le plus haut aprĂšs la prophĂ©tie qu’un homme peut atteindre. Dieu dans le Coran cite ces « maqamat » graduellement, Il dit : «ceux-lĂ  seront avec ceux qu'Allah a comblĂ©s de Ses bienfaits : les prophĂštes, les vĂ©ridiques, les martyrs, et les vertueux». Mais les plus grands de ces vĂ©ridiques sont ceux dont aucun membre de leur corps ne comporte du faux. Ainsi est la vĂ©racitĂ©. Dieu dit : «oui les propos peuvent ĂȘtre sincĂšres mais les yeux peuvent trahir.» et aussi: «je connais la trahison du regard.» Nous pouvons regarder quelqu’un d’un regard de compassion alors que nous Ă©prouvons de la haine pour cette personne. Dieu considĂšre donc que les yeux peuvent mentir. Il en est de mĂȘme pour le ventre.

    Un homme dit un jour au ProphĂšte, paix et salut sur lui : «mon frĂšre est malade, il ressent des douleurs au ventre». Le ProphĂšte lui conseille alors : «donne lui tel mĂ©dicament.» AprĂšs lui avoir donnĂ© ce mĂ©dicament, le frĂšre n’a pas guĂ©ri. L’homme revient en informer le ProphĂšte, paix et salut sur lui, qui lui dit alors: «Dieu a dit vrai (par le mĂ©dicament) et le ventre de ton frĂšre a menti, va et redonne lui.» Il repartit lui donner et son frĂšre guĂ©rit enfin. Ainsi, mĂȘme notre corps peut mal rĂ©agir avec la vĂ©ritĂ©, de la mĂȘme maniĂšre que la conscience peut mal rĂ©agir avec la vĂ©ritĂ©. La vĂ©racitĂ© consiste donc Ă  ce que chaque parcelle de ton existence soit dĂ©munie de tout ce qui est contraire Ă  la rĂ©alitĂ©. Ce haut maqam fut celui dans lequel a baignĂ© Sayidna Abou Bakr, c’est pourquoi on l’appelle As Sidiq. Il n’est d’ailleurs pas le seul Ă  avoir ce haut rang ; ce fut le cas Ă©galement de seydatuna Maryam. Dieu dit : «sa mĂšre (de Sayidna Issa) est une siddiqa.» Sayidna Abou Bakr et Saydatuna Maryam sont Ă©gaux en matiĂšre de niveau spirituel. Ce maqam est le plus haut et les femmes comme les hommes peuvent y concourir. Cependant, la femme ne peut pas concourir Ă  la Qutbaniya car la Qutbaniya est un rĂŽle, tout comme la prophĂ©tie, avant d’ĂȘtre un maqam. Toutefois, le Qoutb n’est pas plus haut que le Siddiq. En effet, le Qoutb est choisi parmi les sidiqqin comme on choisirait un imam parmi tant d’autres. Dieu n’a, en effet, pas dit : «les prophĂštes, les aqtab, les vĂ©ridiques ». Par contre le maqam lui-mĂȘme est accessible aux hommes comme aux femmes. Parmi les hadiths qui doivent rĂ©sonner dans la conscience de tous, enfant et adulte, femme et homme, celui-ci : «soyez partisan de la vĂ©racitĂ© car elle conduit Ă  la bontĂ© et la bontĂ© conduit Ă  la satisfaction d’Allah. Et l’Homme ne cessera d’ĂȘtre vĂ©ridique et de s’imposer la vĂ©racitĂ© jusqu’à ce qu’on Ă©crive auprĂšs de Dieu qu’il a atteint le maqam de siddiqin. Et Ă©vitez le faux. Le faux mĂšne Ă  la perversitĂ© et la perversitĂ© Ă  la colĂšre de Dieu. L’Homme ne cessera d’ĂȘtre faux et de s’imposer des mensonges (se trouver des excuses) jusqu’à ce que l’on Ă©crive auprĂšs de Dieu qu’il n’existe pas, que c’est du faux.»

  24. L’autocritique

    Comme le dit notre maĂźtre Seyidina Omar: "Jugez-vous avant d’ĂȘtre jugĂ©s et pesez vous sur la balance de la rectitude avant que l'on ne pĂšse vos actions pour vous". Ainsi, ne peut avancer dans sa vie celui qui ne prend pas le temps de s’interroger sur la rectitude ou non de ses dĂ©cisions ou pensĂ©es car une bonne action Ă©mane d’une bonne rĂ©flexion et une bonne rĂ©flexion Ă©mane d’une bonne observation. Dieu dans un verset du Coran nous fait part de ces trois Ă©lĂ©ments: la force de la perception, de la rĂ©flexion et de l'action. Il dit : «votre Seigneur vous a fait sortir des ventres de vos mĂšres dĂ©nuĂ©s de tout savoir, il vous a donnĂ© la vue et l’ouĂŻe comme moyen de perception, et Il vous a donnĂ© le cƓur (la conscience) comme moyen de rĂ©flexion afin que vous soyez reconnaissants» (s. 16, v. 78), c’est Ă  dire afin que vous mettiez tout en application.

    Ainsi, celui qui avance tĂȘte baissĂ©e ne rĂ©ussit pas. Celui qui Ɠuvre dans le bien sans prendre le recul nĂ©cessaire pour s’autocritiquer et juger la pertinence de ses actions, ne peut Ă©voluer dans le bien et pĂ©renniser son action. VoilĂ  pourquoi le musulman garde l’humilitĂ© d’apprendre toute sa vie. Comme dit notre bien-aimĂ© le ProphĂšte "l’étude de la connaissance c’est du berceau au tombeau". Nous ne parlons pas des thĂ©ories mais de l’étude expĂ©rimentale, de ce que l’on augmente dans sa vie grĂące Ă  ses actions de tous les jours. Et l'autocritique est avant tout un dialogue entre l’homme et son Ăąme. Je vous laisse pour finir admirer ci-dessous la discussion que notre maĂźtre Seyidina Ali a eue avec lui-mĂȘme au milieu de la nuit, comme nous le relate son disciple Dirar : «Ô toi la vie, est-ce moi que tu cherches Ă  tromper ou plutĂŽt me sĂ©duire tentes-tu ? Tu perds ton temps, tournes-toi vers autre que moi. AprĂšs trois divorces que je t’adresse, tu ne peux revenir vers moi. Ton existence est courte, ta compagnie humiliante, ton danger Ă  mes yeux insignifiant. Je me plains de la petitesse de mes provisions de l’éloignement de mon voyage et de la solitude de mon parcours»

  25. L’endurance

    La wilaya dĂ©bute par al tawba, le repentir. Cette wilaya est accompagnĂ©e de l’endurance et couronnĂ©e par la reconnaissance. Dans la langue arabe, « Assabr », donc l’endurance, signifie ĂȘtre enchainĂ©. L’endurance revient donc Ă  enchaĂźner son Ăąme et ne pas la laisser dans sa lancĂ©e. Par exemple, l’émotion se rĂ©veille mais, pour ne pas la laisser dĂ©border, nous l’enchaĂźnons. La colĂšre, nous l’empĂȘchons de dĂ©border. Nous pouvons mĂȘme cacher notre joie, comme Sayidna Yussuf voyant ses frĂšres a dissimulĂ© son Ă©motion. Ainsi il dit : «celui qui est pieux et qui endure Allah le soutiendra.». S’il s’était prĂ©cipitĂ© Ă  montrer une joie excessive au moment de rencontrer ses frĂšres aprĂšs des annĂ©es sans se voir, on dĂ©couvrira que c’est Sayidna Yussuf avant mĂȘme qu’il ne puisse reprendre ses frĂšres et montrer leur injustice.

    L’endurance est donc de prendre sur soi, d’enchaĂźner ses Ă©motions, passions, sa raison, ses intuitions afin de prendre le temps nĂ©cessaire de laisser germer ce qu’on a plantĂ©. Allah nous fait passer par des Ă©preuves, des souffrances afin de nous purifier. Dieu purifie nos Ă©motions en faisant en sorte qu’elles ne nous gagnent plus. A chaque fois que nos Ă©motions prennent le dessus, nous poussons Ă  dĂ©voiler un secret Ă  une personne, celle-ci nous trahi. Nous apprendrons alors Ă  ne pas dĂ©voiler nos secrets. Si Ă  chaque fois que tu as pensĂ© Ă  quelque chose tu t’es trompĂ©, tu ne te fieras plus Ă  tes pensĂ©es. Si Ă  force de minimiser une personne, il te surprend, tu cesseras de minimiser autrui. VoilĂ  ce qu’est la purification. C’est enlever la part impure qui est en nous.

    Lors de cette purification par les Ă©preuves, il faut alors faire preuve d’endurance. D’oĂč le mot « fitna » en arabe qui signifie, plonger l’or dans les flammes. On dit « fatantou dhahab », c’est-Ă -dire « j’ai Ă©prouvĂ© l’or ». Nous plongeons l’or dans le feu pour enlever les mauvais rĂ©sidus. Un cheikh disait : «l’or ne laisse paraĂźtre sa beautĂ© que lorsqu’on le plonge dans les flammes». Ainsi ce sont les souffrances de l’Homme, ses Ă©preuves qui le forgent. Dans ce sens, on peut considĂ©rer qu’avoir de l’argent est une Ă©preuve car cela nous permet de connaĂźtre notre maniĂšre de l’utiliser : sommes-nous trop dĂ©pensiers, gaspilleurs, avares ? Autant d’élĂ©ments qui nous permettent de mieux se connaĂźtre et sans lesquels nous serions incapables de savoir ce que l’on veut. Ainsi Dieu dit : «je vous Ă©prouve par le bien et par le mal.»

  26. La mesure

    La mesure est le contraire du gaspillage. Le juste milieu est aimĂ© et louĂ© par Dieu car, par Sa sagesse, malgrĂ© qu’Il ait tout, Il n’a cependant pas tout donnĂ©. Il sait tout mais n’a pas tout rĂ©vĂ©lĂ©. Ainsi Ibn ‘Ata Allah a dit : «celui qui fait part de toutes ses expĂ©riences, mentionne toute ses connaissances, sois sĂ»r de son ignorance.» Tout ce que nous montrons doit ĂȘtre moindre que ce que tu caches. Etre modĂ©rĂ© c’est donc ĂȘtre Ă©conome. RĂ©duire cette mesure dans le cadre de l’argent est alors une grosse erreur. En parlant du fait de dĂ©penser, Allah dit : «ils dĂ©pensent de ce que nous leurs avons attribuĂ©.» Pensez-vous alors qu’Il ne nous a attribuĂ© que de l’argent? Ne nous a-t-Il pas attribuĂ© un souffle de vie, une force mentale, des Ă©motions, la passion ? Ainsi, il nous faut le dĂ©penser dans le bien. Ibn ‘Ata Allah dit : «Il ne t’a dotĂ© du dĂ©sir qu’afin que tu puisses aspirer Ă  Lui. En aspirant Ă  Allah tu as fait don de misĂ©ricorde Ă  toi-mĂȘme.» Le ProphĂšte, paix et salut sur lui, dit : «donne Ă  chaque ayant droit son dĂ».» Ton corps a un droit, donne le lui. Ta raison, ta famille, tes amis, ta sociĂ©tĂ©, ta religion, ta communautĂ©, tout ceci doit recevoir Ă  la hauteur de ta donation. Dieu dit : «que le dĂ©tenteur des largesses dĂ©pense selon ses largesses et que celui dont ses largesses ont Ă©tĂ© restreintes dĂ©pense selon ses acquis.»

    La premiĂšre facultĂ© de l’économe est donc d’ĂȘtre conscient de ses capacitĂ©s. Ensuite, la dĂ©pense doit ĂȘtre accomplie en toute sagesse, en toute mesure. Le ProphĂšte, paix et salut sur lui, considĂšre blĂąmable le fait de rĂ©citer le Coran pour le finir tous les jours ou tous les moins de trois jours, car c’est contradictoire avec cette mesure. Il a interdit aussi de prier toutes les nuits, de se refuser au mariage, que l’on refuse de vivre en communautĂ© ; tout ceci parce qu’il considĂšre que le juste milieu est d’apporter chaque chose selon ses capacitĂ©s, et selon les besoins de l’autre. Allah dit : «établissez la balance en toute Ă©quitĂ©.»

    Que ce soit d’ordre mĂ©dical ou spirituel l’Homme doit trouver cet Ă©quilibre et adapter son corps et son Ăąme selon ses besoins et ses pathologies. Etre jaloux, ce qui relĂšve de l’ñme, ou atteint de diabĂšte, ce qui est relatif au corps, nĂ©cessite de rĂ©ajuster les niveaux spirituels et corporels afin de trouver cette mesure, afin que l’Homme vive en toute harmonie avec lui-mĂȘme. Concernant cette mesure, Dieu dit : «Et Il a Ă©tabli la balance.»

  27. La sérénité

    La sĂ©rĂ©nitĂ© est Ă  la fois un rĂ©sultat et un fondement. De la mĂȘme maniĂšre que l’on est obligĂ© de passer par une voie pour avoir la sĂ©rĂ©nitĂ©, cette sĂ©rĂ©nitĂ© est indispensable pour acquĂ©rir d’autres Ă©lĂ©ments. Le mot « Assakina », en arabe, est relatif aux tentes. Lorsque les bĂ©douins s’installaient dans un lieu, ils montaient les tentes et les attachaient et clouaient au sol. Une fois que celles-ci Ă©taient bien installĂ©es et solides, on disait alors : la tente est sereine, elle est Ă©quilibrĂ©e. La dĂ©finition de la sĂ©rĂ©nitĂ© renvoie donc Ă  un sentiment qui pousse Ă  l’équilibre des forces.

    Son contraire est d’ĂȘtre gagnĂ© sans cesse par la peur, l’interrogation. Par exemple: si un enfant se casse la jambe, une personne qui aura pitiĂ© ne pourra venir en aide Ă  l’enfant, tandis qu’une autre prendra l’enfant, remettra en place son os, stoppera l’hĂ©morragie et l’emmĂšnera Ă  l’hĂŽpital. Nous ne dirons pas que la premiĂšre personne a de la pitiĂ© et que la deuxiĂšme est sans cƓur. Les deux ont de la pitiĂ© sauf que chez la premiĂšre personne, la pitiĂ© s’est manifestĂ©e par l’incapacitĂ© de tendre sa main alors que chez la deuxiĂšme, sa pitiĂ© s’est manifestĂ©e par une force intĂ©rieure lui permettant de pouvoir mettre fin Ă  la souffrance d’autrui. Cependant, la deuxiĂšme personne est considĂ©rĂ©e comme une personne Ă©quilibrĂ©e et non la premiĂšre. Ainsi, si le mĂ©decin n’était pas assez Ă©quilibrĂ© dans les forces qui gravitent en lui, il n’aurait pas la force d’ouvrir un ventre pour faire une opĂ©ration. Quant Ă  la sĂ©rĂ©nitĂ© chez le soufi, c’est le fait de ne plus ĂȘtre perturbĂ© par le monde des variables ; il n’est plus perturbĂ© car il sait que la destinĂ©e existe. Tout ce qui m’a touchĂ© n’était que la volontĂ© de Dieu. C’est Ă  cela que sert la sĂ©rĂ©nitĂ©. Il ne faut pas savoir ce qui nous attend mais juste savoir Ă  qui on a Ă  faire. La sĂ©rĂ©nitĂ© doit-ĂȘtre le fruit d’une connaissance. Dieu dit : «c’est en invoquant Dieu que les cƓurs connaissent la sĂ©rĂ©nitĂ©.»

    En effet, en Ă©voquant Dieu, Il se dĂ©voile Ă  toi. En Ă©voquant Allah par son nom de misĂ©ricordieux, Il se manifestera par la misĂ©ricorde. Implore Allah par son nom le juste, Il se manifestera Ă  toi par ses caractĂ©ristiques du juste et tu sauras que la justice auprĂšs de Dieu n’est pas de t’en vouloir pour ce qu’Il a fait de toi
 Le dhikr ramĂšne donc Ă  la sĂ©rĂ©nitĂ©, Dieu dit : «N'est-ce point par l'Ă©vocation d'Allah que se tranquillisent les cƓurs ?»

  28. Le renoncement

    Dans la notion de renoncement, il y a Ă  la fois un sens propre et un sens figurĂ©. Le sens propre est de renoncer Ă  quelque chose alors que nous la dĂ©tenons. Dans ce sens-lĂ , l’Homme ne peut pas faire de renoncement car on ne peut pas renoncer Ă  ce que l’on n’a pas. Oui, quoique l’homme puisse possĂ©der, cela reste infime. De plus, tout ce qu’il possĂšde, c’est Dieu qui le lui a accordĂ©. Comment donc renoncer Ă  quelque-chose que tu n’as eue que par la grĂące de Dieu ? Surtout que la volontĂ© divine consiste Ă  manifester et laisser apercevoir les bienfaits divins. Le ProphĂšte, paix et salut sur lui, dit : «Allah aime lorsqu’Il donne un bienfait Ă  son serviteur, que l’on voit les effets de ce bienfait sur lui.» Si par exemple tu possĂšdes beaucoup d’argent, cela doit se voir sur toi. Dans un hadith, le ProphĂšte, paix et salut sur lui, dit Ă  un homme riche qui se nĂ©gligeait physiquement : «achĂštes toi de jolies choses, Allah aime quand Il fait don de quelque-chose que cela se voit en nous.» Quand Allah nous fait don de la force physique, de la connaissance, Il aime que cela se voie en nous. Ainsi Dieu dit souvent dans le Coran: «ils croient et font des bonnes actions», c’est-Ă -dire qu’on ne peut exprimer la foi dans l’associer Ă  l’action.

    Dieu a deux caractĂ©ristiques, il possĂšde Ă  la fois des sifats jalal et des sifats jamal, rĂ©sumĂ©es en un seul nom : « dhouljalali wal ikram ». Sifatoul jalal sont les caractĂ©ristiques qui reprĂ©sentent la force, la royautĂ©, la suprĂ©matie, la grandeur. Quant Ă  Al Jamal, ce sont les caractĂ©ristiques qui reprĂ©sentent la misĂ©ricorde, la douceur, la comprĂ©hension, la passion, la donation, la protection. Dieu dit : «et j’ai fait du jour et de la nuit deux preuves. Nous avons cachĂ© le signe de la nuit et nous avons rendu visible le jour.» Et ce, afin qu’il y ait une diffĂ©rence entre le moment de force et de rigueur pour gagner sa vie et le moment de douceur, de tendresse et de repos. On ne peut pas dire que l’un est meilleur que l’autre. Le renoncement donc, n’est pas de bannir les bienfaits d’Allah mais de pouvoir les utiliser dans le bon sens. Cependant quand on parle de renoncement ce n’est pas dans le sens propre qui ne s’adresse qu’au visible et au physique, mais au sens figurĂ© qui s’adresse au cƓur, que l’on appelle l’attachement.

  29. Le savoir

    Le savoir est une vertu car Allah l’a considĂ©rĂ© comme une source de vie. De mĂȘme qu’Il considĂšre l’ignorance comme Ă©tant une mort. Il compare Ă©galement la connaissance Ă  la vue, et l’ignorance Ă  l’aveuglement. Il dit donc : «L’aveugle et le voyant ne sont pas semblables, ni les tĂ©nĂšbres et la lumiĂšre, ni l’ombre et la chaleur ardente, et les morts ne sont pas comme les vivants» (s.35, v19-22), et Il dit dans un autre verset: «Dis leur: ceux qui savent sont-ils comparables Ă  ceux qui ne savent pas?» (s.39, v.9). C’est pourquoi le premier message adressĂ© Ă  l’humanitĂ© fut « iqra », «apprends, cultive ta connaissance».

    Il existe trois formes de connaissance : celle thĂ©ologique, qui est la branche du savoir dont les enseignements ont pour but de comprendre la volontĂ© d’Allah envers ses serviteurs ; la connaissance de la crĂ©ation d’Allah (qui elle aussi fait partie du domaine religieux), c’est le savoir qui nous permet de connaĂźtre l’Ɠuvre de Dieu. Ce domaine est le plus vaste de tous ; tous ceux qui travaillent dans le domaine profane sont concernĂ©s, du mĂ©decin Ă  l’architecte en passant par l’agriculteur et le couturier. Il y a enfin connaĂźtre Allah, c’est-Ă -dire percer le mystĂšre de notre existence et retrouver synchronisation avec notre MaĂźtre, Celui de qui nous Ă©manons. Cela relĂšve du domaine du spirituel.

    Ainsi donc, le disciple doit Ă©voluer dans ces trois connaissances : la connaissance de la volontĂ© de Dieu (qu’il s’agisse de la thĂ©ologie, la morale ou autre), la connaissance de la crĂ©ation de Dieu, de l’Ɠuvre du Seigneur (ceci afin d’ĂȘtre utile dans son monde et de pouvoir prĂ©server sa pĂ©rennitĂ© biologique), et enfin la connaissance divine, qui est celle vers laquelle tout le monde tend. Notre bien-aimĂ© le ProphĂšte dit : «Les savants sont les hĂ©ritiers des ProphĂštes, car l’hĂ©ritage des ProphĂštes n’est que connaissance». Il dit Ă©galement : «la diffĂ©rence entre le savant et l’adorateur est telle la diffĂ©rence entre le ProphĂšte et le moins pieux de la communauté», et aussi : «mĂȘme les poissons dans la mer, mĂȘme les fourmis dans leur terrier, demandent pardon en faveur du savant».

  30. Placer sa confiance

    « Al tawakkul » dĂ©signe le fait de placer sa confiance en Allah aprĂšs avoir pris les dispositions nĂ©cessaires. Celui qui ne prend pas ces mesures indispensables, s’est laissĂ© aller. A ce sujet, le ProphĂšte dit un jour Ă  Seyidina Mu’adh: «Ô Mu'adh ! Connais-tu le droit d’Allah sur les serviteurs et le droit des serviteurs sur Allah?» Il rĂ©pondit que non. Alors le ProphĂšte dit : «le droit d’Allah sur les serviteurs c’est qu’ils l’adorent et qu’il ne lui associent rien. Et le droit des serviteurs sur Allah c’est qu’Il les fasse tous rentrer au paradis». Il lui dit donc : «Ô Messager de Dieu, laisse-moi annoncer la bonne nouvelle aux croyants !» Il lui dit : « Non, ne leur annonce pas cette bonne nouvelle, ils vont tous placer leur confiance en Dieu et ne pas se mettre Ă  l’Ɠuvre.»

    Ainsi, l’adoration ne peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme telle qu’aprĂšs avoir placĂ© sa confiance et pris ses dispositions. C’est pourquoi il y a un verset qui nous explique en toute rĂ©alitĂ© ce qu’est le fait de placer sa confiance : "Et place ta confiance dans le Tout Puissant, le TrĂšs MisĂ©ricordieux" (s.26, v.217). PremiĂšrement, « place ta confiance », montre que l’humain est faible et a besoin d’un soutien, d’une aide. Dieu dit donc : «dans le Tout Puissant». Une maniĂšre de montrer que celui qui place sa confiance a besoin de soutien, et il ne peut pas se reposer que sur une force inĂ©puisable, celle du Tout Puissant. Dieu dit d’ailleurs: "ceux qui cherchent d’autres soutiens en dehors d’Allah sont semblables Ă  l’araignĂ©e qui pour s’abriter construit une maison, alors que la maison la plus fragile est celle de l’araignĂ©e. Si seulement ils pouvaient rĂ©flĂ©chir» (s.29, v.41). Puis il dit : «le Tout MisĂ©ricordieux», car l’Homme a besoin de placer sa confiance en un Puissant certes, mais aussi remplit de compassion pour tes souffrances. Le ProphĂšte nous montre les effets de « tawakkul » lorsqu’il dit : "si vous aviez placĂ© votre confiance en Allah comme il se devait, il vous aurait donnĂ© la subsistance comme il la donne Ă  l’oiseau. L’oiseau se lĂšve le matin, sort de chez lui et n’a rien Ă  manger. Il rentre le soir chez lui le ventre plein, et il ramĂšne avec lui la subsistance de ses enfants. VoilĂ  comment Allah vous donnerait la subsistance si vous aviez placĂ© votre confiance en Lui comme il se doit». Et sur ce point les maĂźtres soufis nous appellent Ă  ne pas abandonner les moyens, puisque le ProphĂšte nous a fait savoir que l’oiseau sort le matin, cherche sa subsistance et rentre le soir. De plus, il faut Ă©viter de penser que la subsistance est rĂ©duite Ă  l’argent, car en rĂ©alitĂ©, tout ce qui est nĂ©cessaire Ă  ton existence est une subsistance.

  31. Se défaire de tout

    Nous avions Ă©voquĂ© dans les morales prĂ©cĂ©dentes le renoncement, consistant Ă  renoncer Ă  la vie, aux bienfaits du Seigneur. On ne ressent de goĂ»t spirituel qu’en vivant le Seigneur, considĂ©rant en quelque sorte que Ses bienfaits ne sont qu’une forme de tentation. Cependant, le fait de se dĂ©faire ne rĂ©side pas dans les bienfaits eux-mĂȘmes, mais plutĂŽt dans les caractĂ©ristiques et les moyens.

    Prenons l’exemple du croyant se trouvant dans une situation critique, il invoque son Seigneur L’implorant de le soutenir. Se dĂ©faire de tout, que l’on appelle en arabe « Al tajrid », c’est de se dĂ©faire de l’invocation. Cela consiste Ă  Ă©liminer tout ce qui est une cause et un moyen entre toi et Allah. Pour illustrer ceci, prenons l’exemple de Sayidna Ibrahim lorsqu’il fut jetĂ© dans le feu. Sayidna Djibril vint le voir et lui dit : «As-tu une demande Ă  formuler ?» Sayidna Ibrahim lui dit : «de toi, non». Sayidna Djibril lui dit alors: «de ton Seigneur alors?» Sayidna Ibrahim lui rĂ©pondit : «sa connaissance de ma situation suffit comme invocation». Donc nul besoin de l’implorer. C’est dans ce sens que le ProphĂšte tournait son cƓur et son Ăąme vers son Seigneur mais n’utilisait pas sa langue pour l’implorer de changer la qibla. Allah lui dit alors : «Nous avons vu ton visage se tourner vers la grandeur de ton Seigneur. Nous accĂ©dons Ă  ta demande.» (s.2, v.144).

    Refuser d’invoquer est donc une maniĂšre de renoncer. L’Homme doit se dĂ©faire des sifats qui sont artificieuses. Le« tajrid » doit donc s’opĂ©rer dans l’invocation mais aussi dans la recherche de moyens. Ce n’est pas le contraire de « tawakkul », c’est Ă  dire placer sa confiance, qui n’est effectif qu’en cherchant les moyens, mais c’est un niveau supĂ©rieur, c’est ressentir cette sensation d’acceptation de la volontĂ© divine tout en rejetant tout ce qui ne le mĂšnera pas vers Lui.

    Il n’y a en effet plus de recherche de moyens, celui qui est face à l’ennemi, laisse son sort entre les mains de son Seigneur. S’il doit mourir, il mourra, s’il ne doit pas mourir, il ne mourra pas. Ainsi, Ibn Ata Allah dit: "la meilleure chose que tu puisses demander à ton Seigneur, c’est de pouvoir faire ce qu’il attend de toi.".

Lucie Dupuis

2 years ago

Pratique de l'Islam

Sagesses pour le Ramadan

  1. "L’orgueil dĂ©bute par le seul fait de penser Ă  toi ..."

    Dans un hadith quodsi, Allah nous fait savoir en utilisant une parabole que : «la grandeur est Mon pantalon et l’orgueil Mon manteau et celui, parmi les crĂ©atures, qui veut en rivaliser avec Moi alors Je le dĂ©truis». L’Homme peut ĂȘtre profondĂ©ment habitĂ© par cette pathologie (l’orgueil), sans nĂ©cessairement que cela transparaisse dans le monde du visible, alors l’humilitĂ© est la seule issue pour le serviteur. L’humilitĂ© revient Ă  ĂȘtre conscient que tu ne peux faire l’objet d’aucune gloire car tout n’est qu’émanation divine. «Tout bienfait qu’il y a en vous est l’Ɠuvre de votre Seigneur.» Ainsi, comme le dit Ibn Ata Allah : «Ne te rĂ©jouis pas d’une bonne action parce que tu l’as rĂ©alisĂ©e, mais rĂ©jouis-toi parce que ton Seigneur t’a choisi pour faire de toi le miroir qui reflĂšte Son Ɠuvre.»

    VoilĂ , chĂšres lectrices et lecteurs, le sens de la citation de Junayd, une maniĂšre d’exhorter Ă  ne pas tomber dans l’égoĂŻsme ni dans la soif «d’exister». Puisque le seul fait de considĂ©rer ce que tu penses ĂȘtre ton «moi» : tes acquis, tes capacitĂ©s ou encore tes moyens indique que dans ton profond intĂ©rieur le culte du moi est en train de faire son chemin.

    A propos de l’auteur De son vrai nom al Junayd ibn Muhammad surnommĂ© Abul Qasim. Il est originaire de la ville de Nahawand. Mais il a grandi Ă  Bagdad oĂč il a passĂ© l’essentiel de sa formation tant thĂ©ologique que spirituelle. Il apprit le droit musulman auprĂšs du cĂ©lĂšbre Sheikh Abu Thawr et fut Ă©duquĂ© dans la spiritualitĂ© par Hassan al Bassri. A vingt ans Ă  peine, il Ă©tait dĂ©jĂ  mufti de Bagdad en prĂ©sence de ses maĂźtres. Il mourut en 267 h.

  2. "Celui qui pense ĂȘtre meilleur que pharaon a fait preuve d’orgueil."

    Notre bien-aimĂ©, le ProphĂšte paix et salut sur lui, disait : «celui qui a un atome d’orgueil dans son cƓur ne pĂ©nĂ©trera pas au paradis.» Et l’orgueil n’est rien d’autre qu’un Ă©tat d’esprit qui consiste Ă  s’attribuer des vertus qui ne sont pas les nĂŽtres. Ainsi, comme le dit l’auteur, le Sheikh Abu Salih Hamdoune: «Celui qui pense ĂȘtre meilleur que pharaon a fait preuve d’orgueil» pour la raison suivante : il ne connaĂźt pas son devenir et ne possĂšde pas le pouvoir de juger. Au-delĂ  de ses actions, qu’il n’oublie pas la parole prophĂ©tique: «L’un d’entre vous se mettra Ă  agir avec des agissements des habitants du paradis jusqu’au dernier souffle de sa vie
 Et lĂ , sa destinĂ©e le rattrapera, il commettra alors les actes des habitants de l’enfer et finira en enfer. Et l’un d’entre vous ne cessera d’agir comme les habitants de l’enfer jusqu’au dernier souffle de sa vie
 Et lĂ , sa destinĂ©e le rattrapera, il commettra alors les actes des habitants du paradis et il finira au paradis.» L’imam Ali, pour remĂ©dier Ă  ce sentiment trompeur, avait pour habitude de dire : «A chaque fois que tu lis un verset qui parle du bien, ne te dis pas que ce bien fait ton Ă©loge. Et lorsque tu rĂ©cites un verset qui fait Ă©tat d’un blĂąme, dis-toi alors qu’il t’est destiné».

    A propos de l’auteur Abu Salih Hamdoune Ibn Ahmad Al Qassar est un thĂ©ologien, spĂ©cialiste des hadiths et grand maĂźtre de la spiritualitĂ© musulmane du troisiĂšme siĂšcle de l’hĂ©gire. Il Ă©tait Ă  la tĂȘte du cĂ©lĂšbre mouvement de rĂ©fĂ©rence spirituelle, Al Malamatiyya : doctrine fondĂ©e sur la purification de l’ñme dans le strict respect de la charia. Il mourut en 271 h (893).

  3. "Si tu entreprends de réformer ton ùme alors trouve la force en retenant ta langue."

    Cette sagesse rĂ©sume les enseignements prophĂ©tiques. En effet, comme il est relatĂ© dans un hadith, lorsque les membres du corps se rĂ©veillent le matin, ils s’adressent tous Ă  la langue et lui disent : «Ô toi la langue, de toi dĂ©pend tout. Si tu es droite nous serons droits, si tu dĂ©vies nous dĂ©vierons tous».

    Ainsi, en concordance avec ce hadith, cette citation nous enseigne le meilleur moyen d’arriver Ă  l’éducation de l’ñme, Ă  savoir : retenir sa langue. L’imam Chafi’i avait pour habitude de dire : «Ô fils d’Adam, prends garde Ă  ta langue car c’est un serpent, prends garde Ă  son venin. Celui qui sait maĂźtriser sa langue, qui arrive Ă  diriger sa langue, Ă  contrĂŽler sa langue, cette personne-lĂ  trouvera la force de rĂ©frĂ©ner les passions de son Ăąme».

    Le ProphĂšte, paix et salut sur lui, fut interrogĂ© un jour : «Le musulman peut-il ĂȘtre avare ?» Il rĂ©pondit : «Oui». Puis on ajouta : «Est-ce qu’il peut ĂȘtre lĂąche ?» Il rĂ©pondit : «Oui». Enfin on ajouta : «Est-ce qu’il peut ĂȘtre menteur ?» Ce Ă  quoi il rĂ©pondit : «Non, le musulman ne peut mentir». La perversion de l’ñme dĂ©bute par une langue non maĂźtrisĂ©e. Et le ramadan, trĂšs chĂšres lectrices et lecteurs, n’est-il pas en cela une opportunitĂ© Ă  saisir ?

    A propos de l’auteur Abu Ali Ahmad ibn Assim Al Antaki est un cĂ©lĂšbre savant musulman, spĂ©cialiste des hadiths du troisiĂšme siĂšcle de l’hĂ©gire. NĂ© en 140 h, il s’est distinguĂ© par son ascĂ©tisme et sa connaissance pointue en matiĂšre d’éducation des cƓurs. Au point d’ĂȘtre surnommĂ© par ses pairs « l’espion des cƓurs ». Sa capacitĂ© singuliĂšre Ă  Ă©duquer les Ăąmes fit de lui une rĂ©fĂ©rence Ă  Damas et ce jusqu’à ce qu’il rendit l’ñme en 239 h.

  4. "Le rĂ©el espoir est celui qui te pousse Ă  Ɠuvrer."

    Il existe une rĂ©alitĂ© dans l’islam qui a Ă©tĂ© mise en avant dans un verset, dans lequel Dieu dit : «Ô vous mes serviteurs qui avez commis des excĂšs au dĂ©triment de vous-mĂȘme, ne dĂ©sespĂ©rez pas de la misĂ©ricorde de Dieu. Car Dieu pardonne tous les pĂ©chĂ©s.» Le croyant doit donc toujours vivre dans l’espoir, car c’est lui qui donne vie. DĂ©sespĂ©rer revient d’une certaine maniĂšre Ă  minimiser le pardon divin, car la misĂ©ricorde de Dieu est toujours beaucoup plus grande que nos pĂ©chĂ©s. L’imam Bussayri dit: «Ô toi l’ñme ne dĂ©sespĂšre pas du pardon de ton Seigneur, car les pĂ©chĂ©s ne sont qu’une goutte dans l’ocĂ©an du pardon d’Allah.»

    Mais qu’est-ce que l’espoir ? Le ProphĂšte, paix et salut sur lui, demanda un jour : «Connaissez-vous en rĂ©alitĂ© l’intelligent ?» Les compagnons rĂ©pondirent par la nĂ©gative. Au ProphĂšte, paix et salut sur lui, le parfait Ă©ducateur, de leur dire alors : «L’intelligent est celui qui mesure les capacitĂ©s de son Ăąme et se prĂ©pare Ă  ce qui vient aprĂšs la mort». Le rĂ©el espoir est celui qui est ancrĂ© en toi et qui t’encourage Ă  Ɠuvrer afin d’atteindre tes objectifs et non celui qui te pousse au dĂ©sespoir et Ă  baisser les bras.

    A propos de l’auteur Abu Muhammad Abdallah ibn Al Khoubayq Ă©tait originaire de Kuffa. Il fut, comme la majeure partie des grands thĂ©ologiens de son Ă©poque, un homme connu et reconnu pour sa piĂ©tĂ© et sa moralitĂ©, outre de la fonction d’imam qu’il occupait.

  5. "Le pĂ©chĂ© annonce la mort de l’ñme, telle l’agonie annonce la mort du corps."

    Dans le Coran plusieurs versets font Ă©tat de la vie et de la mort. Parfois au sens strict du terme, comme dans le verset : «Gloire Ă  Celui qui a crĂ©Ă© la vie et la mort afin de vous Ă©prouver.». Parfois avec une dimension spirituelle : «Celui qui Ă©tait mort et que nous avons ressuscitĂ© et Ă  qui nous avons accordĂ© une lumiĂšre avec laquelle il vit, est-il semblable au mort qui vit dans les tĂ©nĂšbres ?». Il s’agit ici de la mort spirituelle. Toute chose possĂšde des prĂ©ludes annonciateurs. Dieu dit : «C’est Lui qui envoie le vent comme annonciateur de la pluie, de Sa misĂ©ricorde.»

    De la mĂȘme maniĂšre, l’agonie prĂ©sage de la mort biologique et le pĂ©chĂ© prĂ©figure l’extinction de l’ñme. Le ProphĂšte, paix et salut sur lui, dit : «A chaque fois que l’Homme fait un pĂ©chĂ©, un point noir se forme dans son cƓur. S’il persiste dans son pĂ©chĂ©, les points noirs se multiplient dans son cƓur jusqu’à ce que celui-ci devient tout noir et perd la sensibilitĂ©.» Par consĂ©quent, il perd la notion du bien et du mal. Le mal est considĂ©rĂ© comme un bien et vice versa.

    D’ailleurs, un hadith nous le prĂ©disait il y a dĂ©jĂ  quatorze siĂšcles: «Celui qui vivra parmi vous verra l’époque oĂč la vertu n’a plus de valeur et oĂč le mal devient la vertu.

    A propos de l’auteur Abu Hafs Umar ibn Maslama Al Hadad, plus connu sous le nom d’Abu Hafs Al Naysaburi, a marquĂ© son Ă©poque en Ă©duquant une grande partie des musulmans grĂące Ă  ses innombrables connaissances et sagesses spirituelles. SurnommĂ© « maĂźtre du Khorassan », il rendit l’ñme en l’an 264 h.

  6. "Il n’y a d’épreuves pires que l’insouciance et la duretĂ© du cƓur."

    Dieu dit dans le Coran : «l’Homme a Ă©tĂ© crĂ©Ă© faible.» Facilement gagnĂ© par ses Ă©motions et passions, l’Homme fait difficilement face aux Ă©preuves de la vie. Cette souffrance psychologique que l’on ressent, pas moins douloureuse que la souffrance physique, est principalement causĂ©e par l’insouciance et l’inattention.

    MalgrĂ© tous les signes qui gravitent autour de l’Homme, il demeure nĂ©gligeant : «Combien y a-t-il de signes dans les cieux et sur la terre qui passent Ă  cĂŽtĂ© des Hommes tous les jours mais ils y sont totalement inattentifs, insouciants.».

    La duretĂ© du cƓur constitue aussi, au mĂȘme titre que l’insouciance, un flĂ©au moralement dĂ©vastateur pour l’Homme puisqu’elle le sĂ©pare totalement du monde dans lequel il vit. Comme le dit notre ProphĂšte, paix et salut sur lui : «Celui qui entre en contact avec ses semblables, endure leur mĂ©chancetĂ© et eux endurent la sienne, est meilleur que celui qui s’isole et refuse de se mĂ©langer avec les Hommes.»

    La sociabilitĂ© est en effet une formidable vertu, illuminant le cƓur de l’Homme et de ceux qui le cĂŽtoient. Mais dans un cadre plus spirituel, l’insouciance nous enlĂšve notre sensibilitĂ© Ă  Ă©veiller notre Ăąme. Et la duretĂ© du cƓur nous empĂȘche de contempler notre Seigneur.

    A propos de l’auteur NĂ© en 164 h, Abul Husseyn Ahmad ibn Abil Hiwari est Ă  la fois un cĂ©lĂšbre thĂ©ologien et un ascĂšte musulman du troisiĂšme siĂšcle hĂ©girien. Originaire de Kuffa, il s’installa Ă  Damas et cĂŽtoya les plus grands savants de son Ă©poque tels que Al Darani ou en encore Ibn Uwayna, avant de rendre l’ñme en 230 h.

  7. "Mon jour de paix est celui oĂč je n’ai pas dĂ©sobĂ©i Ă  mon Seigneur."

    Cette parole de Fudayl ibn Ayad prouve la grandeur de la philosophie de cet homme. Tandis que certains considĂšrent comme jour de paix et de gloire le jour de leur naissance, de leur embauche, de leur mariage, de l’obtention de leur diplĂŽme ou mĂȘme du versement de leur premier salaire


    Ce grand maĂźtre de la spiritualitĂ© musulmane considĂšre, lui, que dans sa vie il n’y a de place pour la joie que lorsqu’il a rĂ©ussi Ă  mettre une barriĂšre entre lui et la dĂ©sobĂ©issance Ă  Dieu. Puisque le pĂ©chĂ© occasionne la duretĂ© du cƓur, assombrissant notre clairvoyance et notre discernement , pour nous rĂ©duire Ă  l’état animal. C’est pourquoi Dieu dit : «Nous avons prĂ©parĂ© l’enfer pour beaucoup d’Hommes et de djinns car ils ont des cƓurs avec lesquels ils ne raisonnent pas, des yeux avec lesquels ils ne voient pas, des oreilles avec lesquels ils n’entendent pas. VoilĂ  ceux qui sont semblables aux bĂȘtes, mĂȘme pire encore».

    Ainsi quand l’Homme rĂ©ussit Ă  s’écarter de la dĂ©sobĂ©issance, il gagne l’ultime combat : le combat contre son Ă©go, son Ăąme, ses passions et ses dĂ©sirs. Dieu dit : «A rĂ©ussi celui qui a purifiĂ© son Ăąme» et aussi: «Celui qui craint son Seigneur et qui interdit Ă  son Ăąme les passions aura comme rĂ©compense la demeure de la satisfaction de son Seigneur.»

    A propos de l’auteur Abu Ali Al Fudayl ibn Ayad est une figure marquante du second siĂšcle hĂ©girien. NĂ© Ă  Samarkand en 107 h, il s’installa Ă  Kuffa et devint un savant distinguĂ© et respectĂ© de tous tant sur le plan scientifique que spirituel. SurnommĂ© « l’adorateur des deux mosquĂ©es sacrĂ©es » il rendit l’ñme en 187 h.

  8. "Celui qui s’écarte avec sincĂ©ritĂ© d’une passion alors Allah en prĂ©servera son cƓur."

    Celui qui vit dans la souffrance de dĂ©sobĂ©ir Ă  Dieu s’interroge : «quel est le premier pas Ă  faire pour guĂ©rir ? Devons-nous attendre qu’Allah guide nos cƓurs et alors, nous arrĂȘterons les pĂ©chĂ©s ? Ou est-ce le fait d’arrĂȘter les pĂ©chĂ©s qui entrainera notre guidĂ©e ?» Il n’y a aucun doute que la deuxiĂšme solution est la plus juste. En effet, nos cƓurs, comme le dit Ibn Ata Allah, sont des rĂ©cipients vides qui attendent de recevoir les donations du Seigneur et les misĂ©ricordes Ă©manent de Lui.

    Cependant un rĂ©cipient sale ne peut prĂ©tendre Ă  ces donations qu’en empruntant le chemin qui mĂšne vers elles autrement dit le chemin de la puretĂ© et du repentir. Ainsi celui qui dĂ©bute des rĂ©formes afin de se purifier alors Dieu interviendra. Dieu ne fait jamais pour l’Homme ce que ce dernier peut faire seul. Cependant, lorsque dans son cheminement l’Homme est confrontĂ© Ă  des difficultĂ©s qui dĂ©passent ses compĂ©tences d’humain, il se tourne vers son Seigneur qui acceptera sa demande Ă  condition que cette demande soit lĂ©gitime et qu’il fasse preuve de droiture et de dĂ©termination. Lorsque Seyidna Moussa a implorĂ© Dieu pour qu’il lui donne la dĂ©livrance, Dieu lui a dit : «Ô Moussa ! Nous avons acceptĂ© ta demande. Cependant, restez dans la droiture et ne suivez point le chemin de ceux qui se sont dĂ©tournĂ©s de Dieu».

    A propos de l’auteur Abu Suleyman Abd Al Rahman ibn Atiyya Al Darani est nĂ© en 140 h au sein d’une famille originaire de Damas. Grand Ă©rudit du troisiĂšme siĂšcle hĂ©girien, il fut Ă©galement un grand soufi au point d’ĂȘtre surnommĂ© par l’imam Al Dhahabi « l’ascĂšte de son Ă©poque ». Il rendit l’ñme l’an 215 h.

  9. "La piĂ©tĂ© de l’Homme se manifeste Ă  travers trois choses : ses dons, ses refus et ses paroles."

    Le plus grand acte de dĂ©votion est, comme le dit le ProphĂšte, paix et salut sur lui, la priĂšre. Dans cette adoration, Dieu nous ordonne de tourner nos corps en direction de la Mecque, comme dans le verset : «Tourne donc ton visage vers la mosquĂ©e sacrĂ©e, oĂč que vous soyez tournez-y vos visages.» Cependant, dans un autre verset, Dieu nous fait savoir que la Kaaba est la qibla, c’est-Ă -dire la direction des corps.

    Mais les cƓurs n’ont de direction si ce n’est Dieu. Autrement dit, Dieu est la direction des cƓurs et la Kaaba est la direction des corps. Lorsque le serviteur se tient physiquement en direction de la Kaaba mais que son cƓur ne se tourne pas vers son Seigneur alors sa priĂšre ne peut avoir de sens. Ainsi Dieu dit : «Malheur Ă  ceux qui font leurs priĂšres qui se lĂšvent et sont dans l’étourdissement.»

    Par contre Dieu dit de ceux qui, dans leurs priĂšres, ont pu matĂ©rialiser la prĂ©sence de leur Seigneur: «Bienheureux sont les croyants qui, lorsqu’ils se lĂšvent pour la priĂšre, le font avec crainte.» Celui qui dirige donc son cƓur vers son Seigneur a pour rĂ©compense Sa misĂ©ricorde. «Tournez-vous vers moi en m’implorant et je me tournerai vers vous en vous accordant, tournez-vous vers moi en me sollicitant, je me tournerai vers vous en vous rĂ©pondant.»

    A propos de l’auteur Abu Ali Chaqiq Ibn Ibrahim Al Balkhi Il est nĂ© dans la ville de khorassan d’une famille trĂšs riche. Grand commerçant, il se rendait trĂšs souvent en Turquie ville dans laquelle il connut le dĂ©clic qui le mena dans la voie de la spiritualitĂ©. Il Ă©tait l’initiateur du cĂ©lĂšbre Sheikh Hatim el Assam.

  10. "Fais de ce bas monde ton jour de jeûne et de la mort ta rupture."

    Le mot as-sawm, le jeĂ»ne, signifie l’abstention. Toute personne qui s’abstient d’une chose a jeĂ»nĂ© de cette chose. Chez certaines communautĂ©s, qui nous ont prĂ©cĂ©dĂ©es, le jeĂ»ne s’opĂ©rait par le refus de manger, de boire, de marcher et mĂȘme de parler. Ainsi Allah dit Ă  saydatouna Maryam: «Lorsque des gens s’adressent Ă  toi, dis-leur: j’ai formulĂ© un vƓu d’abstention pour mon Seigneur ainsi donc je ne parlerai pas». A l’heure oĂč les musulmans vivent le mois de ramadan comme le mois de l’abstinence Ă  la nourriture, Ă  la boisson et aux dĂ©sirs charnels, les maĂźtres soufis par cette citation nous rappellent une rĂ©alitĂ© beaucoup plus absolue que l’abstention Ă  la consommation : le refus de consommer tout ce qui ne conduit pas vers le Seigneur. Sois celui qui considĂšre que la cause des causes est plus forte qu’une simple cause.

    Ne sois donc pas l’adorateur de la cause mais celui de la cause des causes. Il en est de mĂȘme pour l’enfer et le paradis. ConsidĂšre le paradis et l’enfer comme des crĂ©atures Ă  ton image. Ne dĂ©sire pas la crĂ©ation, ne crains pas la crĂ©ation, ne dĂ©sire que Le CrĂ©ateur et ne crains que Lui. «Dieu et Son messager mĂ©ritent beaucoup plus que vous cherchiez leur agrĂ©ment si vous ĂȘtes raisonnable.

    A propos de l’auteur Abu Suleyman Daoud ibn Noussayr Al Ta-Ăź, d’origine du Khorossan, fut un grand savant musulman soufi. Il naquit Ă  Kuffa. Il apprit le droit de l’imam Abu Hanifa et devint un grand juriste Ă  son Ă©poque. Il mourut en 162 h.

  11. "Ô Seigneur ne me chñtie pas par l’humiliation du voile."

    Un grand maĂźtre spirituel partage un jour son intimitĂ© avec un de ses disciples et lui raconte l’histoire de son repentir.

    Il dit : «Je me suis adonnĂ© Ă  l’adoration du Seigneur pendant vingt ans d’une façon mĂ©canique et irrĂ©flĂ©chie. Peu Ă  peu, je me suis laissĂ© aller et j’ai commencĂ© doucement Ă  me dĂ©tourner. Trente ans aprĂšs m’ĂȘtre enfermĂ© dans cette dĂ©sobĂ©issance, je me suis regardĂ© dans un miroir et ma raison m’a parlĂ©e. Celle-ci m’a dit : «J’ai adorĂ© mon Seigneur vingt ans, puis je lui ai dĂ©sobĂ©i trente ans ; ma subsistance n’a pas diminuĂ© et aucun mal ne m’a touchĂ©. Il n’y a donc aucun mal alors Ă  dĂ©sobĂ©ir. A ce moment prĂ©cis, quelque chose dans les profondeurs de mon existence m’a rĂ©torquĂ©: «Je ne t’ai pas refusĂ© Mes bienfaits durant ces trente ans de dĂ©sobĂ©issance mais Je t’ai refusĂ© meilleur ; jamais tu ne dĂ©couvriras Ma Grandeur et jamais tu ne contempleras le mystĂšre qui M’entoure ».

    Il prit alors conscience que le voile est le pire des chĂątiments. Ce voile, qui recouvre les sens, est cette barriĂšre qui nous empĂȘche de percevoir les rĂ©alitĂ©s comme elles sont. Ainsi dans cette invocation le Sheikh dit : «Ô Seigneur ne me chĂątie pas par l’humiliation du voile» car il a compris que le chĂątiment n’est rien d’autre qu’une mise en garde qui te permet de retourner vers ton Seigneur.

    A propos de l’auteur Abul Hassan Sirri ibn Al Mughlas Al Saqti est un thĂ©ologien musulman du troisiĂšme siĂšcle hĂ©girien. Imam Ă  Bagdad, Al Sirri, oncle maternel du cĂ©lĂšbre Al Junayd, Ă©tait Ă©galement un grand maĂźtre soufi. Il rendit l’ñme Ă  Bagdad en 251 h.

  12. "Celui qui dirige son cƓur vers son Seigneur, Celui-ci dirigera Sa misĂ©ricorde vers lui."

    Le plus grand acte de dĂ©votion est, comme le dit le ProphĂšte, paix et salut sur lui, la priĂšre. Dans cette adoration, Dieu nous ordonne de tourner nos corps en direction de la Mecque, comme dans le verset : «Tourne donc ton visage vers la mosquĂ©e sacrĂ©e, oĂč que vous soyez tournez-y vos visages.»

    Cependant, dans un autre verset, Dieu nous fait savoir que la Kaaba est la qibla, c’est-Ă -dire la direction des corps. Mais les cƓurs n’ont de direction si ce n’est Dieu. Autrement dit, Dieu est la direction des cƓurs et la Kaaba est la direction des corps. Lorsque le serviteur se tient physiquement en direction de la Kaaba mais que son cƓur ne se tourne pas vers son Seigneur alors sa priĂšre ne peut avoir de sens. Ainsi Dieu dit : «Malheur Ă  ceux qui font leurs priĂšres qui se lĂšvent et sont dans l’étourdissement.»

    Par contre Dieu dit de ceux qui, dans leurs priĂšres, ont pu matĂ©rialiser la prĂ©sence de leur Seigneur: «Bienheureux sont les croyants qui, lorsqu’ils se lĂšvent pour la priĂšre, le font avec crainte.» Celui qui dirige donc son cƓur vers son Seigneur a pour rĂ©compense Sa misĂ©ricorde. «Tournez-vous vers moi en m’implorant et je me tournerai vers vous en vous accordant, tournez-vous vers moi en me sollicitant, je me tournerai vers vous en vous rĂ©pondant.»

    A propos de l’auteur Abu Mahfouz Maarouf ibn Fayrouz Al Karkhi est une figure marquante parmi les savants musulmans du second siĂšcle hĂ©girien. ThĂ©ologien et maĂźtre spirituel Ă  Bagdad, il rendit l’ñme en l’an 200 h dans cette mĂȘme ville.

  13. "La connaissance est un guide, la piété un conducteur."

    L’Homme vit dans une marche Ă©ternelle en aspirant Ă  ĂȘtre meilleur. La vie est donc un voyage oĂč, dans le meilleur des cas, on quitte les tĂ©nĂšbres de l’ignorance et de la passion vers la lumiĂšre de la connaissance et l’équilibre : « Allah est le dĂ©fenseur de ceux qui ont la foi: Il les fait sortir des tĂ©nĂšbres Ă  la lumiĂšre. Quant Ă  ceux qui ne croient pas, ils ont pour dĂ©fenseurs les Tagut, qui les font sortir de la lumiĂšre aux tĂ©nĂšbres. »

    Ainsi, chaque Homme nĂ©cessite un guide. Celui-ci prend la main de l’aspirant et lui montre la voie. Et le meilleur des guides n’est rien d’autre que la connaissance. Le ProphĂšte, paix et salut sur lui, dit : « l’ignorance est la pire des maladie ». C’est pourquoi le premier verset rĂ©vĂ©lĂ© fut Iqra (lis, apprends). Et Allah dit : «est ce que les connaisseurs et les ignorants sont comparables ?» Et dans un autre verset : «le voyant et le malvoyant ne sont pas comparables, ni l’obscuritĂ© et la lumiĂšre, ni la chaleur de la fraicheur, ni les morts et les vivants». Quant au conducteur qui nous mĂšne vers cet objectif, ce n’est rien d’autre que la piĂ©tĂ©. Ainsi, le ProphĂšte, paix et salut sur lui, Ă  chaque fois qu’il regardait la lune, disait : «Î Seigneur montre nous la vĂ©ritĂ© en tant que telle et donne nous la capacitĂ© de nous y soumettre»

    A propos de l’auteur Abu Abd Illah Ibn Otthman Al Makki, cĂ©lĂšbre juriste de Bagdad et grand maitre spirituel de son temps. Il fut initiĂ© par Abu Sahid Al Kharaz et a connu le cĂ©lĂšbre Sheikh abu Abd Illah Al Nabaji. Il est mort dans sa ville natale, Bagdad, en 913 aprĂšs JC.

  14. "Ô Seigneur, Tu viens de nous montrer ta puissance, montre nous maintenant Ta misĂ©ricorde."

    Cette citation est en rĂ©alitĂ© une invocation inspirĂ©e sortie de la bouche de Abu Yazid al Bastami. Un jour, alors qu’il Ă©tait en voyage, voguant sur un bateau en plein milieu de l’ocĂ©an, il prit quelques moments de repos et en profita pour s’endormir. Soudain, il fut rĂ©veillĂ© par les cris des membres de l’équipage, l’alertant que le bateau risquait de sombrer. Alors que chacun cherchait Ă  sauver sa vie, certains se jetaient Ă  l’eau, d’autres se cramponnaient Ă  tout ce qu’ils pouvaient, Abu Yazid se leva, tourna les yeux vers le ciel et, avec conviction, dit : «Ô Seigneur Tu viens de nous montrer ta puissance, montre nous maintenant Ta misĂ©ricorde.» A cet instant, le bateau reprit son Ă©quilibre et la tempĂȘte cessa, mettant fin ainsi Ă  leur panique.

    Dans cette citation deux choses nous frappent ; la conviction d’Abu Yazid al Bastami et sa sagesse. Cette derniĂšre est le fruit d’une foi qui l’inspira Ă  invoquer son Seigneur de la meilleure des maniĂšres. Allah dans le Coran nous cite ses attributs : Il est Le Grand ChĂątieur et Le Grand Pardonneur, Celui qui Ă©lĂšve et qui rabaisse, Celui qui accorde les largesses et Celui qui les restreint
 Ces deux extrĂȘmes, loin d’ĂȘtre des contraires quand il s’agit de Dieu, sont en effet complĂ©mentaires; Dieu ne t’éprouve, ne te rend malade, qu’afin de te faire part de Sa MisĂ©ricorde en te purifiant.

    A propos de l’auteur Abu Yazid al Bastami, de son vrai nom Tayfour ibn Issa el BASTAMI. Il est l’un des plus cĂ©lĂšbres maitres de la spiritualitĂ© musulmane du second siĂšcle de l’islam. Lui et ses deux frĂšres, Adam et Ali, Ă©taient d’une profonde sensibilitĂ© spirituelle reconnue par tous leurs pairs. Il est mort l’an 856 aprĂšs JC.

  15. "Les dĂ©butants se repentent de leurs pĂ©chĂ©s et les arrivants de l’inattention"

    Le repentir est la manifestation du retour du serviteur vers son Seigneur. Un retour indispensable sachant que le fils d’Adam, comme le dit le Coran : «est crĂ©Ă© dans la faiblesse», «est crĂ©Ă© dans la souffrance», «est crĂ©Ă© avec la prĂ©cipitation», «il ne sait endurer». Toutes ces faiblesses ont inspirĂ© le ProphĂšte, paix et salut sur lui, afin de nous faire part d’une rĂ©alitĂ© majeure Ă  savoir : «Tous les fils d’Adam sont sujets Ă  l’erreur et les meilleurs d’entre eux sont les repentants».

    Cependant, les Hommes ne sont pas tous du mĂȘme niveau et donc de rĂ©compenses diverses : «chacun aura un rang qui Ă©quivaut Ă  la rĂ©alitĂ© de ses Ɠuvres». Alors que certains vivent dans les obscuritĂ©s les plus profondes, d’autres jouissent d’un esprit un peu plus Ă©veillĂ© tandis que d’autres enfin, sont envoutĂ©s par leurs passions.

    Ainsi le Sheikh dit : «Les dĂ©butants se repentent de leurs pĂ©chĂ©s et les arrivants de l’inattention». Les dĂ©butants ont du mal Ă  rĂ©pondre aux actes du corps et Ă  la soumission de celui-ci. Les itinĂ©rants sont, eux, toujours dans la quĂȘte de la synchronisation entre l’esprit et le corps. Quant aux arrivants, ils ont atteint la finalitĂ© suprĂȘme, Ă  savoir : l’illumination intĂ©rieure.

    A propos de l’auteur Abu Al Fayd Ibrahim Zu Al Noun, il est d’origine nubienne et a grandi dans le sud de l’Egypte. Le Sheikh incontestĂ© de son Ă©poque en matiĂšre de spiritualitĂ©. Le calife de l’époque, Al Mutawakkil, tenait Ă  le rencontrer le plus souvent possible pour son Ă©quilibre spirituel personnel. Il est mort en 867 aprĂšs JC.

  16. "La meilleure des actions est de vivre son heure"

    Lorsqu’Allah crĂ©a l’Homme, Il le fit habiter cette Terre que l’on appelle le bas monde. Le ProphĂšte, paix et salut sur lui, la considĂšre, lui, comme une prison : «ce bas monde est la prison du croyant». La notion de prison est Ă©voquĂ©e car l’Homme a Ă©tĂ© enfermĂ© dans deux rĂ©alitĂ©s : le temps et l’espace. Nous serons toujours contenus dans l’espace.

    Ainsi Allah dit «Ô vous les Hommes et les djinns, si vous ĂȘtes capables de sortir du cadre des cieux et de la terre (c’est-Ă -dire de l’univers) alors faites-le. Et sachez que vous ne pouvez le faire que par une puissance». Cette puissance, certains oulĂ©mas l’ont expliquĂ©e par la science. Seule la science et la connaissance permettent Ă  l’Homme d’évoluer.

    NĂ©anmoins, quelque soit l’évolution, l’Homme sera Ă  jamais dans ce bas monde encerclĂ© par l’espace. Quant au temps, l’Homme se chagrine pour les Ă©lĂ©ments passĂ©s et est pris de peur quand il s’agit de son futur. Le croyant est celui qui vit et ressent tout l’opposĂ© ; Allah dit : «En vĂ©ritĂ©, les bien-aimĂ©s d'Allah seront Ă  l'abri de toute crainte, et ils ne seront point affligĂ©s» Le seul champ d’action est le prĂ©sent.

    Ainsi, Dieu jure par le temps dans une sourate invitant tout aspirant Ă  faire de chaque instant un moment de foi, de bonnes Ɠuvres : ce qui s’offre Ă  toi, ce qui est face Ă  toi, ton heure, ton instant ton temps actuel «Par le Temps! L'homme est certes, en perdition, sauf ceux qui croient et accomplissent les bonnes Ɠuvres, s'enjoignent mutuellement la vĂ©ritĂ© et s'enjoignent mutuellement l'endurance.»

    A propos de l’auteur Abu Abd Illah Mohamed Ibn Ismail Al Maghribi, sans doute le plus cĂ©lĂšbre des maitres de son temps notamment grĂące Ă  son Ă©tonnante longĂ©vitĂ©, 120 ans, qui n’ont pas altĂ©rĂ© sa luciditĂ©, ses connaissances mais aussi sa force physique (il Ă©tait vĂ©gĂ©tarien). InitiĂ© par Ali ibn Zayn, Il fut Ă  son tour l’initiateur de Ibrahim Ibn Chibane. Il est mort en 921 aprĂšs JC.

  17. "Celui qui n’est pas accompagnĂ© par un pieu dans sa faim, se nourrira d’illicite sans retenue"

    Cheminer dans la foi nĂ©cessite beaucoup plus qu’une simple motivation ou mĂȘme une conviction. En effet, une rĂ©elle organisation et prĂ©paration doivent ĂȘtre de rigueur. Tout doit ĂȘtre parfaitement planifiĂ©. Cette planification dĂ©bute par la prise de conscience puis le repentir.

    ArrivĂ© Ă  ce stade, des mesures doivent ĂȘtre prises afin d’avancer et non de revenir en arriĂšre. L’entourage a une importance capitale et doit impĂ©rativement ĂȘtre changĂ© si ceux qui nous entourent ne nous encouragent pas dans nos nouvelles aspirations. Avoir des amis pieux qui nous soutiennent dans cette rĂ©forme et ce cheminement spirituel aidera l’aspirant Ă  la constance. Se nourrir relĂšve non seulement du corps mais aussi de l’esprit. Accompagner des malfaiteurs aura alors pour consĂ©quence de manger de ce qui provient de l’illicite. Aussi, notre Ăąme ne consommera que des Ă©lĂ©ments proscrits tels que les insultes, la calomnie, la haine, la triche


    Ainsi le ProphĂšte, paix et salut sur lui, nous dit : « L'exemple du bon compagnon et du mauvais compagnon est semblable au porteur de musc et au forgeron. Quant au porteur de musc, soit il t'en donne, soit te le vend, ou bien tu profites de la bonne odeur. Tandis que le forgeron, soit il brĂ»le tes vĂȘtements soit tu supportes l'odeur infecte. »

    A propos de l’auteur Abu Bakr Ahmed Ibn Nasr Al Zaqaq Al Kabir, parmi les plus Ă©minent maitre spirituel de l’Egypte de son temps. Il fut contemporain de l’imam Al Junayd. Il est rĂ©putĂ© pour sa grande sagesse et ses compĂ©tences d’éducateur des Ăąmes. La date prĂ©cise de son dĂ©cĂšs reste mĂ©connu mĂȘme si elle se situe au milieu du 9ieme siĂšcle aprĂšs JC.

  18. "Le plus grand malheur c’est qu’il te prenne l’action et te laisse la parole"

    «N'as-tu pas vu comment Allah propose en parabole une bonne parole pareille à un bel arbre dont la racine est ferme et la ramure s'élançant dans le ciel? Il donne à tout instant ses fruits, par la grùce de son Seigneur. Allah propose ses paraboles à l'intention des gens afin qu'ils s'exhortent. Et une mauvaise parole est pareille à un mauvais arbre, déraciné de la surface de la terre et qui n'a point de stabilité.»

    Ce verset nous montre que l’action n’est rien d’autre qu’un fruit provenant d’un arbre. Cet arbre reprĂ©sente la parole et prend ses racines dans la terre, qui n’est rien d’autre que la foi. Ainsi, toute parole ne peut avoir de poids que par la force de ses racines. Aussi, la parole n’a de sens que si elle est accompagnĂ©e d’une action rendant vĂ©ridique les dĂ©clarations. A chaque fois que la foi est Ă©voquĂ©e dans le Coran, elle a toujours Ă©tĂ© suivie par la bonne action. Et vice-versa sauf dans trois versets du Coran : «qui a meilleure parole que celui qui appelle vers Allah et qui fait de bonnes Ɠuvres», «sauf ceux qui sont endurants et qui font de bonnes Ɠuvres» et «celui qui se repend et qui fait de bonnes actions».

    L’endurance, dire de bonnes paroles et le repentir, ont donc pris la place de la foi dans ces trois versets. Une maniĂšre de dire que ces trois actions ne peuvent en rĂ©alitĂ© surgir que d’un cƓur rempli de foi. En effet, connaĂźtre la foi ne peut se rĂ©aliser que si nous nous repentons vers notre Seigneur, faisons preuve d’endurance et de patience, et enfin si nous profĂ©rons de bonnes paroles.

    A propos de l’auteur Abu Mohamed Rouayne ibn Ahmed, un des grand grands juristes de son temps. Il dĂ©livrait des avis juridiques selon l’école de Daoud el Zahiri. Il Ă©tait aussi la rĂ©fĂ©rence en matiĂšre de spiritualitĂ© et d’éducation de l’ñme. C’était aussi un grand dĂ©fenseur du soufisme authentique fondĂ© sur le coran et sounna. Il est mort en 925 aprĂšs JC.

  19. "La perte rĂ©side dans la connaissance sans action, l’action sans sincĂ©ritĂ© et le compagnonnage sans respect "

    Il existe des mots dont leur sens ou leur signification rĂ©elle dĂ©passe l’entendement des Hommes. C’est le cas pour le mot « perte ». En effet, pour lui donner une signification ou dĂ©finition, l’Homme aura tendance Ă  dire : c’est l’acte de perdre des clĂ©s par exemple ou mĂȘme une personne qui nous est chĂšre. Ce n’est pas faux.

    Cependant, l’Homme doit chercher Ă  donner un sens plus profond et spirituel aux choses. Ainsi le ProphĂšte, paix et salut sur lui, Ă©duquait-il ses compagnons. Concernant cette sagesse, un hadith vient confirmer son message : «Le vrai perdant est celui qui s’est prĂ©sentĂ© le jour de la RĂ©surrection avec des montagnes de bonnes actions, des priĂšres, des jeĂ»nes
 mais dans sa vie, il a commis des injustices Ă  untel, insultĂ©, frappĂ©, dĂ©nigrĂ© et mĂ©dit sur le dos d’un autre. On lui reprend alors toutes ses bonnes Ɠuvres pour dĂ©dommager ses victimes jusqu’à ce qu’il ne lui reste plus de bonnes actions, on prendra alors des pĂ©chĂ©s de ses victimes pour les lui imposer comme fardeau et ainsi il se retrouve Ă  la fournaise.»

    Quant au respect, s’en abstenir en prĂ©sence de ceux partagent notre but, nos aspirations, n’a de consĂ©quence que l’éloignement et la distance. Que dire alors de ceux qui manifestent leur impolitesse devant leur maĂźtre ? Le bannissement est sĂ»rement le mot le plus approprié  Telle est la grande perte !!!

    A propos de l’auteur Abu Abdillah Mohamed ibn Al Fadhl Al Balkhi, cĂ©lĂšbre maitre spirituel de la ville de Samarcande dans l’actuel Ouzbekistan. Il fut initiĂ© par Ahmad ibn Khadraouia et fut aussi lui-mĂȘme l’initiateur du sheikh abu otthman el Hiri. Il est mort l’an 941.

  20. "Prenez garde de mentir, de trahir et de médire. Ensuite, faites tout ce que vous voulez"

    Etre un bon musulman est ĂȘtre opposĂ© Ă  tout ce qui ne relĂšve pas de la bonne moralitĂ©. Prier, jeĂ»ner, dĂ©penser en aumĂŽnes : toutes ces adorations sont les ornements du croyant qui doivent ĂȘtre en phase avec sa moralitĂ©. Le croyant tend toujours Ă  la perfection morale essayant jour aprĂšs jour de se doter des plus grandes qualitĂ©s morales. Certaines de ces derniĂšres sont indispensables voire obligatoires ou basiques.

    Un jour, un compagnon vint voir le ProphĂšte et lui demanda : «Le croyant peut-il ĂȘtre lĂąche ? Il dit : oui ! Peut-il ĂȘtre avare ? Il dit : oui ! et lorsqu’on lui demanda : peut-il ĂȘtre menteur ? Il rĂ©pondit : Non». Mentir est le plus vil des dĂ©fauts car il entraĂźne d’autres dĂ©faillances morales telles que la trahison ou encore la calomnie. Trahir ou calomnier, ne sont-ils pas la manifestion la plus Ă©pouvantable du mensonge ? De plus, elles ont cette capacitĂ© d’anĂ©antir nos actes. Mentir sur le dos d’une personne revient Ă  lui faire don de nos bonnes Ɠuvres tout en acceptant leurs pĂ©chĂ©s les plus horribles.

    Ainsi purifier notre intĂ©rieur en le remplissant de sincĂ©ritĂ© garantie la pĂ©rennitĂ© de nos actes ainsi que leur acceptation. Dans ce sens, celui dont ses ennemis le surnommaient «le vĂ©ridique et digne de confiance», notre bien-aimĂ© le ProphĂšte, paix et salut sur lui, dit un jour Ă  un de ses compagnons. «Sois vĂ©ridique et le peu d’acte te suffira».

    A propos de l’auteur Abu Al Fawaris Chah Ibn Shouja’ Al Karmani, est une des rĂ©fĂ©rences spirituelles du 10 Ăšme siĂšcle aprĂšs JC. Il s’est fait connaĂźtre pour son renoncement, sa pitiĂ© mais aussi son grand dĂ©vouement en matiĂšre d’adoration. Parmi ses maitres on compte Abu Tourab Al Nakhchi et Abu ‘Oubayd Al Boussri.

  21. "Tout ce qui ne trouve pas sa place dans la science, la sagesse et la spiritualitĂ©, est l’Ɠuvre du diable"

    Le diable ne participe pas aux actes Ă©manant de ceux qui ne l’ont fait en toute connaissance, sagesse et parfaite dĂ©votion. Ces trois Ă©lĂ©ments sont en effet un bouclier contre toute manipulation satanique. Lorsque Dieu dit Ă  Iblis «Sur Mes serviteurs tu n'auras aucune autorité», cela signifie qu’il n’aura aucune capacitĂ© d’agir sur leurs actions.

    Ainsi, toute la question est de savoir quelles sont les caractĂ©ristiques de Ses serviteurs. PremiĂšrement, la science. Pour voir son Ɠuvre acceptĂ©e, elle doit ĂȘtre conforme Ă  la science, qu’elle soit islamique ou mondaine.

    La sagesse, elle, relĂšve d’une capacitĂ© supĂ©rieure, c’est voir au-delĂ  de la science, l’acte qui sera le plus adaptĂ© Ă  la situation. Ce n’est pas le contraire de la science mais sa version la plus dĂ©veloppĂ©e. Elle s’acquiert grĂące Ă  l’expĂ©rience et est due Ă  une clairvoyance que Dieu accorde Ă  ses serviteurs les plus rapprochĂ©s. Le Coran dit Ă  cet effet : «Dieu donne la sagesse Ă  qui Il veut. Et celui Ă  qui la sagesse est donnĂ©e, vraiment, c'est un bien immense qui lui est donnĂ©.».

    La spiritualitĂ© elle, est ce lien qui lie Dieu au serviteur. Un Homme peut faire du bien sans pour autant associer Dieu Ă  sa cause, ainsi elle ne dĂ©passera pas le premier ciel et le diable s’occupera de l’annuler. Quant au spirituel, Dieu dit : «vers Lui monte la bonne parole, et Il Ă©lĂšve haut la bonne action»

    A propos de l’auteur Abu Al Abbas Ahmed Ibn Mohamed Sahl Ibn Atta Al Admi, il est contemporain d’Al junayd et disciple du Sheikh Ibrahim Al Marsani. Il Ă©tait, en plus de sa sensibilitĂ© spirituelle un grand thĂ©ologien distinguĂ©. Il est mort en l’an 931 aprĂšs JC.

  22. "Agir pour les gens est de l’associationnisme, et ne pas agir pour eux est de l’ostentation"

    La grandeur de l’éducation spirituelle est parfaitement dĂ©voilĂ©e Ă  travers cette magnifique sagesse. La subtilitĂ© de cette parole laisse tout Homme sensible Ă  la purification de l’ñme sous l’émerveillement. Percer les vices de l’ñme est la spĂ©cialitĂ© de ces maĂźtres spirituels qui ont consacrĂ© leur vie Ă  mettre en application le verset coranique : «A certes rĂ©ussi celui qui purifie son Ăąme.» afin d’ĂȘtre digne de se voir adressĂ© le Jour de la rĂ©surrection : «Ô toi, Ăąme apaisĂ©e, retourne vers ton Seigneur, satisfaite et agrĂ©Ă©e; entre donc parmi Mes serviteurs, et entre dans Mon Paradis.».

    Avant d’en arriver lĂ , l’aspirant doit percer les mystĂšres de son Ăąme et apprendre Ă  en dĂ©jouer les vices. Cette sagesse met en avant une autre facette de la sincĂ©ritĂ©. Associer Ă  notre acte la volontĂ© de satisfaire des individus constitue de l’associationnisme car adorer Dieu, agir pour Dieu, n’accepte pas la prĂ©sence d’une tierce personne. Mais lĂ  oĂč la perspicacitĂ© de la sagesse est pĂ©nĂ©trante, c’est qu’elle considĂšre que s’abstenir d’agir pour les Hommes est de l’ostentation. Comment divulguer une chose peut elle devenir ostentatoire ? La sincĂ©ritĂ© dans l’acte rĂ©side dans l’intention qui l’anime.

    Ainsi, lorsque nous refusons d’agir, nous ne devons pas le faire par crainte des regards des gens car leurs regards doivent ĂȘtre insignifiants Ă  nos yeux. Si nous considĂ©rons leurs regards, notre refus d’agir n’est donc plus motivĂ© pour Dieu mais elle manifeste notre Ă©gard vis-Ă -vis de nos actes. Cacher son acte alors, revient ici, Ă  extĂ©rioriser et exhiber notre sentiment de piĂ©tĂ©.

    A propos de l’auteur Abu Issac Ibrahim Ibn Adahm Ibn Mansour, Ă©tant d’une lignĂ©e royale, il raconte que son dĂ©clic spirituel lui est venu alors qu’il chassait le liĂšvre. Au milieu de son attraction, il sentit le plus profond de sa conscience l’interroger : « O Ibrahim, est-ce pour cela que tu as Ă©tĂ© crĂ©e ou est-ce cela ta vocation dans ce monde ? ». Ceci marqua le dĂ©but de son cheminement qui l’a rendu aussi grand que cĂ©lĂšbre dans le monde la spiritualitĂ©.

  23. "L’arbre de la connaissance est arrosĂ© par l’eau de la mĂ©ditation"

    Toute chose a Ă©tĂ© conçue dans ce bas monde pour Ă©voluer, grandir, pour passer d’une Ă©tape Ă  une autre. Ainsi, la vie du fils d’Adam est cyclique. Allah il dit : «Allah vous a crĂ©Ă© dans la faiblesse, vous quittez cet Ă©tat de faiblesse vers la force et vous quittez cet Ă©tat de force vers la faiblesse une deuxiĂšme fois.» (s30 v54). Il en est de mĂȘme pour les Ă©lĂ©ments terrestres, la nature, l’ocĂ©an


    La foi aussi passe par des Ă©tapes. Allah dit des croyants : «Tu les vois inclinĂ©s, prosternĂ©s, recherchant dÂŽAllah grĂące et agrĂ©ment. (
) Et lÂŽimage que lÂŽon donne dÂŽeux dans lÂŽEvangile est celle dÂŽune semence qui sort sa pousse, puis se raffermit, sÂŽĂ©paissit, et ensuite se dresse sur sa tige...» (s48 v29).

    Le croyant Ă©volue donc constamment dans la foi. Tout ce qui a germĂ© doit ĂȘtre arrosĂ© pour grandir. Cela nĂ©cessite donc un entretien permanent. Ainsi le Sheikh dans cette sagesse nous ouvre les portes de la connaissance, il nous dit : «L’arbre de la connaissance est arrosĂ© par l’eau de la mĂ©ditation.» Parce que la mĂ©ditation mĂšne vers la connaissance, la raison doit donc ĂȘtre mise Ă  contribution face aux thĂ©ories afin de s’enrichir de l’expĂ©rience de la pratique. L’arbre de la connaissance est arrosĂ© par l’eau de la mĂ©ditation.

    Jadis les oulĂ©mas disaient : «la connaissance vient par l’étude». Il disait aussi, «l’arbre de l’insouciance est arrosĂ© par l’eau de l’ignorance, celui du repentir par celle du regret, celui de l’amour par celle du don de soi»

    A propos de l’auteur Abu Al Abbas Ahmad Ibn Masrouq, parmi les rĂ©fĂ©rences musulmanes en matiĂšre de spiritualitĂ© et de purification de l’ñme. Il a Ă©tĂ© initiĂ© par 2 grands maitres, Al Mouhasabi et Al Saqti. Il est mort et enterrĂ© Ă  Bagdad l’an 920 aprĂšs JC.

  24. "Il se peut qu'Il te donne en te privant ou te prive en te donnant"

    Dans un verset du coran, Allah dit : «Vous pouvez aimer une chose alors qu'elle est mauvaise pour vous et vous pouvez détestez une autre alors qu'elle est bien pour vous, car Allah seul connait et vous vous ne connaissez rien» (2:216).

    Ce verset dĂ©montre une rĂ©alitĂ© absolue, le bien et le mal d’une chose ne dĂ©pend pas de l'amour ou non qu’on y porte. Pour employer une mĂ©taphore : quelque soit l'amertume d’un mĂ©dicament, ceci ne peut en aucun cas remettre en cause son efficacitĂ©. Ainsi si le croyant fait preuve de bon sens, il comprendra qu’en nous privant d'une chose que nous avions dĂ©sirĂ© il se peut qu'Allah nous donne un bienfait cachĂ© encore meilleur. De la mĂȘme maniĂšre, Il peut nous donner une chose qu'on lui a demandĂ© alors qu'en rĂ©alitĂ© il nous prive d'un grand bien qui aurait aboutit Ă  condition de perdre cette donation. Allah est le seul Connaisseur, le croyant ne peut que s'en remettre entiĂšrement Ă  Allah. Il lui appartient de Lui faire pleinement confiance, il en tirera profit comme le ProphĂšte le dit : «Accepte avec joie ce que ton Seigneur t'a donnĂ© et tu seras le plus riche des hommes».

    A propos de l’auteur Ibn Ata-Allah, Ibn Ata-Allah est sans doute l’un des maĂźtres spirituels les plus populaires et dont les Ă©crits sont les plus lus dans le monde musulman. Ibn Ata-Allah Al Sakandari a vĂ©cu au 13Ăšme siĂšcle en Haute Egypte, plus particuliĂšrement dans la rĂ©gion d’Alexandrie. Ibn Ata-Allah a fait ses preuves dans le monde spirituel et a compris que le plus important dans la vie du croyant ce n’est point la connaissance des sources mais plutĂŽt la comprĂ©hension et l’approche que l’on peut avoir des sources.

  25. "Un pĂ©chĂ© qui engendre l’humilitĂ© et le retour Ă  Dieu vaut mieux qu’une dĂ©votion qui Ă©veille la fiertĂ© et l’orgueil."

    ChĂšres lectrices, chers lecteurs, s’il n'y avait que cette sagesse dans les recueils d’Ibn Ata Ilah Alsakandari elle aurait suffi pour illuminer les cƓurs. En effet, nombreux sont ceux qui se laissent emporter par leurs actes de dĂ©votion au point de minimiser ceux qui pĂšchent oubliant que le bien et le mal sont des formes d'Ă©preuve. Allah dit dans le Coran : «Et nous vous Ă©prouvons par le bien et par le mal et c'est vers nous que vous allez retourner». Le mal peut donc ĂȘtre une Ă©preuve de la mĂȘme maniĂšre que le bien est aussi une Ă©preuve. Un pĂ©chĂ© n’est rien d’autre qu’une Ă©preuve dont il faut savoir sortir et le bien une Ă©preuve dont il faut savoir ĂȘtre digne. Le pĂ©chĂ© n'est pas une fatalitĂ© dans la mesure oĂč tous les fils d'Adam sont des pĂ©cheurs. De plus le bien que nous faisons ne garantie pas la misĂ©ricorde d'Allah car il reste Ă  savoir si Il l'a acceptĂ©. C’est pourquoi Ibn Ata Ilah Alsakandari dit qu’un pĂ©chĂ© qui suscite humilitĂ© et retour vers Dieu vaut mieux qu’une dĂ©votion qui suscite la fiertĂ© l'orgueil.

    Allah ne nous a ordonnĂ© le bien que pour qu’il rĂ©veille en nous l'humilitĂ© et le retour Ă  Dieu et nous a interdit le mal que pour ne pas s’égarer dans la fiertĂ© et l'orgueil. Pour rĂ©sumer si les actes de bien appellent vers le mal, alors c’est du mal mĂȘme si en apparence c'est du bien. A contrario tout ce qui conduit vers le bien est bien mĂȘme si il peut prendre une apparence d’un mal.

    A propos de l’auteur Ibn Ata-Allah, Ibn Ata-Allah est sans doute l’un des maĂźtres spirituels les plus populaires et dont les Ă©crits sont les plus lus dans le monde musulman. Ibn Ata-Allah Al Sakandari a vĂ©cu au 13Ăšme siĂšcle en Haute Egypte, plus particuliĂšrement dans la rĂ©gion d’Alexandrie. Ibn Ata-Allah a fait ses preuves dans le monde spirituel et a compris que le plus important dans la vie du croyant ce n’est point la connaissance des sources mais plutĂŽt la comprĂ©hension et l’approche que l’on peut avoir des sources.

  26. "Le mieux que tu puisses Lui demander c’est de parvenir Ă  faire ce qu’Il t’a demandĂ©."

    VoilĂ  une sagesse claire, prĂ©cise, qui n'a pas besoin d’un gros effort de rĂ©flexion pour ĂȘtre bien comprise. Ibn Ata Ilah Alsakandari a le mĂ©rite de poser les bonnes questions et d’y apporter les bonnes rĂ©ponses.

    L’Homme ne peut pas vivre en paix sans aspiration et le croyant ne peut survivre sans s’en remettre Ă  son Seigneur en quĂȘte de son soutien, d'oĂč la parole du ProphĂšte : «l'invocation est le cerveau de l'adoration» (Tirmidhi). Par ailleurs, Allah dit : «Et si ce n'Ă©tait pas grĂące Ă  vos adorations je ne me serais certes pas souciĂ© de vous» (25:77). En s’interrogeant alors sur la meilleure des invocations, on se rend compte qu’elle revient Ă  demander Ă  Allah la force de pouvoir faire tout ce qu'Il a demandĂ©. Allah dit dans un hadith Qoudsy : «Mon serviteur ne peut se rapprocher de moi par un moyen meilleur que celui d’accomplir les obligations que Je lui ai prescrites» (Bukhari).

    A propos de l’auteur Ibn Ata-Allah, Ibn Ata-Allah est sans doute l’un des maĂźtres spirituels les plus populaires et dont les Ă©crits sont les plus lus dans le monde musulman. Ibn Ata-Allah Al Sakandari a vĂ©cu au 13Ăšme siĂšcle en Haute Egypte, plus particuliĂšrement dans la rĂ©gion d’Alexandrie. Ibn Ata-Allah a fait ses preuves dans le monde spirituel et a compris que le plus important dans la vie du croyant ce n’est point la connaissance des sources mais plutĂŽt la comprĂ©hension et l’approche que l’on peut avoir des sources.

  27. "La faim est la nourriture des ascĂštes, le Zikr est celle des gnostiques."

    La notion de privation Ă  toujours eu une connotation nĂ©gative, de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, dans le conscient des hommes. Sauf chez les hommes de Dieu. Se priver des plaisirs mondains manifeste chez eux ce dĂ©tachement des dĂ©lices Ă©phĂ©mĂšres au profit de ceux essentiels et perpĂ©tuels. La faim en est l’exemple le plus probant. Ne pas manger de la journĂ©e est une chose inconcevable chez beaucoup. Pourtant, les ascĂštes en ont fait leur repas. Alors que manger Ă  pour effet de fortifier l’Homme corporellement, la faim, elle, fortifie l’ascĂšte de maniĂšre spirituelle. Ainsi vivait le prophĂšte, paix et salut sur lui. Un jour, sa fille, la noble Fatima apporta au ProphĂšte un petit morceau de pain. Il lui demanda : « Qu'as-tu lĂ , Fatima ? - C'est une tranche de pain; je n'ai pu m'empĂȘcher de te l’apporter. Il lui confia : c'est la premiĂšre chose que je mange depuis trois jours ». Nourrir son Ăąme, est aussi la caractĂ©ristique des hommes inspirĂ©s. Ils ressentent la faim spirituelle beaucoup plus que celle de l’estomac. Le rappel de Dieu, le Zikr, est pour eux un Ă©lĂ©ment plus crucial, il est vital. Une tradition prophĂ©tique ne dit pas t elle : «l’exemple de celui qui s’adonne au rappel de Dieu et celui qui s’en abstient, sont comparables au vivant et au mort» ?

    A propos de l’auteur Abu Muhammad Abdallah ibn Muhammad Al Kharaz est un maĂźtre spirituel du quatriĂšme siĂšcle hĂ©girien. Originaire de la ville de Rayy, Al Kharaz rĂ©sidait Ă  La Mecque oĂč il consacra ses Ă©tudes en compagnie d’Abu Hafs al-Haddad et Abu Imran al Kabir. Il rendit l’ñme avant l'annĂ©e 923 (310h).

  28. "La guĂ©rison du cƓur rĂ©side en cinq Ă©lĂ©ments."

    Cinq Ă©lĂ©ments selon Ibrahim ibn Ahmad Al Khuwass ont comme effet de guĂ©rir le cƓur. Les mĂ©dicaments spirituels prescrits par Al Khuwass sont les suivants :

    Le premier est «la rĂ©citation du coran avec mĂ©ditation», d’oĂč le verset coranique : «Ô gens ! Une exhortation vous est venue, de votre Seigneur, une guĂ©rison de ce qui est dans les poitrines, un guide et une misĂ©ricorde pour les croyants».

    Le second est se «priver de manger» conformĂ©ment au hadith prophĂ©tique : «Ne tuez pas les cƓurs par la nourriture et la boisson, car le cƓur ressemble aux cultures que l’excĂšs d’eau tue.»

    Le troisiÚme est la «priÚre nocturne», celle-ci a en effet un impact profond chez le croyant, comme le stipule le coran: «La priÚre pendant la nuit est plus efficace et plus propice pour la récitation.»

    Le quatriĂšme est «la supplication avant l’aube» ; Dieu Le TrĂšs Haut en parlant des hommes du paradis dit : «Ils ne dormaient que trĂšs peu la nuit et Ă  la fin de la nuit ils demandaient le pardon».

    Enfin, le cinquiĂšme consiste Ă  «frĂ©quenter l’assemblĂ©e des pieux.» Luqman le Sage disait Ă  son fils : «Attaches-toi Ă  frĂ©quenter les cercles des savants. Ecoute la parole des sages, car Dieu, qu'Il soit exaltĂ©, revifie le coeur mort par la lumiĂšre de la sagesse, comme Il fait revivre la terre par les averses.»

    A propos de l’auteur Abu Ishaq Ibrahim ibn Ahmad Al Khuwass fut un Ă©minent thĂ©ologien et maĂźtre spirituel du troisiĂšme siĂšcle de l’hĂ©gire. Proche de l’imam Junayd et de Abul Husseyn Al Noury, Ibrahim Al Khuwass rendit l’ñme Ă  Ray en 904 (291h).

  29. "Les passions sont les rĂȘnes du Diable, celui qui se laisse guider par elles, devient son esclave."

    Lorsque l’Homme se laisse guider par ses passions, il n’est plus maĂźtre de lui mĂȘme. Il subit alors l’influence du diable qui le dirige vers les dĂ©lices de ce bas monde. Sa passion devient sa seule prĂ©occupation ; elle prend une place centrale dans sa vie qu’il va organiser autour d’elle.

    Tant que sa raison de prendra pas le dessus sur ses dĂ©sirs, sur son cĂŽtĂ© animal, il vivra aveuglĂ© par la vie. Dans le coran, Dieu dit en ce sens : «N'as-tu pas vu celui qui prend sa passion pour divinitĂ©, et qu'Allah a Ă©garĂ© avec science et dont il a scellĂ© l'ouĂŻe et le cƓur et a mis un voile sur la vue. Qui pourra le guider aprĂšs Allah ? Ne vous rappellerez-vous donc pas ?». La passion est considĂ©rĂ©e comme une divinitĂ© car la place qu’elle occupe dans le cƓur de l’homme le pousse Ă  la servir aussi ardemment qu’un croyant pourrait adorer son Seigneur. Il est au service de ses dĂ©sirs autant qu’un croyant se dĂ©vouerait Ă  son CrĂ©ateur. Parce que «le Paradis est entourĂ© de dĂ©sagrĂ©ments et l'enfer de passions», l’homme doit faire un rĂ©el effort sur son Ăąme pour briser les chaĂźnes de l’esclavage dominĂ©e par ses passions.

    A propos de l’auteur Abu Bakr Muhammad ibn Ali al Kattani fut un grand thĂ©ologien du quatriĂšme siĂšcle hĂ©girien. Originaire de Bagdad, il fut un maĂźtre spirituel ayant cĂŽtoyĂ© Al Junayd, Al Kharraz ou encore Al Khuwass. Il s’installa Ă  La Mecque pour se consacrer totalement Ă  la dĂ©votion de son Seigneur et sera nommĂ© par ses pairs « La LumiĂšre de La Mecque ». Il dĂ©cĂ©da dans la ville sainte en 934 (322h).

  30. "Ne goĂ»tera pas au plaisir de l’au delĂ  celui qui aime se faire connaĂźtre des hommes.."

    La sincĂ©ritĂ© est la base de l’adoration. Cette derniĂšre ne serait ĂȘtre authentique que si elle est pratiquĂ©e exclusivement pour L’Unique. Ainsi, la satisfaction que l’Homme doit perpĂ©tuellement chercher dans tous ses faits et gestes est celle qui lui permettra d’accĂ©der Ă  la dĂ©livrance de son Ăąme ; la satisfaction divine. Il en sera ainsi doublement rĂ©compensĂ©. Non seulement ses actions seront acceptĂ©es mais son Ăąme s’élĂšvera aussi en degrĂ©.

    A l’opposĂ©, celui dont sa seule prĂ©occupation est d’attirer vers lui les regards humains s’expose non seulement Ă  leurs jugements, critiques, compliments aussi, mais plus important que tout, il a mis de cĂŽtĂ© Celui qui lui a donnĂ© vie. Un savant disait : «O Seigneur, j’aurais aimĂ© qu’entre Toi et moi nos relations soient soudĂ©es, et qu’entre les hommes et moi tout nous sĂ©pare. Si Ton Amour pour moi est avĂ©rĂ©, plus rien ne m’importe car tout ce qui se trouve sur terre deviendra poussiĂšre». Chercher la reconnaissance des hommes est donc une perte de temps car leurs avis sont alĂ©atoires et ne manifestent pas l’amour de Dieu pour toi.

    Au contraire, aimer se faire connaĂźtre des hommes est une marque de faiblesse. Ainsi le prophĂšte, paix et salut sur lui dit : «Tout Serviteur qui agit ici-bas en vue de se faire une rĂ©putation ou d’ĂȘtre pris en vedette verra Allah dĂ©voiler ses batteries devant toutes les crĂ©atures le Jour de la RĂ©surrection.»

    A propos de l’auteur Abu Nasr Bichr ibn Al Harith Al Hafi est un cĂ©lĂšbre thĂ©ologien, traditionnaliste et maĂźtre spirituel musulman du troisiĂšme siĂšcle hĂ©girien. Il naquit Ă  Bagdad en 770 (152h) et cĂŽtoie d’éminents savants tels que l’imam Malik, Fudayl ibn Iyaad ou encore Ibn Mubarak. Il rendit l’ñme en 841 (227h) dans sa ville natale, Bagdad.

  31. "Le jeĂ»ne est de trois dimensions ; celui de l’ñme, de la raison et de l’égo"

    Le maĂźtre Muzfar Al Qarmasini aborde dans cette sagesse la rĂ©alitĂ© du jeĂ»ne dans toute sa profondeur. Il dit donc : «Le jeĂ»ne est de trois dimensions ; celui de l’ñme consiste Ă  diminuer l’espoir, celui de la raison Ă  contredire les passions et celui de l’égo Ă  s’abstenir des pĂ©chĂ©s et de la nourriture».

    Dans la spiritualitĂ©, il existe trois degrĂ©s d’adoration. Il y a celui du corps, de la raison et de l’ñme. La validation d’une action se fait par le physique. Ainsi quiconque s’abstiendra de manger et de boire durant la journĂ©e verra son jeĂ»ne validĂ©. Le second palier consiste Ă  faire accepter son acte, et lĂ , la raison est de rigueur. Toute personne qui aura laisser ses passions prendre le dessus sur sa raison se verra priver d’acceptation. ConformĂ©ment Ă  la tradition prophĂ©tique : «Celui qui ne s’abstient de mentir et d’agir en consĂ©quence, Allah n’a que faire de son renoncement Ă  la nourriture». Il en est de mĂȘme pour la priĂšre, comme le dit le hadith : «l’homme ne sera rĂ©compensĂ© de sa priĂšre que les moments de concentration». Enfin le troisiĂšme degrĂ© consiste a ne plus considĂ©rĂ© l’adoration comme un rituel qui nous incombe mais un moment de bonheur. Le prĂ©sent est savourĂ© Ă  chaque instant. Le maĂźtre conclut alors en nous dĂ©finissant le jeĂ»ne de l’ñme : rĂ©duire l’espoir. Le croyant Ɠuvrera alors au jour le jour, fermant ainsi la porte aux ruses sataniques, citĂ©es dans le verset : «Satan leur fait des promesses et leur donne de faux espoirs. Et le Diable ne leur fait que des promesses trompeuses.»

    A propos de l’auteur Le maĂźtre Muzfar Al Qarmasini fait partie des Ă©minents savants musulmans du quatriĂšme siĂšcle de l’hĂ©gire. CĂ©lĂšbre pour ses sagesses spirituelles, il fut l’un des compagnons d’Abdallah Al Kharraz.

Hedi Majdoub

2 years ago

Pratique de l'Islam

Rappels pour le Ramadan

  1. Les rÚgles du jeûne

    Le mot ramadan en arabe signifie la chaleur intense, on l’appelle ainsi car c'est le neuviĂšme mois lunaire qui jadis coĂŻncidait avec les pĂ©riodes de grande chaleur. Quant au mot al syam, c'est-Ă -dire le jeĂ»ne, il dĂ©signe littĂ©ralement l'abstinence.

    La durée du jeûne. Son temps débute dÚs l'heure de la priÚre de l'aube jusqu'au coucher effectif du soleil. Allah dit: «Et mangez et buvez jusqu'à ce qu'il vous soit clair la blancheur de la noirceur du matin puis complétez votre jeûne jusqu'à la nuit».s.2, v.187

    Ce qui n'annule pas le jeûne. On peut citer les exemples suivants : une visite chez le gynécologue pour pratiquer un frotti vaginal, le don de sang, les vaccinations, les perfusions, embrasser son épouse (sans pour autant aller trop loin), avoir une érection ou une éjaculation à condition qu'elles n'aient pas été provoquées, se mettre du parfum, se brosser les dents, mettre du gel


    Ce qui annule la rĂ©compense. En voici quelques exemples : commettre de la mĂ©disance, calomnier, ĂȘtre grossier, ne pas faire ses priĂšres
 En bref, tout acte considĂ©rĂ© comme illicite. Comme le dit le ProphĂšte : «Celui qui ne s'abstient pas des grossiĂšretĂ©s dans ses paroles et actes, qu'il sache qu'Allah n'a pas besoin de son abstinence face Ă  la nourriture et Ă  la boisson» (Bukhari).

  2. PriĂšre de tarawih

    Signification de tarawih Le terme tarawih est le pluriel de tarwiha, qui signifie littĂ©ralement des moments de pause et de repos. La priĂšre de tarawih, dans plusieurs ahadiths, le ProphĂšte (saw) recommande aux croyants de consacrer une partie de la nuit Ă  prier au mĂȘme titre qu’ils ont jeĂ»nĂ© durant la journĂ©e. Il dit : «Celui qui jeĂ»ne les journĂ©es de ramadan par conviction et par recherche de l'agrĂ©ment d’Allah verra tous ses pĂ©chĂ©s absous» (Bukhari) et: «Celui qui prie les nuits de ramadan avec conviction et par recherche de l'agrĂ©ment d'Allah verra tous ses pĂ©chĂ©s absous» (Bukhari).

    A quelle heure la prier ? En rĂ©alitĂ©, le croyant dispose du temps entre la priĂšre de la nuit (isha) et celle de l'aube (fadjr) pour prier tarawih. Cependant, il est plus souhaitable de l’accomplir aussitĂŽt aprĂšs la priĂšre de la nuit.

    Le nombre d'unitĂ© (rakaat). En rĂšgle gĂ©nĂ©rale, chacun peut prier le nombre d'unitĂ© qu'il lui convient de deux unitĂ©s Ă  autant que possible. Tout en sachant que le ProphĂšte avait pour habitude de prier entre onze et treize unitĂ©s en comptant l'impair (witr), comme il est rapportĂ© dans Bukhari et Muslim. Mais sous le rĂšgne du deuxiĂšme calife, notre maĂźtre Omar, l'avait fixĂ© Ă  vingt trois unitĂ©s de priĂšre en incluant l'impair et aucun compagnon de l’époque n’ont Ă©mis d’opposition. En conclusion, le choix nous appartient en fonction de ce qui nous convient : «ƒuvrez selon vos capacitĂ©s car votre Seigneur se lassera de vous que si vous vous lassez de Lui» (Bukhari).

    En groupe ou seul ? On peut prier tarawih seul ou en groupe tout en sachant que la priÚre en groupe à vingt sept fois plus de récompenses que celle faite individuellement.

    A la maison ou à la mosquée ? En rÚgle générale, les meilleures priÚres obligatoires sont celles que l'on fait à la mosquée et les meilleures priÚres surérogatoires sont celles accomplies à la maison. Comme le dit le ProphÚte : «Ne laissez pas vos demeures telles des tombes, illuminez-les par des priÚres surérogatoires» (Ahmad)

    La lecture du coran Il est souhaitable de clĂŽturer au minimum une fois le coran durant les priĂšres du mois de ramadan mĂȘme deux fois selon l'Ă©cole Hanafite. Ceci, bien Ă©videmment pour ceux qui ont mĂ©morisĂ© le coran.

  3. Le début et la clÎture

    Le petit-dĂ©jeuner de l'aube (souhour) Le ProphĂšte insistait auprĂšs de ses compagnons afin qu’ils se restaurent le matin avant de dĂ©buter le jeĂ»ne, il disait Ă  ce sujet : «Mangez Ă  l'aube car il y’a en ce repas une bĂ©nĂ©diction divine» (Bukhari). D'autre part, ce petit-dĂ©jeuner n'est pas un exercice de gavage ! Gare Ă  vous de ne pas ĂȘtre comme ceux dont Allah Ă  dit: «Ils mangent et jouissent tels des animaux» s.47, v.12.

    L'heure de ce repas de l'aube Comme il est rapportĂ© dans plusieurs ahadiths, il est souhaitable de finir de manger une trentaine de minute avant l'appel Ă  la priĂšre de fajr. Cette attitude nous permet de prendre le temps de digĂ©rer et de se prĂ©parer Ă  la priĂšre en toute sĂ©rĂ©nitĂ©. NĂ©anmoins, sachez Ă  titre informatif, qu’il est permis de continuer Ă  manger et boire jusqu'Ă  l'heure de l'appel Ă  la priĂšre. N.B. : Dans le cas oĂč on est en train de manger et qu'on entend l'appel Ă  la priĂšre, le ProphĂšte nous recommande de finir ce qui se trouve devant nous. PrĂ©cisons, toutefois qu’il ne faut pas abuser de cette facilitĂ©, car en rĂ©alitĂ© on ne dispose que de trĂšs peu de minutes pour finir de manger.

    La rupture du jeune (iftar) En ce qui concerne la rupture du jeĂ»ne, elle doit avoir lieu dĂšs qu'il est l'heure de l'appel Ă  la priĂšre du crĂ©puscule. Il est fortement dĂ©conseillĂ© de la retarder, comme font certains, en signe de bravoure alors que ce n’est absolument pas le cas. Quant au muezzin, il se doit de rompre son jeĂ»ne avant d'appeler Ă  la priĂšre.

    Il est aussi recommandĂ© de rompre le jeĂ»ne avec des dattes ou par dĂ©faut de l'eau. Puis vient l’heure de l’accomplissement de la priĂšre du crĂ©puscule avant de s'adonner aux dĂ©lices de la nourriture, tout en ayant Ă  l’esprit la belle parole de notre bien-aimĂ©, le ProphĂšte: «Le fils ne peut remplir un rĂ©cipient pire que son ventre, quelques bouchĂ©es doivent lui suffire afin de se fortifier et s'il est obligĂ© de manger, qu'il consacre alors un tiers Ă  la nourriture, un tiers Ă  la boisson et un tiers Ă  sa respiration» (Tirmidhi).

  4. Les facilités du jeûne

    On dĂ©nombre Ă  de nombreuses reprises ce type de verset : «Allah veut certes pour vous la facilitĂ© et non pas la difficulté» s.2, v.185 «point de contrainte dans la religion» s.2, v.257, ou encore «il n'a pas mis pour vous de gĂȘne dans la religion» s.22, v.78, En effet, Allah dit : «Ô vous qui avez cru, il vous a Ă©tĂ© prescrit (le jeĂ»ne) comme il a Ă©tĂ© prescrit Ă  ceux qui vous ont prĂ©cĂ©dĂ©s afin que vous soyez pieux. Des jours limitĂ©s. Ceux parmi vous qui sont malades ou en voyage, ils le rattraperont en d'autres jours, quant Ă  ceux qui ont du mal, ils peuvent Ă  la place donner de la nourriture aux pauvres» s.2, v.183/184. L’étude de ce verset laisse apparaĂźtre sept moyens de facilitĂ© et de flexibilitĂ© dĂ©taillĂ©s ci-dessous :

    « O vous qui avez cru
 » Cette formule dĂ©montre que le musulman ne peut ĂȘtre celui qui Ă©prouve des difficultĂ©s dans l’accomplissement du jeĂ»ne. Sa foi lui permet d’ĂȘtre armĂ© contre toutes dĂ©faillances.

    « [...] A ceux qui vous ont prĂ©cĂ©dĂ©s » Allah dit : «Le jeĂ»ne vous a Ă©tĂ© prescrit comme il l’a Ă©tĂ© pour ceux qui vous ont prĂ©cĂ©dĂ©s», autrement dit il n'y a rien d'extraordinaire puisque les autres communautĂ©s ont-elles-mĂȘme pratiquĂ© le jeĂ»ne. L'islam n’est donc pas une exception en la matiĂšre.

    « Afin que vous soyez pieux » Cette conclusion rĂ©vĂšle le but. Chacun sait que l’efficacitĂ© d'un mĂ©dicament ne peut ĂȘtre jugĂ©e selon l'amertume de son goĂ»t. En comparaison, la pĂ©nibilitĂ© du jeĂ»ne ne fait pas le poids face au but suprĂȘme : la piĂ©tĂ©.

    « Des jours limitĂ©s » Rappelons que le jeĂ»ne n’a lieu que trente jours sur trois cent soixante-cinq que compte l’annĂ©e. En outre, il s’agit uniquement de la journĂ©e et non pas de la nuit. On ne peut donc pas parler rĂ©ellement de contrainte.

    « Les malades et les voyageurs » Les malades, atteints d'une maladie qui empĂȘche le jeĂ»ne ou ceux qui sont soumis Ă  un traitement mĂ©dicamenteux, en sont exemptĂ©s. De mĂȘme en ce qui concerne les voyageurs ayant parcouru une distance de plus de quatre-vingt-trois kilomĂštres, ils en sont exemptĂ©s Ă©galement et ont la possibilitĂ© de reporter les jours manquĂ©s.

    « Ceux qui le supportent difficilement » Ici, il s'agit de ceux atteints d’une maladie incurable, des femmes enceintes, de celles qui allaitent ou encore des personnes ĂągĂ©es, ils sont Ă©galement exemptĂ©s du jeĂ»ne et peuvent tout simplement Ă  la place nourrir un pauvre tous les soirs ou lui donner l'Ă©quivalent de dix euros en moyenne. Quant aux enfants impubĂšres, le jeĂ»ne ne leur est pas obligatoire.

    Précisons que certains savants considÚrent que les femmes enceintes ou qui allaitent sont tenues de rattraper le jeûne ultérieurement au lieu de verser une aumÎne.

  5. Les dégùts de la langue

    «Celui parmi vous qui croit en Allah et au jour dernier alors qu'il dise du bien ou qu'il se taise» (Bukhari) «Celui qui ne s'abstient pas des grossiĂšretĂ©s dans ses paroles et actes qu'il sache qu'Allah n’a point besoin de son abstinence dans la nourriture et la boisson» (Bukhari). «L’Homme peut dire une petite parole Ă  laquelle il n'accorde aucune considĂ©ration alors que celle-ci le rapproche de l'enfer de soixante dix coudĂ©es ». Les excĂšs de la langue se rĂ©sument en ces quelques points suivants :

    Le mensonge Le ProphÚte dit à ce propos: «abstenez-vous des mensonges car les mensonges mÚnent droit vers la perversion et la perversion mÚne droit vers la fournaise et l'Homme ne cessera de mentir jusqu'à ce qu'il soit considéré auprÚs d'Allah comme menteur» (Muslim). Dans le coran on peut également lire : «Que la malédiction d'Allah soit sur les menteurs» S.3- v.61.

    La mĂ©disance et la calomnie Le ProphĂšte dĂ©finit la mĂ©disance comme Ă©tant le fait de dire les manquements de quelqu’un en son absence. Un jour alors qu'il interdisait la mĂ©disance Ă  un homme celui-ci lui dit : «Ô messager de Dieu je n'ai fait que dire la vĂ©ritĂ© sur lui». Le prophĂšte lui dit : «C'est cela la mĂ©disance et si ce que tu as dit sur lui n'Ă©tait pas la vĂ©ritĂ© alors ça aurait Ă©tĂ© de la calomnie» (Muslim). Le coran nous enseigne aussi : «Et que les uns ne mĂ©disent pas sur les autres, l'un d'entre vous aimerait-il manger la chair de son frĂšre mort? Vous le dĂ©testeriez» S.49-v.12.

    ChĂšres lectrices, chers lecteurs, le croyant comme le dit le ProphĂšte est : «celui qui ne nuit pas aux autres ni par sa langue ni par sa main» (Bukhari). Les dĂ©gĂąts des mots sont parfois lĂ  oĂč on ne les imagine pas, le ProphĂšte dit : «Il suffit pour ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un menteur de rĂ©pĂ©ter tout ce qu'on entend» (Muslim). Profitons alors de ce mois bĂ©ni afin d'Ă©duquer nos langues pour faire partie de ceux dont Allah a vantĂ© les mĂ©rites en disant : «Ils ont Ă©tĂ© guidĂ©s vers la puretĂ© dans les paroles et ont Ă©tĂ© guidĂ©s vers un chemin droit» S.22-v.24.

  6. Le mois de miséricorde

    «Le premier tiers du mois de ramadan est miséricorde» (Bayhaqi).

    La misĂ©ricorde est une notion Ă  laquelle l'islam accorde beaucoup d'importance. D’ailleurs, le premier verset coranique dĂ©bute ainsi: «Au nom d'Allah le tout misĂ©ricordieux le trĂšs misĂ©ricordieux». En effet, Allah dit en s’adressant au ProphĂšte: «Nous ne t'avons envoyĂ© que pour que tu sois une misĂ©ricorde pour l'humanité» S.21-v.107 et le ProphĂšte, quant Ă  lui, disait en approuvant ce verset: «Je suis le don de misĂ©ricorde fait Ă  l'humanité» (Hakim). De plus, il est de tradition chez les oulĂ©mas d’enseigner en premier Ă  leurs Ă©lĂšves (dans la science de hadith) la sage parole prophĂ©tique suivante: «Le misĂ©ricordieux leur fera don de misĂ©ricorde ; soyez misĂ©ricordieux envers ceux de la terre et celui au-dessus du ciel vous fera misĂ©ricorde» (Tirmidhi). Ce qui nous Ă©voque un rĂ©cit dans lequel un homme voyant le ProphĂšte jouer et embrasser ses petits-enfants lui dit : «Ô Messager de Dieu j'ai une dizaine d'enfants et ils n'osent pas jouer avec moi de cette sorte». Le ProphĂšte lui rĂ©plique alors sans attendre : «Je ne peux rien pour toi si ton cƓur a Ă©tĂ© dĂ©nuĂ© de toute misĂ©ricorde» (Muslim).

  7. Stage de piété

    «Ô vous qui avait cru le jeĂ»ne vous a Ă©tĂ© prescrit comme il a Ă©tĂ© prescrit Ă  ceux qui vous ont prĂ©cĂ©dĂ© afin que vous puissiez ĂȘtre pieux» S.2-v.183.

    Nous vous proposons donc de tenter de saisir le sens et la portĂ©e du mot taqoua. Ce terme dĂ©signe littĂ©ralement le fait de se prĂ©munir contre un mal. La piĂ©tĂ© ouvre la porte Ă  tous biens, par exemple, Allah dit Ă  ceux qui sont Ă  la recherche du savoir et de la comprĂ©hension : «Soyez pieux et Allah vous enseignera» S.2-v.282, Ă  ceux qui sont Ă  la recherche de la bĂ©nĂ©diction et de l'abondance : «Et si les gens du livre avaient cru en leur Seigneur et avaient Ă©tĂ© pieux nous leurs aurions certes ouvert les bĂ©nĂ©dictions du ciel et de la terre» S.7-v.96. Dans un autre verset, Allah dĂ©montre que la piĂ©tĂ© est la voie possible vers le repentir et la rĂ©demption, Il dit : «Et si les habitants des citĂ©s avaient cru et avaient Ă©tĂ© pieux nous leurs aurions pardonnĂ© leurs mĂ©faits» S.5-v.65. ChĂšres lectrices, chers lecteurs la piĂ©tĂ© mĂšne vers l'acceptation, l'amour d'Allah et la bonne fin. Allah dit : «Allah n'accepte que l'Ɠuvre des pieux» S.5-v.27. Il dit aussi : «[
] ses alliĂ©s ne sont autres que des pieux» S.8-v.34 et : «[
] La bonne fin appartient aux pieux» S.28-v.83. Pour mieux comprendre les piliers de la piĂ©tĂ© en islam, nous vous proposons de nous en rĂ©fĂ©rer Ă  notre maĂźtre, l'imam Ali, lorsqu'il dit : «la piĂ©tĂ© c'est l'exercice de quatre choses : la crainte d'Allah, la mise en pratique des enseignements du coran, se contenter de ce qui nous est attribuĂ© et se prĂ©parer au retour vers Dieu».

  8. L'ouverture du paradis

    «Lorsque le ramadan dĂ©bute, les portes du paradis sont ouvertes celles de l'enfer fermĂ©es, les diables enchainĂ©s et l'on s'adresse Ă  l'humanitĂ© : «Ô toi qui cherches le bien approche-toi et ĂŽ toi qui cherches le mal abstiens-toi» (Tirmidhi).On distingue que quatre phrases tĂ©moignant de faveurs particuliĂšres se dĂ©gagent de cette parole prophĂ©tique. Tout d’abord, il est question d’ouverture des portes de paradis ce qui tĂ©moigne de l'Ă©tendue de la misĂ©ricorde de notre Seigneur, qui facilite l'accĂšs Ă  la demeure de sa gratitude le paradis.

    Effectivement toute bonne action est davantage rĂ©tribuĂ©e et ceci quelque soit son ampleur : «Allah ne commet aucune injustice et lorsque l'on Ɠuvre en bien, Il le multiplie et accorde une Ă©norme rĂ©compense» S.4-v.40. Ensuite il est fait mention de la clĂŽture des portes de l'enfer ce qui dĂ©note d'une part la volontĂ© de notre Seigneur de pardonner Ă  ses serviteurs tous les pĂ©chĂ©s commis, qui, en temps normal, conduisent Ă  la demeure de sa colĂšre : l'enfer. D’autre part, la fermeture indique que tous les habitants des tombes sont graciĂ©s momentanĂ©ment durant ce mois bĂ©ni. Enfin, le ProphĂšte nous apprend que les diables sont enchainĂ©s durant ce mois.

  9. Ils ont aussi jeûné

    «Ô vous qui avez cru, le jeĂ»ne vous a Ă©tĂ© prescrit comme il a Ă©tĂ© prescrit Ă  ceux qui vous ont prĂ©cĂ©dĂ©s» S.2-v.183.

    Ce noble verset fait rĂ©fĂ©rence ici aux communautĂ©s antĂ©rieures qui ont connu le jeĂ»ne, il s’agit de communautĂ©s monothĂ©istes datant du prophĂšte Adam jusqu’au prophĂšte Mohamed.

    Ceci Ă©tant dit, des sources authentiques affirment que certaines communautĂ©s polythĂ©istes ont connu le jeĂ»ne. Effectivement, les imams Bukhari et Muslim rapportent selon notre mĂšre Aicha que le jour de Achoura est un jour que la tribu Quraich jeĂ»nait avant l’arrivĂ©e de l’islam.

    Le dit le ProphĂšte (saw) : «Si ma communautĂ© connaissait les bienfaits que renferme Ramadan alors elle aurait souhaitĂ© que tous les jours de l’annĂ©e soient pour elle tel Ramadan» (Bayhaqi)

  10. Les formes de jeûne

    «Comme nous l’avons prescrit Ă  ceux qui vous ont prĂ©cĂ©dĂ©s» S.2-v.183.

    MĂȘme si les communautĂ©s antĂ©rieures ont jeĂ»nĂ©, elles ne le faisaient pas toutes de la mĂȘme maniĂšre. En effet, chacune d’elles possĂšde une particularitĂ© dans son jeĂ»ne comme Allah l’explique dans le coran : «A chaque communautĂ© nous avons attribuĂ© un culte auquel elle s’adonne». Dans un autre verset, Il dit : «A chacun nous avons dĂ©signĂ© un culte et une voie» S.5-v.48. AprĂšs l’étude des diffĂ©rentes sources sur le sujet, nous pouvons affirmer l’existence de quatre formes diffĂ©rentes de jeĂ»ne

    1. Le jeĂ»ne de la langue : cette forme de jeĂ»ne consiste, pour le croyant, Ă  s’abstenir totalement de parler, mĂȘme en cas d’urgence, comme il est dit dans le coran lors du passage oĂč Allah s’adresse Ă  la sainte Marie : «Dis j’ai fait vƓux de jeĂ»ne pour mon Seigneur donc je ne parlerai point aujourd’hui Ă  un Homme» S.19-v.26.

    2. Le jeĂ»ne du regard : il s’agit, ici, pour celui qui a jeĂ»nĂ© de s’isoler et de ne point se mĂȘler au monde extĂ©rieur, on parle alors de retraite spirituelle. Cette forme de jeĂ»ne Ă©tait pratiquĂ©e auparavant chez certaines communautĂ©s Ă©vangĂ©liques.

    3. Le jeĂ»ne de l’esprit, c'est-Ă -dire se refuser le sommeil afin de rester Ă©veillĂ© pendant une durĂ©e dĂ©terminĂ©e consacrĂ©e Ă  l’adoration.

    4. Le jeĂ»ne du ventre et du sexe, c’est le jeĂ»ne que l’on retrouve aujourd’hui chez les musulmans.

  11. Le mois du coran

    «Le mois de Ramadan est celui dans lequel le coran fut révélé comme guidé pour les Hommes» S.2-v.184.

    Ce verset a fait du Ramadan le mois du coran Ă  cause de sa rĂ©vĂ©lation. Par ailleurs, en rĂ©alitĂ© tous les autres livres divins ont Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ©s lors de ce mĂȘme mois comme le rapporte Ibn Kathir selon Waila Ben Asqaa de la bouche mĂȘme du ProphĂšte: «Les feuillets d’Abraham ont Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ©s la premiĂšre nuit du Ramadan, la torah six jours avant la fin du Ramadan, l’évangile treize jours avant la fin du Ramadan». Le coran, comme les autres livres, ne fait pas figure d’exception. Il fut rĂ©vĂ©lĂ© lors de la nuit dite du destin comme l’affirme Allah lorsqu’Il dit : «Nous l’avons certes rĂ©vĂ©lĂ© lors de la nuit du destin» S.97-v.1. Il dit aussi : «Nous l’avons certes rĂ©vĂ©lĂ© en une nuit bĂ©nie» S.44-v.3,

    En effet, la premiĂšre obligation que le musulman a vis-Ă -vis du coran, c’est d’en mĂ©moriser ne serait-ce que quelques parties, comme le dit le ProphĂšte : «Apprenez-le coran et lisez-le car le jour dernier il intercĂšdera en faveur de ceux qui s’y adonnaient» Muslim. Quant Ă  ceux qui ont mĂ©morisĂ© la totalitĂ© du coran, le ProphĂšte dit Ă  leur sujet : «les personnes les plus nobles de ma communautĂ© sont ceux qui ont mĂ©morisĂ© le coran» Bayhaqi. Il dit aussi : «Le meilleur d’entre vous est celui qui a appris le coran et qui l’a enseigné» Bukhari.

    Puis nous devons profiter de ce mois pour le rĂ©viser et l’étudier car le ProphĂšte dit : «L’archange Jibril me faisait rĂ©viser le coran une fois tous les Ramadans sauf cette annĂ©e oĂč il me l’a fait rĂ©viser Ă  deux reprises et je me suis dit c’est donc signe de l’approche de mon retour Ă  Dieu» Bukhari.

    Il est plus juste d’apprendre le verset et ensuite d’en Ă©tudier le sens comme le dit Allah : «Lorsque nous le rĂ©citons, suit la rĂ©citation puis c’est Ă  nous de te l’expliquer» S.75-v.18/19. Sans oublier Ă©videmment la bonne mise en application des enseignements du coran Ă  l’instar du ProphĂšte dont notre mĂšre Aicha disait : «Il avait la moralitĂ© du coran» Muslim.

  12. Le mois de la générosité

    Le ProphĂšte avait pour habitude de dire : «La charitĂ© n’a jamais diminuĂ© l’argent.». Il disait aussi : «Celui qui rĂ©sout le besoin d’un de ses frĂšres, qu’il sache qu’Allah rĂ©soudra tous ses besoins de l’au-delĂ , celui qui dissipe les soucis d’un croyant, Allah dissipera tous ses soucis de l’au-delĂ . Allah viendra en aide au serviteur tant que ce dernier vient en aide Ă  son frĂšre».

    ChĂšres lectrices, chers lecteurs, contrairement Ă  ce que certains pensent ou affirment, quand on fait allusion Ă  la charitĂ© ou Ă  la gĂ©nĂ©rositĂ© cela n’induit pas la privation ou le refus du luxe sous-prĂ©texte qu’on compte sur terre des misĂ©rables. Certainement pas, la preuve en est: «Allah a mis les uns au-dessus des autres par rapport Ă  la subsistance, ceux qui sont plus riches ne sont nullement tenus de rendre leurs biens Ă  leurs servants afin d’ĂȘtre homogĂšnes», «C’est nous qui avons divisĂ© ainsi leur subsistance dans ce bas monde et avons Ă©levĂ© les uns au-dessus d’autres afin que certains puissent dĂ©pendre d’autres».

    «Tout ce que vous dĂ©pensez en bien c’est Lui qui le double pour vous».

    ChĂšres lectrices, chers lecteurs, nous ne pouvons pas nous quitter sans Ă©voquer un fait marquant que le cousin du ProphĂšte Ibn Abbas a vĂ©cu alors qu’il Ă©tait dans la mosquĂ©e du ProphĂšte en retraite spirituelle (I’tikaf). Il vit un homme soucieux et lorsqu’il lui parla et apprit quel Ă©tait son souci, alors il mit fin Ă  sa retraite et sortit accompagner l’homme pour l’aider Ă  rĂ©soudre son problĂšme. Celui-ci lui dit : «Ô cousin du Messager d’Allah, ne met pas fin Ă  cause de moi Ă  ton adoration!» et Ibn Abbas lui rĂ©pondit : «Je prĂ©fĂšre mille fois t’aider Ă  dissiper tes soucis que de me replier un mois dans la noble mosquĂ©e du Messager d’Allah car j’ai entendu ce dernier dire : le meilleur est le plus utile aux hommes et la meilleure des actions c’est une joie que tu fais pĂ©nĂ©trer dans le cƓur d’un homme».

  13. La bataille de Badr

    Le dix-sept Ramadan de l’an 624 (l’an 2 de l’HĂ©gire), notre bien aimĂ© le prophĂšte et ses compagnons s’apprĂȘtaient Ă  mener un combat historique, celui qui allait permettre aux croyants de mettre terme Ă  l’oppression des tribus qui a durĂ© tout de mĂȘme jusque-lĂ  quinze annĂ©es. Elle concĂ©da la reconnaissance de la souverainetĂ© des musulmans et leur refus de se soumettre face Ă  la volontĂ© de l’oppresseur. Mais nous, aujourd’hui, quinze siĂšcles aprĂšs, lorsque nous commĂ©morons la bataille de Badr, c’est bien Ă  l’invitation d’Allah que nous rĂ©pondons : «Et souvenez-vous lorsque vous Ă©tiez peu nombreux, affaiblis sur la terre (mecquoise) craignant que les hommes ne se saisissent de vous ; il (Allah) vous a alors accordĂ© un refuge soutenu avec la victoire de sa part et vous a gratifiĂ© de choses pures afin que vous soyez reconnaissants» s.8 v.26.

    Si cette bataille a une symbolique qui doit nous interpeller c’est bien l’endurance et la persĂ©vĂ©rance. En effet, la victoire ne peut ĂȘtre que le fruit de ces deux Ă©lĂ©ments «Si vous endurez et ĂȘtes pieux, leurs ruses ne vous nuiront en rien».

    Mais il conviendra, chers lecteurs et lectrices, de comprendre deux rĂ©alitĂ©s : la premiĂšre consiste Ă  considĂ©rer son Ă©go comme son ennemi le plus redoutable quant Ă  la deuxiĂšme, c’est de se dire donc logiquement que les ruses de l’ñme sont les plus nuisibles.

    Ce qui est lĂ  une rĂ©elle invitation Ă  la rĂ©forme morale et spirituelle qui ne peut aboutir qu’avec un long combat contre soi, et une endurance sans faille face aux multiples passions de l’ñme «Celui qui est rebelle et qui prĂ©fĂšre la vie d’ici-bas, la gĂ©henne lui sera un refuge quant Ă  celui qui redoute sa tenue devant son seigneur et qui interdit Ă  l’ñme les passions, le paradis lui sera un asile» s.79 v.37-41. Et dans un autre verset Allah dit : «Certes a rĂ©ussi celui qui l’a purifiĂ©e (l’ñme) tandis qu’a Ă©chouĂ© celui qui l’a enfoui dans la souillure» s.91 v.9-10.

  14. Et aprĂšs ramadan ?

    1. Sacraliser les pratiques obligatoires. Allah dit : «Mon serviteur ne peut se rapprocher de moi par un moyen meilleur que celui de l’accomplissement des obligations, que je lui ai prescrit» (Bukhari) il dit aussi: «Sacraliser les rituels d’Allah est signe de la piĂ©tĂ© des cƓurs» s22 v32.

    2. Faire des nawafils (les pratiques surĂ©rogatoires) Allah dit dans un hadith divin (quodsi) : «Et mon serviteur ne cessera de se rapprocher de moi par les actes surĂ©rogatoires jusqu’à ce que je l’aime. Et si je l’aime, alors je deviendrai ses mains par lesquelles il saisit, ses pieds par lesquels il marche. S’il m’implore je lui accorderai ma grĂące et s’il se rĂ©fugie auprĂšs de moi alors je le dĂ©fendrai» (Bukhari).

    3. Pourvu que ça dure et pas trop lourd ! Comme le dit le prophĂšte : «La meilleure des actions auprĂšs d’Allah est celle qui dure dans le temps mĂȘme si elle est minime» (Bukhari). «Imposez-vous dans les actes facultatifs, que ce que vous aurez la capacitĂ© d’honorer» (Bukhari)

  15. Les dix derniers jours

    Allah le trĂšs haut dit dans le noble coran : «Nous l’avons certes rĂ©vĂ©lĂ© en la nuit du destin, qui te fera savoir ce qu’est la nuit du destin ? La nuit du destin est meilleure que mille mois, les anges ainsi que l’esprit (Gabriel) y descendent par la permission de leur seigneur portant toutes sortes de commandements. Elle (la nuit) est paix jusqu’à l’apparition de l’aube» (S97 V1-5) et notre bien aimĂ© le prophĂšte avait pour habitude de rappeler que cette nuit bĂ©nite se trouve dans les nuits impaires du dernier tiers. (Bukhari)

    Comme le stipule si bien notre bien aimĂ©, le prophĂšte, lorsqu’il dit : «Son premier tiers est misĂ©ricorde, le second absolution et le dernier une protection contre l’enfer» (Bukhari). Mais il y a bien lĂ  une question qui doit prĂ©occuper chacun, Ă  savoir, comment agir pour ĂȘtre Ă  la hauteur des attentes de notre Seigneur ? En d’autres termes, comment mĂ©riter Son pardon ainsi que Sa protection? La rĂ©ponse, nous la trouvons chez la mĂšre des croyantes, Aicha, qu’Allah l’agrĂ©e, lorsqu’elle dit : «Lorsqu’arrivaient les dix derniers jours du mois de ramadan, le prophĂšte abandonnait son lit, rĂ©veillait sa famille et s’adonnait Ă  l’adoration» (Bukhari)

    Chers lectrices et lecteurs, le coran nous enseigne Ă  tous, un principe fondamental, Ă  savoir que la maniĂšre dont le croyant clĂŽture ses adorations montre son acceptation par Allah : «La bonne fin est l’exclusivitĂ© des pieux» (S7 v128)

  16. Le petit pĂšlerinage

    «L’accomplissement du petit pĂšlerinage dans le mois de ramadan Ă©quivaut Ă  la rĂ©compense d’un pĂšlerinage» (Tirmidhi)

    Cet acte rappelle Ă©galement la maniĂšre dont il se prĂ©sentera devant son seigneur le jour dernier, dĂ©muni de tout ce qui auparavant faisait sa fiertĂ© : «Vous nous ĂȘtes certes revenu seul comme nous vous avions crĂ©e auparavant» (S6 V94)

    Puis, mettant la Kaaba à sa gauche, il en fera 7 fois le tour montrant ainsi que le centre de gravité de sa vie reste sa foi et son seigneur. Il embrasse la pierre noire, comme le fit notre bien-aimée le prophÚte, avant de prier en face du maqam Ibrahim.

    A ce stade, il ne lui restera plus qu'Ă  parcourir 7 fois la distance qui sĂ©pare les 2 monts : Safa et Marwa. Une fois ce rituel accompli, le fidĂšle se coupe les cheveux et se dirige vers la source de ZAMZAM et en buvant il se souviendra certes de la parole de notre bien-aimĂ©e le prophĂšte : «toute invocation formulĂ©e au moment de boire l’eau bĂ©nite de zamzam est exaucĂ©e» (Bayhaqi)

  17. La retraite spirituelle

    Comment se dĂ©roule la I’tikaf? L'accomplissement de la retraite spirituelle pendant les 10 derniers jours du mois de ramadan nĂ©cessite le respect de certaines rĂšgles et conditions afin de ne pas en annuler la validitĂ© ou son acceptation. On peut citer :

    1. La mosquée. En effet, il doit se faire que dans une mosquée sauf pour les femmes, les personnes ùgés et ceux qui ont des contraintes. Ils pourront le faire dans leur demeure.

    2. La durée minimale. Les 4 écoles ne s'accordent pas une durée minimale qui varie selon les écoles entre quelques heures à un minimum de trois nuits avec ses journées.

    3. Les interdits. Il est fortement proscrit durant la retraite spirituelle de ne pas jeĂ»ner les journĂ©es ou de s'adonner Ă  des pratiques sexuelles la nuit, tout comme on n’a pas le droit de quitter l'enceinte de la mosquĂ©e avant d'avoir fini.

    4. Les recommandations. Il est cependant trÚs fortement conseillé de passer son temps libre dans l'accomplissement des exercices spirituels, tels la lecture coranique, le dhikr, la priÚre, la méditation et surtout ne pas discuter avec autrui qu'en cas de force majeure.

    "purifiez ma demeure (la mosquĂ©e) pour ceux qui font la Tawaf, ceux qui s'adonnent Ă  la I’tikaf (retraite spirituelle) ainsi que les inclinĂ©s et prosternĂ©s (pour la priĂšre)" S.2-v.125

  18. Les formes de prescription

    Il y a l’obligation dite prĂ©cise «al mo’ayyan» : c’est toute obligation dont la forme et les moyens d’accomplissement ont Ă©tĂ© bien prĂ©cisĂ©s par l’islam, exemple : la priĂšre.

    Celle dite non prĂ©cise «al mokhayyar» : elle concerne les obligations qui disposent de plusieurs moyens d’accomplissement. Exemple : pour rattraper un jour de jeĂ»ne que l’on n’a pas fait sans excuses, on a le choix entre trois choses : affranchir un esclave, nourrir soixante pauvres ou encore jeĂ»ner deux mois consĂ©cutifs.

    Celle dite «al motlaq» : qui dĂ©signe toute obligation dont on dispose de toute la vie pour l’accomplir comme le pĂšlerinage Ă  la Mecque.

    La dite «al Modhaiyaq» : c’est tout acte obligatoire dont l’heure nĂ©cessaire Ă  son accomplissement Ă©quivaut au temps que l’on dispose. Exemple : le jeĂ»ne du ramadan nĂ©cessite une journĂ©e entiĂšre et l’on ne peut pas disposer de plus.

    Celle dite «al mowassa’» : c’est toute obligation dont l’heure dĂ©finie pour la faire est plus vaste que le temps que peut prendre l’accomplissement de l’acte mĂȘme. Par exemple : la priĂšre de fajr, mĂȘme si elle ne prend que quelques minutes, pourtant on a jusqu’au lever du soleil pour l’accomplir.

    Celle que l’on appelle «mohadad» : c’est toute obligation dont la quantitĂ© est dĂ©finie, comme les priĂšres, le nombre de rakaat est bien dĂ©terminĂ©.

    La dite «Ghayr mohadad» : c’est toute obligation qui ne peut ĂȘtre concernĂ©e par le nombre. Par exemple, se concentrer dans la priĂšre.

    La dite personnelle «al ‘ayni» : lorsque nul ne peut s’en acquitter Ă  la place d’autrui comme la priĂšre par exemple.

    Et enfin il y a l’obligation dite collective ou «al kifa i» : c’est-Ă -dire que si les uns au sein de la communautĂ© s’en acquittent, alors, les autres en sont exemptĂ©s. Dans le cas oĂč personne ne s’en acquitte, toute la communautĂ© se retrouve fautive. Exemple : la priĂšre mortuaire.

  19. La nuit du destin

    La conformitĂ© de l’acte. En effet, pour qu’une Ɠuvre puisse ĂȘtre acceptĂ©e auprĂšs d’Allah, il faut d’abord qu’elle soit en totale conformitĂ© avec les enseignements coraniques et la tradition du prophĂšte, paix et salut sur lui. À ce sujet le coran dit : «Ont-ils des associĂ©s qui leur ont imposĂ© une pratique de la religion n’ayant pas reçu l’aval d’Allah ?» S.42-v21.

    La sincĂ©ritĂ©. La sincĂ©ritĂ© dans l’adoration signifie tout simplement la puretĂ© de la motivation et de la dĂ©marche. Le sincĂšre est celui qui n’Ɠuvre que pour la face d’Allah et afin de gagner Son agrĂ©ment. Et lĂ , il faut savoir que la sincĂ©ritĂ© intervient Ă  trois moments phares de nos pratiques : Avant, pendant et aprĂšs l’acte. Avant l’acte, il ne faut ĂȘtre motivĂ© que par Allah. Pendant l’acte, il ne faut montrer aucun signe d’ostentation. Et aprĂšs l’acte, il faut savoir se garder de les rĂ©duire Ă  zĂ©ro en les divulguant. C’est dans ce sens qu’Allah dit : «O vous qui avez crus suivez Allah, suivez le messager et n’anĂ©antissez pas vos Ɠuvres» S.47-v33. Et en ce sens, Abdullah Ibn Moubarak disait que ces deux piliers de l’acceptation sont relatĂ©s dans le verset 110 de la sourate 18 : «Que celui qui espĂšre rencontrer son seigneur fasse une bonne Ɠuvre et qu’en adorant son seigneur qu’il ne lui associe personne»

  20. La meilleure fin

    «La bonne fin est l’exclusivitĂ© des pieux». S.7-v128. Ainsi, nous espĂ©rons, par ce rappel, attirer votre attention sur certaines pratiques liĂ©es au jeĂ»ne du mois de ramadan qu’il ne faut surtout pas omettre de faire afin de ne pas se priver de la rĂ©compense rĂ©servĂ©e aux jeĂ»neurs.

    La premiĂšre de ces pratiques est ce que l’on appelle : l’aumĂŽne de la rupture ou encore zakat al fitr. Il est rapportĂ© par Bukhari et Muslim selon Abdullah ibn ‘Omar : «Le messager d’Allah a rendu obligatoire l’aumĂŽne de la rupture [
] et il a ordonnĂ© qu’elle soit sortie avant la priĂšre de la fĂȘte». Cette aumĂŽne a Ă©tĂ© instituĂ©e afin d’ĂȘtre une compensation pour tous les manquements que le fidĂšle a eu durant le mois de jeĂ»ne mais aussi, afin de marquer la solidaritĂ© vis-Ă -vis des nĂ©cessiteux. Dans ce sens Ibn ‘Abass dit : «Le messager d’Allah a instituĂ© l’aumĂŽne de la rupture comme compensation pour le jeuneur face aux manquements, c’est aussi une solidaritĂ© pour les nĂ©cessiteux. Celui qui la sort avant la priĂšre, il lui sera acceptĂ©. Quant Ă  celui qui la sort aprĂšs la priĂšre elle sera pour lui une aumĂŽne singuliĂšre comme toutes les autres».

    A titre d’information, cette zakat doit ĂȘtre sortie par le chef de famille fixĂ©e Ă  un minimum de cinq Ă  dix euros par personne vivant sous sa charge.

    Quant à la deuxiÚme recommandation pour bien finir le ramadan, il y a la récitation des glorifications instituée par la pratique de notre bien aimé le prophÚte, à la lueur du verset 203 de la sourate 2 dans lequel Allah dit : «Invoquez Allah pendant des jours bien déterminés».

    Ces glorifications doivent dĂ©butĂ©es au crĂ©puscule du dernier jour de jeune et ne s’arrĂȘteront qu’au moment oĂč l’imam montera sur le minbar pour l’accomplissement du sermon. Il y a plusieurs formules, mais la plus rĂ©pandue reste la suivante : «Allah est le plus grand, Allah est le plus grand, Allah est le plus grand. Point de divinitĂ© Ă  part Allah. Allah est le plus grand, Allah est le plus grand. Louange Ă  Allah. Allah est grand Ă  l’infini, Louange Ă  Allah Ă  l’infini et Gloire Ă  Allah Le trĂšs haut matin et soir.» Le tout, Ă  chaque fois, clĂŽturĂ© d’une priĂšre sur le prophĂšte.

  21. Le jour de fĂȘte

    Chaque communautĂ© dispose de moments de fĂȘte, de rencontre, de partage et de joie. En ce qui concerne la nĂŽtre, notre bien-aimĂ© le prophĂšte, avait pour habitude de dire : «il nous a Ă©tĂ© prescrit deux moments de fĂȘte, la fĂȘte de la rupture et celle de l’offrande». (Muslim)

    Cette prescription renferme d’innombrables sagesses et valeurs. En effet, les cƓurs se lassent facilement et deviennent alors otages de la paresse puis de l’insensibilitĂ©.

    Ainsi, l’imam Bukhari rapporte dans son recueil un hadith trĂšs rĂ©vĂ©lateur sur le sujet. Il s’agit de l’histoire d’Abou Bakr et hanzala qui se sont plaints auprĂšs de notre maĂźtre le prophĂšte en disant : «nous sommes devenus hypocrites, car lorsque nous sommes en ta compagnie, tu nous parles du paradis et de l’enfer comme si nous les voyons, et lorsqu’on te quitte, nous nous remettons Ă  jouir et Ă  jouer comme si auparavant nous n’avions rien vĂ©cu de spirituel». Et lĂ , le prophĂšte leur sourit puis dit: «il faut une heure et une heure» c'est-Ă -dire une heure pour chaque chose, la spiritualitĂ© certes mais aussi la dĂ©tente et la vie tout simplement.

Hedi Majdoub

2 years ago